Question de M. HERMENT Rémi (Meuse - UC) publiée le 09/04/1987

M.Rémi Herment attire l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l'équipement, du logement, de l'aménagement du territoire et des transports, chargé de l'environnement, sur les conséquences tardives de la catastrophe de Tchernobyl, telles qu'elles semblent pouvoir être constatées, notamment en République fédérale allemande. Il souhaiterait savoir si des anomalies génétiques particulières ont pu être décelées en France avec une fréquence plus élevée depuis ces événements et connaître les moyens que le Gouvernement a mis en place pour pouvoir éventuellement recueillir des informations à ce propos.

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Transmise au ministère : Santé et famille


Réponse du ministère : Santé et famille publiée le 16/07/1987

Réponse. -Des commentateurs allemands se sont émus récemment d'une augmentation du nombre d'enfants atteints de trisomie 21 (ou mongolisme) nés en janvier 1987 à Berlin-Ouest, neuf mois après Tchernobyl (selon deux sources : huit cas là où l'on attendait trois cas ; dix cas là où l'on attendait deux cas). Cette communication appelle plusieurs observations : d'une part, les chiffres avancés sont trop faibles pour être statistiquement significatifs ; d'autre part, en matière d'anomalie chromosomique responsable de la trisomie 21, l'effet Tchernobyl, s'il existait, n'aurait pu jouer que sur les enfants conçus après l'accident et donc nés au plus tôt en février 1987. Enfin, le mongolisme n'est pas connu comme une anomalie radio-induite liée à l'environnement. Aucune augmentation n'avait été observée après Hiroshima et Nagasaki. En France, les données enregistrées par les " registres de malformations congénitales " (Bouches-du-Rhône, Paris, Bas-Rhin, Rhône-Alpes et Auvergne) qui surveillent un cinquième des naissances françaises ne montrent aucune augmentation du nombre de cas de trisomie 21 par rapport à celui attendu. D'une façon plus générale, les effets théoriques connus des radiations sur la reproduction sont de trois ordres. 1° Effets mutagènes sur les cellules reproductrices (anomalies chromosomiques, maladies héréditaires) : ceux-ci ne peuvent en tout cas toucher que les sujets conçus après l'accident. 2° Effets tératogènes (malformatifs) agissant sur les embryons de moins de deux mois : ces effets pourraient se voir chez les enfants conçus entre le 1er mars et le 1er mai 1986. De tels effets n'ont pu être démontrés que pour des doses d'irradiation très importantes, de 1 000 à 10 000 fois plus élevées que celles enregistrées à l'occasion de Tchernobyl. 3° Effets sur la croissance et le développement du foetus pouvant intervenir sur des enfants conçus entre le 1er janvier et le 1er mars 1986 : aucun effet n'a jamais été décelé pour des doses d'exposition du foetus inférieures à 50 millisiverts (exposition liée généralement à des examens radiologiques), cette dose étant de l'ordre de 1 000 fois supérieure à la dose moyenne reçue par la population française à la suite de Tchernobyl. Le dispositif de surveillance déjà existant à travers les registres de malformations congénitales est en alerte et pourra rendre ses premiers résultats à l'automne 1987. L'exploitation des carnets de santé des jeunes enfants permettra également de suivre les conséquences éventuelles de Tchernobyl.

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