Question de M. CHARASSE Michel (Puy-de-Dôme - SOC) publiée le 22/10/1987

M.Michel Charasse appelle l'attention de M. le ministre de l'industrie, des P. et T. et du tourisme sur les conditions de la desserte en électricité dans certaines régions métropolitaines particulièrement exposées à de graves et périodiques intempéries, notamment dans les zones de montagne. Il lui fait observer, en effet, que la récente tempête de vent, dans la semaine du 5 au 11 octobre 1987, a démontré l'extrême fragilité du réseau E.D.F. puisque dans le seul département du Puy-de-Dôme ce sont quelque 20 000 abonnés qui ont été privés d'électricité en zones rurales ou semi-rurales, pour une durée variable mais représentant en moyenne entre douze et vingt-quatre heures, parfois plus. Ce n'est pas la première fois qu'un tel phénomène survient, et cette situation est d'autant plus désagréable qu'aujourd'hui la plupart des appareils ménagers, industriels et artisanaux fonctionnent à l'électricité, de même d'ailleurs que l'équipement des administrations locales,qu'elles relèvent de l'Etat ou des collectivités locales, qui sont informatisées, qui disposent de Minitels, de machines à écrire électriques, de photocopieuses, etc., sans oublier naturellement les chauffages qui, d'une manière générale, ne peuvent fonctionner sans électricité. Or, il est constant que chaque fois que le vent souffle avec violence, que de forts orages s'abattent sur certaines zones, que de fortes chutes de neige surchargent les lignes, des milliers d'abonnés sont privés d'électricité. Il s'agit toujours des mêmes catégories d'abonnés, dans les mêmes secteurs, alors que les autres abonnés bénéficient d'une desserte assurée d'une manière constante et sans autre interruption que brève et nécessitée par des travaux d'entretien ou d'extension ou de modernisation du réseau. Cette différence de situation des abonnés au regard de la régularité du service pourrait s'expliquer par les différences géographiques et climatiques du territoire national. Tel n'est pas le cas et il s'agit en réalité d'une différence de traitement entre les abonnés raccordés à des réseaux enterrés et ceux raccordés à des réseaux aériens qui sont naturellement soumis à tous les aléas climatiques. Ces pannes régulières et très désagréables coûtent très cher à E.D.F. et mobilisent un personnel important pour effectuer les réparations qui, malgré les efforts des agents, ne peuvent être effectuées immédiatement. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui faire connaître quelles mesures il envisage de prendre pour qu'E.D.F. mette en oeuvre un programme de desserte souterraine en électricité pour les zones et les secteurs où des aléas climatiques réguliers privent trop souvent les abonnés d'un service public qui doit normalement être assuré d'une manière continue.

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Réponse du ministère : Industrie publiée le 28/01/1988

Réponse. -La mise en souterrain de réseaux bien que procurant l'avantage d'une grande insensibilité aux aléas climatiques induit des contraintes propres à cette technique. Les câbles souterrains sont, en effet, très sensibles aux travaux de tous types effectués à proximité et aux remaniements de terrains provoquant des détériorations à l'origine d'avaries différées dans le temps. L'aspect le plus défavorable de cette technique réside dans les délais de dépannage lorsqu'une avarie survient ; en effet, la localisation physique du défaut nécessite la mise en oeuvre de techniques particulières avant que puissent être effectués le déblaiement des terres au droit de l'avarie, puis la réparation proprement dite. Les indisponibilités correspondantes sont alors beaucoup plus longues que celles des ouvrages aériens. Par ailleurs, le coût de la technique souterraine est généralement supérieur au coût de la technique aérienne. La généralisation d'une telle technique n'est pas aujourd'hui envisageable en raison de son coût très important pour la collectivité et de ses conséquences sur le prix de l'énergie électrique. Toutefois, à la suite des incidents généralisés des dernières années, les pouvoirs publics et Electricité de France ont étudié les mesures envisageables susceptibles d'améliorer la tenue des réseaux et la sécurité d'alimentation des gros bourgs. Les mesures qui ont été prises mèneront à une restructuration des réseaux fondée sur une multiplication des postes sources alimentés en haute tension. L'accroissement du nombre de ces postes sources qui bénéficient d'une alimentation particulièrement sûre permet d'assurer des dessertes par des lignes de moyenne et basse tension de longueur sensiblement réduite. La mise en oeuvre de techniques spécifiques telles que l'armement fusible en moyenne tension et les conducteurs isolés torsadés en basse tension donneront aux réseaux une tenue mécanique supérieure, éviteront, lors de conditions climatiques très défavorables, la généralisation d'avaries tout le long des réseaux et faciliteront la réparation des ouvrages détériorés. Dans ces conditions, l'utilisation des ouvrages souterrains, qui peut parfois apparaître comme une solution alternative efficace pour lutter contre des conditions météorologiques notoirement défavorables, restera limitée à des secteurs particulièrement exposés et fera l'objet d'une analyse au cas par cas.

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