Question de M. MADRELLE Philippe (Gironde - SOC) publiée le 23/06/1988

M. Philippe Madrelle appelle l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur les menaces qui pèsent sur le basson français et l'avenir des musiciens professionnels ou amateurs qui le pratiquent. Il lui rappelle qu'il existe deux sortes de basson joués dans le monde : l'un d'origine allemande, l'autre de facture et de tradition françaises. Alors que l'ensemble de notre système pédagogique repose et se développe essentiellement à partir du basson français, de récents concours de recrutement en vue de pourvoir des postes de basson dans les opéras de Nice et de Lyon précisaient que les concours étaient réservés aux instrumentistes jouant le système allemand. De plus, l'administration du futur Opéra de la Bastille aurait annoncé son intention de n'utiliser que des bassons allemands. Si une telle évolution devait se poursuivre, tous les instruments appartenant aux conservatoires et aux particuliers devraient être tous remplacés par des instruments d'importation, ce qui entraînerait la disparition de tout un pan de la lutherie française. En cette année 1988, proclamée année du patrimoine, il lui demande de bien vouloir lui préciser les mesures qu'il compte prendre d'urgence pour assurer l'utilisation des bassons français et garantir la perennité de cet élément du patrimoine national.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 29/09/1988

Réponse. - Si la question de l'emploi du basson français ou du fagott dans les formations symphoniques a connu un regain d'actualité à propos du futur orchestre de l'Opéra de la Bastille, les problèmes qu'elle soulève ne sont cependant pas nouveaux. Il convient de dépassionner un débat complexe en essayant d'analyser, le plus objectivement possible, les différents éléments qui y sont impliqués, au regard notamment des évolutions de ces dernières années. Plus qu'une question d'instrument, il s'agit d'une question d'école. Les deux écoles ont chacune des lettres de noblesse et des références esthétiques indéniables. Et à ce titre tout le monde s'accorde à penser qu'il est indispensable de préserver la qualité de l'école française. Ce point fondamental étant posé, les problèmes précis qui touchent aussi bien la pratique et la facture que l'enseignement des instruments doivent être abordés avec réalisme. Une réunion qui rassemblait chefs d'orchestre, musiciens, directeurs de conservatoire et facteurs d'instruments a permis à la direction de la musique et de la danse, au printemps dernier, de faire un premier tour d'horizon des questions soulevées. En ce qui concerne l'enseignement, il apparaît que les deux directeurs des conservatoires nationaux supérieurs de musique souhaitent désormais offrir aux élèves la possibilité de pratiquer l'un ou l'autre des deux systèmes : basson ou fagott. En ce qui concerne la facture instrumentale, les luthiers français se sont souciés d'ores et déjà, par divers moyens, de répondre à une demande qui porte sur les deux types d'instrument. Il est en effet difficile de ne pas tenir compte de l'évolution de la lutherie internationale et indispensable d'assurer une insertion homogène de ces instruments dans la famille des bois. Enfin, quant au problème aigu du recrutement des instrumentistes dans les orchestres symphoniques, une règle simple doit prévaloir : la qualité de l'instrumentiste est leseul critère admissible. Le choix d'un instrument est secondaire. C'est dire qu'il n'est pas possible de refuser l'accès aux concours à des bassonistes, même si ultérieurement le chef d'orchestre leur demande d'étudier la pratique du système Hoeckel.

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