Question de M. LAFFITTE Pierre (Alpes-Maritimes - G.D.) publiée le 08/12/1988
M. Pierre Laffitte attire l'attention de M. le ministre de l'industrie et de l'aménagement du territoire sur la réflexion en matière de stockage d'énergie. La production française d'énergie provient en très forte proportion de centrales nucléaires. Par voie de conséquence, il est très difficile de moduler cette production et il serait souhaitable de promouvoir par tous les moyens possibles le stockage. L'Agence française pour la maîtrise de l'énergie s'y emploie et E.D.F. pratique une tarification qui y incite. Il semble néanmoins que d'autres incitations seraient nécessaires : dégrèvements fiscaux pour les entreprises et particuliers qui investissent dans les stockages d'énergie, appui direct aux associations qui, telle la Cise basée à Sophia-Antipolis, développent l'information dans ce domaine, subvention spécifique pour les collectivités locales qui expérimentent des systèmes réduisant l'appel en période de pointe, appui à des recherches sur le stockage par des supraconducteurs, contrats publiés pour des sociétés spécialisées dans le stockage de l'énergie, telles Cristopia ou Enerscop. Il lui demande si, en dehors de l'augmentation des moyens de l'A.F.M.E., il prévoit sur le problème spécifique du stockage d'énergie une politique spécifique comportant notamment des suggestions à la direction d'E.D.F. par l'Etat, actionnaire et tuteur. Cela pourrait conduire au développement d'une industrie française du stockage de l'énergie.
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Réponse du ministère : Industrie publiée le 09/03/1989
Réponse. - L'agence française pour la maîtrise de l'énergie soutient la recherche et le développement de procédés et matériaux permettant de stocker l'énergie sous forme thermique. Deux filières sont explorées en parallèle et font l'objet d'expérimentations qui peuvent mener à des réalisations industrielles en vraie grandeur : le stockage thermique souterrain et le stockage de surface. Le stockage thermique souterrain recourt à des techniques apparentées à celles de la géothermie basse enthalpie. Utilisent cette technique, en particulier, l'opération d'héliogéothermie à Aulnay-sous-Bois, pour laquelle la recharge estivale d'un stockage dans l'Yprésien est assurée par capteurs solaires, et le pilote expérimental de Plaisir Thivernal Grignon, alimenté à partir d'effluents thermiques d'une usine d'incinération. Concernant le stockage thermique de surface, les voies les plus prometteuses sont le stockage de frigories et le stockage inertiel. Le stockage de frigories, qui met en oeuvre des matériaux fusibles solidifiables entre - 18° et 0° C, débouche sur une production frigorifique exploitable pour la climatisation de grands locaux et dans l'industrie agro-alimentaire. La climatisation du ministère des finances, quai de Bercy, et de la cité des sciences et de l'industrie, à la Villette, utilise ce procédé, élaboré par la société Cristopia. Le stockage inertiel vise à exploiter l'inertie thermique pour amortir les fluctuations climatiques de température. Cette méthode fait l'objet de recherches dans plusieurs laboratoires, en particulier celui du centre de recherche de l'école des mines à Sophia-Antipolis. L'A.F.M.E. mène un effort de soutien au développement de ces techniques, de la recherche aux premières applications en vraie grandeur, pour l'ensemble des filières précédemment citées. Par ailleurs, l'agence contribue à la diffusion des connaissances sur ces applications, et apporte notamment un soutien aux initiativesprises par le centre international pour le stockage d'énergie. L'A.F.M.E. continuera à participer au développement de ces techniques, qui sont susceptibles, à terme, de contribuer au lissage de la pointe de consommation d'électricité, et qui pourraient voir s'ouvrir plus largement le marché de la climatisation dans le secteur tertiaire. Concernant E.D.F., l'effort de recherche sur le stockage de l'énergie est concentré sur le stockage inertiel, l'établissement maintenant par ailleurs une veille technologique sur l'ensemble du domaine.
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