Question de M. ROUX Olivier (Français établis hors de France - UC) publiée le 18/01/1990

M. Olivier Roux attire l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, chargé de la francophonie, sur l'hégémonie croissante de la langue anglaise en matière de communication scientifique et technique. Ce constat, fort préoccupant pour l'avenir du français, a été au coeur du débat intitulé : " Quelles langues pour la science ? ", qui s'est tenu à la cité des sciences et de l'industrie de la Villette, à Paris, les 9 et 10 janvier derniers. A l'issue de ce forum, il lui demande de bien vouloir lui faire part des réflexions et propositions qui ont fu être formulées pour combattre cette situation abusive qui tend à faire de l'anglo-américain la langue exclusive de transmission des études scientifiques.

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Réponse du ministère : Francophonie publiée le 08/03/1990

Réponse. - C'est bien parce qu'il est préoccupé par les difficultés qui affectent l'usage de la langue française dans le domaine de la communication scientifique et technique que le ministre de la francophonie a pris l'initiative d'organiser à Paris, les 9 et 10 janvier 1990, un grand forum international de réflexion sur cette question, constituant la première réunion d'envergure sur ce thème depuis les assises nationales Recherche et Technologie de 1982. A l'invitation du ministre délégué, quelque 2 000 personnalités appartenant principalement à la communauté scientifique internationale (dont plus d'une centaine venue de pays francophones et non francophones) ont participé au forum de la communication scientifique et technique, organisé les 9 et 10 janvier à la cité des sciences et de l'industrie (La Villette). Le succès de cette manifestation centrée sur l'interrogation " Quelles langues pour la science ? " et la nature des échanges ont montré qu'une évolutionse dessinait chez les scientifiques dont beaucoup sont de plus en plus conscients des enjeux linguistiques de la recherche et que notamment l'uniformatisation serait préjudiciable à l'invention scientifique et à l'innovation technologique. Encore faut-il organiser ce plurilinguisme qui constitue l'avenir même de la science. Les problèmes concernant la langue employée dans les colloques, les publications, l'évolution des chercheurs, l'enseignement et la vulgarisation scientifique (par l'écrit et par l'audiovisuel) ont fait l'objet de débats approfondis et de propositions concrètes. Celles-ci, nombreuses et diverses, sont actuellement à l'étude auprès de l'ensemble des administrations et institutions concernées : recherche, éducation nationale, culture et communication, affaires étrangères, coopération, etc. Le ministre de la francophonie a, en effet, comme vous le savez, un rôle d'impulsion et de coordination, mais il ne lui appartient pas de décider ou de légif érer seul sur toutes ces questions qui intéressent au premier chef plusieurs de ses collègues. Il sera tenu compte des travaux de ce forum, d'une part, dans le numéro de mars du mensuel Science et Technologie - sous la forme d'un cahier de douze pages - ; d'autre part, dans un ouvrage de synthèse à paraître en septembre aux éditions " La Découverte ". A l'issue du colloque, le ministre délégué chargé de la francophonie a, d'ores et déjà, pris l'engagement de tout mettre en oeuvre pour que cesse le scandale qui consiste à ignorer les travaux écrits en français pour l'évaluation de nos chercheurs. Il a également demandé que soient refusés tout parrainage et aide publique " à des manifestations se tenant en France et d'où l'emploi du français serait exclu ". Ces mesures viennent s'inscrire dans une perspective d'ensemble ; elles complètent à la fois les décisions déjà annoncées au sommet de Dakar : ouverture d'un fonds d'aide à la traduction et à l'interprétation (déjà disponible auprès de l'A.C.C.T.) et lancement du projet de cahiers de la recherche francophone (en préparation à l'A.U.P.E.L.F.), et, sur le plan audiovisuel, la création de l'agence Jules-Verne, inaugurée la veille du forum, par les ministres de la recherche et de la communication, dont l'ambition est de devenir une véritable maison d'édition de l'émission scientifique télévisée ou radiodiffusée. Le dispositif sera complété par d'autres mesures qui seront arrêtées après examen des conclusions du rapport demandé conjointement avec le ministre de la santé, M. Evin, au professeur Sournia sur la diffusion du français dans les sciences de la vie et des travaux en cours du Conseil supérieur de la langue française. ; la vie et des travaux en cours du Conseil supérieur de la langue française.

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