Question de M. DÉSIRÉ Rodolphe (Martinique - RDSE) publiée le 07/06/1990

M. Rodolphe Désiré attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, sur la violation quotidienne des droits de l'homme et du citoyen en Colombie. Les nombreuses exactions perpétrées dans ce pays, parmi lesquelles on relève des disparitions, des exécutions extra-judiciaires et des massacres de civils non armés, semblent être le fait d' escadrons de la mort " et de groupes paramilitaires, souvent liés d'ailleurs aux cartels du trafic de drogue. L'existence d'une telle situation provient sans doute de l'état catastrophique dans lequel se trouve l'économie colombienne. L'effondrement des recettes provenant du café a contribué au fait que les paysans de Colombie ont été conduits à produire de la cocaïne et du cannabis plutôt que de continuer à cultiver du café. Et il est bien évident que, dans ces conditions, le développement du trafic de drogue et de ses cartels ne cessera pas de sitôt dans ce pays. Aujourd'hui, devant les difficultés rencontrées par les trafiquants pour pénétrer le marché américain, ils manifestent un intérêt croissant pour l'Europe qui devient une cible privilégiée. Dans ces conditions, il lui demande si, outre la position courageuse et les mesures prises par le Gouvernement pour lutter contre le blanchissement de l'argent de la drogue, il ne serait pas nécessaire, compte tenu de l'actuelle situation politique et économique de la Colombie, d'envisager, au niveau européen mais aussi dans le cadre de l'O.N.U., l'élaboration d'un plan d'aide économique que les Etats-Unis soutiendraient et qui serait destiné à restructurer réellement l'agriculture de ce pays. Ce dispositif permettrait sans doute, en détournant les paysans des cultures illicites, de consolider sérieusement la lutte contre le trafic de drogue et contribuerait de surcroît à renforcer la sécurité des personnes civiles et responsables politiques colombiens.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 26/07/1990

Réponse. - Le Gouvernement français déplore, comme l'honorable parlementaire, les trop nombreux cas de violation des droits de l'homme enregistrés en Colombie. Quels qu'en soient les causes, les exactions commises, généralement imputables aux traficants de drogue et à la guérilla mais probablement aussi à des groupes paramilitaires, ne sauraient trouver aucune justification. Sensible aux difficultés auxquelles le Gouvernement colombien est confronté pour mettre un terme à ces actions criminelles, la communauté internationale s'est mobilisée pour lui apporter son soutien. La solidarité de l'Europe et notamment de la France s'est traduite par un renforcement important de la coopération économique, scientifique et technique avec la Colombie et la mise en oeuvre d'un programme spécial d'aide à la lutte contre le trafic des stupéfiants. Notre pays contribue plus particulièrement au développement de productions agricoles et industrielles de substitution et s'emploie,dans les instances internationales, à obtenir la remise sur pied de l'accord international sur le café. Enfin, des mesures de lutte contre le blanchiment de l'argent de la drogue, proposées par un groupe de travail créé à la suite du sommet de l'Arche, ont été adoptées lors d'une réunion tenue récemment à Paris.

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