Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 12/09/1991

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre de l'éducation nationale, sur le problème du choix, par les parents, des langues étrangères, dans l'enseignement secondaire français. Il s'avère en effet que 89 p. 100 des élèves de classe de sixième, en métropole, choisissent l'anglais comme première langue, 10 p. 100 l'allemand et seulement 1 p. 100 une autre langue (italien ou espagnol). Cette situation ne correspond pas à la thèse du plurilinguisme européen défendue par Bruxelles. S'il est concevable que les familles choisissent en première langue l'apprentissage de l'anglais pour leurs enfants, il serait utile de compenser la suprématie de cette langue par l'étude d'une seconde langue, dès la sixième. Le ministère de l'éducation nationale a prévu l'initiation à une langue étrangère dès les classes de fin du primaire, en CM 1 et CM 2, mais sans possibilité de diversification dans le choix, puisqu'en sixième, seul l'anglais est enseigné.Afin d'éviter que l'Europe ne finisse par adopter l'anglais comme seule langue de communication, ne serait-il pas raisonnable de permettre aux collèges de généraliser l'étude d'une seconde langue en classe de sixième, en sachant bien que le financement pourrait être assuré par les départements qui sont nombreux à donner un accord de principe. Il existe déjà un précédent en France, dans les départements de l'Est (Alsace et Lorraine) où une formule de ce genre fonctionne depuis vingt ans, à la satisfaction de tous, familles et enseignants. Alors, pourquoi ne pas l'étendre au reste de notre pays.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 16/01/1992

Réponse. - Le développement de l'enseignement des langues vivantes constitue une des préoccupations du ministère de l'éducation nationale qui, dans la perspective de la préparation des jeunes à l'Europe, préconise prioritairement un effort de l'apprentissage des langues étrangères. A cet égard, il convient de souligner que l'enseignement des langues vivantes dans le système éducatif français repose sur deux principes : pluralisme des langues offertes au travers d'un éventail de douze langues au collège, et de quatorze au lycée, et libre choix des familles. Le dispositif prévu par la réglementation définie au niveau national et applicable à l'ensemble des collèges publics et privés sous contrat prévoit, pour tous les élèves, à l'entrée en classe de sixième, une langue étrangère dont la pratique, dans son expression courante, à la fin de la classe de troisième est un objectif assigné au collège par la loi d'orientation sur l'éducation du 10 juillet 1989. Le commenceme nt de l'étude d'une seconde langue vivante étrangère à partir de la classe de quatrième, choisie parmi celles qui n'auraient pas été retenues précédemment, fait également partie de ces objectifs. S'agissant plus particulièrement de l'implantation de l'enseignement simultané de deux langues vivantes dès la sixième, il importe d'indiquer que cette possibilité avait été donnée, à titre d'essai, à une dizaine d'établissements au cours de l'année 1986-1987, et qu'il n'était pas apparu souhaitable d'y donner suite. La mise en place dans le cycle d'observation d'une deuxième langue vivante introduit un enseignement supplémentaire ne figurant pas au programme des classes correspondantes. Cet enseignement, qui ne s'adresse, en tout état de cause, qu'à une partie des élèves, crée une forme de filière, ce qui serait en contradiction avec l'objectif poursuivi au niveau du collège de préparer la totalité des élèves à l'entrée du lycée en leur donnant des compétences identiques.En outre, dans la mesure où cet enseignement ne serait pas proposé dans tous les établissements et ne pourrait être assuré, ne faisant pas partie des programmes, d'un point à l'autre du territoire, sa mise en place risquerait de porter préjudice aux élèves amenés à changer d'établissement ou de région et ne permettrait pas ainsi d'offrir à l'ensemble de la population scolaire l'égalité face au service public de l'éducation nationale. Pour l'ensemble de ces raisons, et dans la mesure où la pratique courante d'une langue étrangère et l'apprentissage de la maîtrise d'une seconde représentent les priorités à satisfaire à ce niveau de scolarité, il ne paraît pas opportun d'institutionnaliser des initiatives de cette nature.

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