Question de M. DÉSIRÉ Rodolphe (Martinique - RDSE) publiée le 15/10/1992

M. Rodolphe Désiré attire l'attention de M. le ministre de la recherche et de l'espace sur une information publiée par le Monde du 2 juin 1992 selon laquelle, " dans un élan de générosité plutôt inattendu à l'égard du principal concurrent de la banane antillaise, l'Institut français de recherches sur les fruits et agrumes a entrepris de faire profiter les pays latino-américains des nouvelles techniques mises au point dans ses laboratoires et convoitées depuis longtemps par les multinationales américaines ". Il aimerait savoir si cette information est exacte et, dans ce cas, de bien vouloir dire quels bénéfices vont en retirer les planteurs de bananes des Antilles dont les productions sont directement concurrentes de celles des multinationales américaines.

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Réponse du ministère : Recherche publiée le 14/01/1993

Réponse. - L'article de journal, par ailleurs bien documenté, auquel fait référence l'honorable parlementaire, met en exergue une action généreuse du CIRAD par l'intermédiaire de son département IRFA en faveur de concurrents de la banane européenne et plus spécialement antillaise. L'intervention de l'IRFA en Amérique centrale n'a aucun caractère de nouveauté : elle a débuté en 1963 en Equateur et en 1967 au Costa-Rica. L'IRFA intervient en Amérique centrale essentiellement dans le cadre d'une coopération scientifique avec un organisme régional, le CATIE (Centro agronomico tropical de investigacion y ensenança) dont le siège est à Turriaba (Costa-Rica) et sur la base de financements publics français et européens (programme STD II). Il a comme partenaires, outre le CATIE, la CORBANA (Compagnie bananière nationale), l'INIBAP (International network for the improvement of banana and plantain) et la FHIA (Fundacion hondurena de investigacion agricola), pour le Honduras. Ces actions sont menées dans le cadre des missions du CIRAD, établissement public à caractère industriel et commercial à vocation scientifique. L'une de ces missions est d'apporter son concours, à la demande de gouvernements étrangers, aux institutions nationales de recherches oeuvrant dans les domaines de compétences du CIRAD, à savoir les recherches agronomiques spécialisées sur les productions animales et végétales de la zone tropicale. L'action en cause est essentiellement orientée vers l'élaboration de stratégies de lutte efficaces contre la Cercosporiose noire, qui touche en premier lieu le plantain, base de l'alimentation des populations locales. C'est l'apparition de cette maladie il y a quelques années qui a motivé un intérêt nouveau pour les méthodes de lutte de l'IRFA, jusque-là largement ignorées par les multinationales bananières, celles-ci ne s'occupant que de banane dessert et disposant, par ailleurs, d'autres méthodes également efficaces. La plupart des techniques de lutte mises au point par l'IRFA et actuellement utilisées sur les plantations de banane dessert de la zone dite européenne et en Afrique sont du reste du domaine public. Les filiales des multinationales bananières, présentes au Cameroun, aux Antilles françaises ou dans les Petites Antilles, les utilisent déjà sans aucune restriction.

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