Question de M. LABEYRIE Philippe (Landes - SOC) publiée le 02/11/1995

M. Philippe Labeyrie attire l'attention de M. le ministre de la jeunesse et des sports sur le problème soulevé par les professeurs d'éducation physique qui font partie du comité Atlanta p, constitué au lendemain des jeux Olympiques de Barcelone, pour dénoncer l'exclusion des athlètes femmes originaires de pays islamistes. En effet, déjà à Barcelone plusieurs délégations étaient composées exclusivement d'hommes. Les jeux Olympiques d'Atlanta doivent être l'occasion de marquer la volonté des instances internationales de dénoncer cette forme de discrimination, tout comme celle qui fut pratiquée dans le passé en Afrique du Sud. Aussi, ils s'associent à la demande du comité Atlanta p et souhaite que le Gouvernement français s'engage à demander le respect de la charte olympique " Toute forme de discrimination à l'égard d'un pays ou d'une personne, qu'elle soit pour des raisons raciales, religieuses, politiques, de sexe ou autres est incompatible avec l'appartenance au mouvement olympique " ; en conséquence, il lui demande de bien vouloir lui faire part de ces intentions sur ce problème délicat.

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Réponse du ministère : Jeunesse publiée le 05/09/1996

Réponse. - Au lendemain des jeux Olympiques de Barcelone, des personnalités du monde sportif se sont inquiétées des manifestations de discrimination à l'encontre des femmes de certains pays. A Paris, le 10 janvier 1995, au Sénat, le comité Atlanta p a été officiellement installé. Ce comité, d'initiative française, réunit des femmes et des hommes de tous horizons (coprésidentes : Linda Weil-Curiel, avocate ; Annie Sugier de l'association Mères d'Alger). Ce comité a été mis en place afin de créer un mouvement d'opinion visant à empêcher aux JO d'Atlanta la venue de délégations nationales qui excluraient les femmes sportives de leurs effectifs. Ce comité a rédigé une recommandation qui a été soumise à la commission des droits de l'homme des Nations unies au mois de mars 1996 à Genève. Le Comité international olympique (CIO) a également été saisi de cette demande, afin que soit respectée la charte olympique qui est sans ambiguïté sur le sujet : " Toute forme de discrimination à l'égard d'un pays ou d'une personne, que ce soit pour des raisons raciales, religieuses, politiques, de sexe ou autres, est incompatible avec l'appartenance au mouvement olympique. " Cependant, s'il adhère à la démarche du comité Atlanta p, le CIO est demeuré prudent et hostile à toute réaction brutale, souhaitant éviter toute mesure de boycott ou de sanction incompatible avec l'objectif d'ouverture des JO et d'accueil du CIO. La France, berceau des droits de l'homme et farouche partisan de l'égalité entre les sexes, ne peut que s'associer pleinement à la démarche entreprise par le comité Atlanta p, en prenant cependant garde à placer le débat sur le plan du droit et non de la religion afin que les pays musulmans qui favorisent la pratique du sport féminin dans les compétitions internationales ne se sentent pas la cible d'attaques injustes. Le ministre délégué à la jeunesse et aux sports a reçu le comité Atlanta p le 19 janvier 1996. Il a saisi le 14 mars 1996 M. Henri Serandour, président du Comité national olympique et sportif français, pour lui demander de s'associer à la démarche entreprise par ce comité auprès du président du CIO.

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