Question de Mme DEMESSINE Michelle (Nord - CRC) publiée le 17/10/1996

Mme Michelle Demessine alerte M. le Premier ministre sur les conséquences de la suppression de l'" abattement fiscal forfaitaire de 30 % pour frais professionnels " proposé dans la prochaine réforme sur la fiscalité pour les journalistes. En effet, l'application de cette réforme entraînerait une perte de revenus considérable pour les salariés et alourdirait fortement les charges des entreprises de cette profession, mettant en péril l'avenir des plus petites d'entre elles. La suppression de cet abattement correspondrait à la perte d'un mois de salaire pour les journalistes. C'est pour eux insupportable, quand on sait que leur salaire moyen n'est que de 12 000 francs, la presse régionale et hebdomadaire étant beaucoup plus mal lotie. Ils sont d'autant plus inquiets pour leur profession que s'y développent les emplois précaires : 20 % de pigistes, de journalistes payés à la tâche. Cette baisse de leur pouvoir d'achat compromettant leur liberté d'exercer, et le risque trop évident de ne plus pouvoir faire face financièrement pour les petites enterprises, menacent dangereusement la pluralité de l'information. C'est pourquoi elle demande quelles dispositions le Gouvernement entend prendre pour répondre à ces légitimes inquiétudes et garantir une des bases de la démocratie, la pluralité de l'information, en maintenant cet abattement

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Réponse du ministère : Premier ministre publiée le 27/03/1997

Réponse. - Les déductions forfaitaires supplémentaires pour frais professionnels ont été instituées à l'origine, c'est-à-dire le plus souvent il y a 50 ans, pour prendre en compte la situation des salariés appartenant à des professions supportant des frais plus élevés que la moyenne des salariés. C'est ainsi que les journalistes bénéficient d'une déduction forfaitaire supplémentaire de 30 % en application d'un arrêté de 1934. Ces déductions supplémentaires avaient alors une légitimité qu'elles ont perdu au fil du temps dès lors que les conditions d'exercice des activités concernées ont considérablement évolué et surtout que les frais auxquels ces déductions étaient réputées correspondre sont pour l'essentiel désormais pris en charge par les employeurs. Leur suppression, qui a été adoptée par le Parlement dans le cadre de la loi de finances pour 1997 publiée au Journal officiel du 31 décembre 1996, s'effectuera progressivement à compter de l'imposition des revenus de l'année 1997. Elle concerne plus d'une centaine de professions et s'inscrit dans le cadre de la profonde réforme de l'impôt sur le revenu engagée sur cinq ans par la loi de finances précitée, qui vise tout à la fois à alléger, simplifier et rendre plus équitable cet impôt. Cela dit, le Gouvernement a reconnu que la situation des journalistes présente des particularités au regard de cette mesure d'application générale. C'est pourquoi, bien que les effets de la suppression de la déduction forfaitaire supplémentaire de 30 % dont bénéficient les intéressés soient sensiblement atténués par la baisse de l'ensemble des taux du barème de l'impôt sur le revenu, l'article 88 de la loi de finances pour 1997, qui résulte d'un amendement du Gouvernement, a créé un fonds budgétaire dont la vocation est de compenser la hausse de leur impôt que subiront au terme de la réforme certains journalistes, principalement les journalistes célibataires. Les modalités pratiques d'application de ce mécanisme de compensation font actuellement l'objet d'une concertation, menée sous l'égide de M. Jacques Bonnet, président de chambre à la Cour des comptes, avec les organisations représentatives des entreprises de presse et des journalistes, dont les résultats seront portés à la connaissance de la représentation nationale. Enfin, il est rappelé que la suppression des déductions forfaitaires supplémentaires pour le calcul de l'impôt sur le revenu sera sans incidence pour celui des cotisations sociales à la charge tant des entreprises de presse que des journalistes. Un arrêté en ce sens a été conjointement pris le 30 décembre 1996 par le ministre du travail et des affaires sociales et par le ministre délégué au budget. Cet arrêté est publié au Journal officiel du 31 décembre 1996.

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