Question de M. CASTAING Robert (Gers - SOC) publiée le 31/10/1996

M. Robert Castaing attire l'attention de Mme le secrétaire d'Etat chargée de la francophonie sur la place de la langue et de la culture françaises en Tunisie. Sur la foi d'un rapport du groupe sénatorial France-Tunisie, il déplore que les responsables politiques tunisiens, qui se déclarent être très attachés à notre langue et à notre culture, constatent que l'enseignement du français cède du terrain dans leur pays. A cet égard, ils regrettent le recul de notre culture auprès des jeunes Tunisiens qui bénéficient d'un taux de scolarisation élevé. Il souhaiterait savoir si les moyens et les méthodes déployés sont suffisamment significatifs, dynamiques et ambitieux pour permettre la diffusion et le rayonnement de notre langue et de notre culture auprès de pays traditionnellement attachés à nos valeurs et qui entretiennent des liens forts avec la France.

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Réponse du ministère : Francophonie publiée le 30/01/1997

Réponse. - Sur une population totale de 8,7 % millions d'habitants, environ 4 millions de Tunisiens âgées de plus de dix ans ont une certaine connaissance du français, dont plus d'un demi million ont une bonne maîtrise de la langue, avec un niveau scolaire au moins équivalent à la fin du secondaire. Si la communication quotidienne en Tunisie s'effectue en arabe dialectal, l'environnement francophone demeure très vivant. Il existe trois quotidiens à grand tirage en français et neuf hebdomadaires en français ou bilingues. La radio, par le canal de Radio Tunis Chaîne Internationale, émet en français sur tout le territoire en reprenant notamment des programmes de Radio France Internationale. 800 000 foyers équipés de téléviseurs peuvent recevoir les programmes de France 2, soit environ 17 heures d'antenne par jour. 40 000 abonnés reçoivent Canal Horizon et plus de 40 000 antennes paraboliques permettent de capter d'autres chaînes francophones. Les manifestations culturelles organisées par les services de l'Ambassade de France ainsi que les bibliothèques françaises de Tunis, Sousse et Sfax contribuent également à faire vivre une francophonie de qualité auprès du public tunisien. L'enseignement tunisien reste le principal vecteur du maintient et du renforcement de l'usage du français. Depuis la mise en place en juillet 1991 de la réforme " Charfi ", du nom du ministre de l'education de l'époque, notre coopération linguistique et éducative s'est particulièrement développé. Notre priorité consiste à favoriser la mise en oeuvre de cette réforme qui réhabilite le français en tant que langue des connaissances scientifiques et techniques et discipline-pilote pour la formation des maîtres. Sur une population scolarisée de 2,1 millions, 1 million d'élèves apprenent le français dans le primaire et 676 000 dans le secondaire. Dans l'enseignement supérieur (112 000 étudiants en 1996) notre action vise trois domaines prioritaires : les départements de français des universités et la mise en application de la réforme des maîtrises, le programme des classes préparatoires aux grandes écoles et de préparations agrégatives (mathématiques et sciences physiques) à l'Institut préparatoire aux études scientifiques et techniques (IPEST), la mise en place d'agrégations technologiques en génie mécanique - économie - gestion - génie civil - génie électrique et informatique destinées à qualifier les futurs enseignants du cycle technique supérieur court nouvellement créé. L'arabisation du système éducatif et la montée en puissance de l'anglais placent effectivement la langue française dans une situation concurrentielle. Celle-ci conserve cependant un prestige important et une utilité incontestée, ce qu'illustrent les mesures favorables prises par les autorités tunisiennes telles que la diffusion hertzienne de France 2, ou l'épreuve obligatoire de français au baccalauréat. La Tunisie est, parmi les pays hors champ, celui qui proportionnellement au nombre de ses habitants reçoit l'appui le plus important de la France pour permettre la diffusion et le rayonnement de notre langue et de notre culture.

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