Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 26/12/1996

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de M. le ministre de la culture sur le souhait exprimé dans le rapport intitulé " Pour une refondation de la politique culturelle " qui lui a été remis le 18 octobre dernier que " la lutte contre l'illettrisme soit à l'avenir coordonnée avec son ministère, ou à tout le moins, considérée comme une cause culturelle ". Il lui demande quelle est sa réaction face à cette volonté et s'il envisage de prendre des mesures pour que son ministère soit le plus souvent associé à la lutte contre l'illettrisme étant donné que son ministère dispose d'une direction du livre et de la lecture et de la tutelle de la délégation générale de la langue française.

- page 3460


Réponse du ministère : Culture publiée le 06/03/1997

Réponse. - L'illettrisme est le fait d'une superposition de facteurs : facteur économique, familial, psychologique, culturel et scolaire bien sûr. Cette problématique appelle donc des réponses différentes, impliquant nécessairement de multiples partenaires. Le ministère de la culture ne saurait se substituer à celui de l'éducation nationale ni aux autres ministères dont les interventions doivent légitimement être coordonnées à l'échelon interministériel. Les réponses culturelles et artistiques, auxquelles le ministère de la culture peut contribuer en ce domaine, s'inscrivent en complément d'autres réponses indispensables telles que le renforcement des acquis de base, notamment par une modification des pédagogies scolaires, ou celles des actions d'aide sociale et économique. Les interventions du ministère de la culture, mises en oeuvre par la direction du livre et de la lecture, suivent les grandes orientations qui ont été fixées par le plan d'action pour le livre et la lecture adoptée par le Gouvernement en octobre 1995 : organiser sur l'ensemble du territoire des services de lecture publique de proximité et une présence du livre sur tous les lieux de vie, les relais-livre en campagne, les bibliothèques de quartier, de la crèche, de l'école maternelle, de l'hôpital ou de la prison ; former les acteurs culturels salariés et bénévoles et les sensibiliser à l'approche et à l'accueil des populations les plus exclues, aider à la création d'emplois de type nouveau dans le domaine de la médiation culturelle. C'est ainsi que le ministère soutient depuis plusieurs années les actions de bibliothèques de rue et de colportage du livre à domicile, organisées par ATD Quart-Monde. Ces actions de proximité ne peuvent s'appuyer localement que sur une offre de qualité en collaboration étroite avec les bibliothèques publiques et les associations locales. Dans cette perspective, le ministère soutient également également le recrutement de médiateurs du livre. Les collectivités territoriales qui le souhaitent peuvent ainsi se doter, sur la base de contrats emploi-ville, de personnels chargés d'intervenir dans les quartiers en allant à la rencontre des populations les plus défavorisées, sans perdre de vue la nécessité d'accompagner ces publics à l'intérieur même de la bibliothèque ; rapprocher les publics des créateurs et des oeuvres, comme le font les opérations Ville, vie, vacances où des écrivains animent des ateliers d'écritures, des jeunes des banlieues en échec scolaire. Les interventions d'écrivains dans les écoles participent de cette même démarche ; agir en amont de l'échec par une politique de prévention en direction des enfants et des jeunes : formation des personnels en charge des plus petits, convention avec l'association ACCES (Ateliers culturels contre les exclusions sociales), actions diversifiées en collaboration avec l'école, le collège et le lycée associant apprentissage et créativité, contraintes et plaisir. Enfin, la direction du livre et de la lecture s'associe pleinement aux actions transversales conduites par le GPLI (Groupe permanent de lutte contre l'illettrisme) placé auprès du ministère du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle.

- page 689

Page mise à jour le