Question de M. DARNICHE Philippe (Vendée - NI) publiée le 18/12/1997

M. Philippe Darniche attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur la situation actuelle de notre agriculture vendéenne et sur l'inquiétude que la réforme de la politique agricole commune (PAC), à l'horizon 2000, provoque chez les agriculteurs et éleveurs du département. L'Union européenne prépare, pour le Conseil européen de Luxembourg de décembre 1997, des infléchissements notables et importants à la politique agricole commune, dont les impacts seront nombreux en France et, plus particulièrement, en Vendée. Dans son programme " Agenda 2000 ", la Commission de Bruxelles propose à nouveau le cadre d'une agriculture ultraproductiviste, alignée sur les prix les plus bas du marché mondial. N'est-il pas grand temps de contrer ces infléchissements notables et de fixer clairement, sans pression extérieure, des objectifs propres pour les sept années à venir et non pas, une fois de plus, avaliser des politiques définies ailleurs par ses concurrents mondiaux et contre nos propres intérêts ? Ministère ne se doit-il pas, avant tout, de défendre les emplois nationaux et locaux du secteur ; renforcer nos exportations, développer l'élevage et des grandes cultures, en particulier les oléagineux ; favoriser enfin la production de protéines végétales pour l'alimentation de son bétail d'élevage ? En effet, tout éventuel démantèlement de la PAC risque fortement d'affaiblir la prochaine échéance des négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), prévue en 1999 mais uniquement guidée par la libéralisation des échanges et des prix des produits agricoles et agro-alimentaires sans prendre le moins du monde en compte l'indispensable défense des emplois nationaux et européens dans ce secteur ? En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui indiquer, dans les plus brefs délais, les mesures qu'il entend prendre dans le cadre de la réforme de la PAC pour : 1o défendre activement une agriculture française et départementale compétitive et solidaire ; 2o faire reconnaître, dans les futures négociations internationales, la légitimité des zones de préférence régionales ; 3o que l'Union européenne, déficitaire de 20 %, favorise durablement la production de protéines végétales pour l'alimentation de son bétail d'élevage, renforçant par la même sa stratégie exportatrice de produits animaux ; 4o lutter contre la diminution des fonds structurels, destinés à aider les régions défavorisées, et qui touchera tout particulièrement les régions classées en zone 5 B dans notre département.

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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 12/02/1998

Réponse. - Une première étape vient d'être récemment franchie dans la négociation sur l'élaboration de la politique agricole commune de l'an 2000 avec le Conseil des ministres européens de l'agriculture des 17 et 18 novembre. En effet, le conseil a adopté à cette occasion un document entraînant l'adhésion de 14 pays, qui énonce les grandes orientations qui devront guider la nécessaire réforme de la PAC. Les orientations qui ont été retenues dans ce document correspondent à celles proposées par la délégation française à Luxembourg lors de la précédente réunion. Il avait souhaité que la réforme de la PAC se fonde sur un véritable projet pour l'avenir de notre agriculture et ne se résume pas à une adaptation dictée par des contraintes extérieures, et avait proposé pour cela qu'elle se fonde sur l'affirmation de l'identité de l'agriculture européenne, que l'Europe s'engage à la défendre sur le plan international et qu'elle se dote des moyens indispensables pour garantir son financement. Cette idée de base est au coeur du document qui vient d'être adopté par les 14 ministres. L'identité agricole ainsi proposée et qui a été retenue est celle d'une agriculture performante qui approvisionne le marché et international, qui joue un rôle actif en matière d'emploi, grâce, en particulier, à l'installation des jeunes agriculteurs dans des exploitations à taille humaine, qui réponde aux nouvelles attentes de la société en matière de qualité et de sécurité des produits ainsi qu'en matière d'occupation du territoire et de protection de l'environnement. En outre, comme les y avait invités la délégation française, les ministres ont " souligné que le problème du financement de la future PAC est crucial et qu'il importe de disposer des ressources appropriées et suffisantes pour mener à bien le processus de réforme. " Ils ont pour cela confirmé la nécessité de maintenir la ligne directrice agricole dans son principe et ses modalités de calcul. Enfin, le Conseil s'est engagé à défendre la réforme dans les enceintes internationales en préservant la préférence communautaire ainsi que la capacité de l'Europe à élaborer des normes élevées de qualité et de sécurité alimentaire. La Commission devra tenir compte de ces orientations ainsi que des positions exprimées par les délégations sur l'agenda 2000, tant en matière d'organisations communes de marché, de plafonnement des aides, que de politique d'occupation du territoire. De ce point de vue, ce texte est aussi compatible avec les positions exprimées par le gouvernement sur les grandes cultures, la viande bovine, les produits laitiers, la modulation des aides dans la subsidiarité ou le renforcement d'une politique en faveur de l'installation des jeunes et de l'aide aux zones défavorisées. Ces conclusions forment un bon socle sur lequel on peut bâtir une nouvelle PAC répondant aux attentes de nos agriculteurs et de la société. Le ministère de l'agriculture et de la pêche a apporté deux pierres essentielles à ses yeux : la défense de l'identité agricole européenne ; le maintien de la ligne directrice agricole garante des moyens de cette ambition. La Commission doit présenter, au début de l'année 1998, des propositions précises conformes au document adopté. Les négociations sur la réforme de la politique agricole commune reprendront après leur présntation.

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