Question de M. DARNICHE Philippe (Vendée - NI) publiée le 05/03/1998

M. Philippe Darniche appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur la qualité de l'apprentissage des langues étrangères dans notre pays. En effet, une étude récente conclue que seulement 45 % des adultes se disent pouvoir lire une langue étrangère, tandis que, selon nombre de cabinets de recrutement et de " chasseurs de têtes " le niveau de langue étrangère (lu -écrit - parlé) affiché dans les curriculum vitae est trop souvent surévalué par rapport au niveau réel du candidat. Par ailleurs, n'est-il pas surprenant qu'en Province ou en région parisienne, dans une classe de trente élèves d'un établissement public ou privée, la moyenne hebdomadaire d'expression orale dans une langue étrangère soit seulement de quatre minutes par étudiant ! Sans parler du constat cuisant de certains étudiants de classes préparatoires qui, ayant achevé leurs études supérieures, constatent que, par manque soutenu de pratique des langues étrangères dans les Grandes Ecoles, " leur niveau en langue étrangère était souvent bien supérieur en entrant qu'en sortant " ! En conséquence, il lui demande son avis personnel sur ce sujet et les mesures qu'il entend mettre en place en profondeur et sur le long terme pour : 1) favoriser enfin l'apprentissage des langues étrangères chez les jeunes tout en renforçant durablement l'expression orale ; 2) maintenir un niveau écrit et grammatical orienté vers la pratique et non seulement vers la connaissance livresque ; 3) donner toutes les chances à l'apprentissage soutenu des langues rares qui sont autant d'avantages concurrentiels pour nos jeunes souhaitant s'expatrier et trouver un travail à l'étranger.

- page 714


Réponse du ministère : Éducation publiée le 23/04/1998

Réponse. - La maîtrise des langues étrangères est aujourd'hui le gage d'une ouverture des élèves sur le monde, en même temps qu'un facteur décisif d'insertion sociale et professionnelle. Elle constitue à ce titre une priorité dans la formation des jeunes. Cette formation doit être assurée en anglais, mais aussi dans d'autres langues étrangères. Pour répondre à ces besoins, une réflexion globale sur l'enseignement des langues est actuellement en cours au sein du ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Elle vise à améliorer le niveau de nos élèves en langues vivantes, notamment en communication orale. Plusieurs hypothèses sont actuellement examinées et seront expérimentées au niveau du secondaire à la rentrée 1998, parmi lesquelles la possibilité de moduler les rythmes d'apprentissage et la taille des groupes en fonction des besoins des élèves. De plus, la généralisation de l'enseignement d'une langue vivante dans le primaire devrait constituer un élément important de l'amélioration de l'apprentissage des élèves. A la rentrée 1998, la quasi-totalité des élèves des classes de CM2 bénéficieront d'un enseignement de langue vivante et cette mesure devrait être étendue aux CM1 en 1999. Cet enseignement d'une heure et demie par semaine sera un véritable apprentissage. Les parents se verront progressivement offrir la possibilité de choisir la langue étudiée par leurs enfants parmi celles proposées en sixième dans le collège du secteur, ce qui permettra d'établir une continuité entre le premier et le second degré. D'autre part, convaincu de l'importance capitale du maintien d'une diversification des langues au sein de notre système éducatif, j'ai fait mettre à l'étude plusieurs propositions permettant d'augmenter la demande pour les langues les moins enseignées telles que l'allemand, l'arabe, l'italien, le portugais et le russe. Parmi ces mesures, j'ai demandé que soit établie une carte des langues dans chaque académie et que soient menées des campagnes d'information sur les spécificités et l'intérêt de chaque langue auprès des élèves et de leurs parents. Enfin, une part de nos actions de formation sera consacrée aux professeurs de langues étrangères, afin de les aider à recentrer leur enseignement sur la communication orale et de les préparer à tirer profit de l'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans l'enseignement de leur discipline. Un recours accru à l'utilisation des TIC devrait en effet permettre aux élèves de travailler selon leur rythme et d'introduire dans la classe une langue plus authentique.

- page 1325

Page mise à jour le