Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 04/06/1998

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'article d'un professeur de médecine, chef de service à l'hôpital Saint-Louis de Paris, paru à la page 2, du quotidien Le Figaro du 8 mai 1998, dans lequel son auteur estime que la France " devrait inscrire en tête de ses priorités " la reconstruction du centre hospitalier universitaire de Brazzaville bombardé et transformé en poste de tirs d'armes lourdes : " réaffirmant sa présence à Brazzaville, (ce programme) montrerait que la solidarité entre les peuples n'est pas seulement un thème de discours et que nous sommes à notre tour présents dans l'épreuve ". Il lui demande quelle est sa réaction face à ces propos et si la France envisage de participer à cette nécessaire reconstruction ; dans l'affirmative, quel sera le montant de sa participation financière.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 06/08/1998

Réponse. - Près de cinq mois de guerre à Brazzaville, capitale de la République du Congo, ont très durement touché les populations civiles, ainsi que les infrastructures. Parmi celles-ci, le dispositif hospitalier a été particulièrement atteint par les destructions, les pillages, mais aussi les ruptures d'approvisionnement en médicaments qui ont affecté l'ensemble des centres de soins du pays. La France a été le premier Etat à se porter au secours de la population congolaise en acheminant une aide humanitaire d'urgence, pour un montant de plus de 10 MFF, dont le secteur de la santé a été le principal bénéficiaire. C'est ainsi qu'une équipe médicale de la sécurité sociale a, dès le 20 octobre 1997, soit quelques jours à peine après la fin des combats, installé un hôpital de campagne au CHU de Brazzaville qui a permis de soigner de très nombreux blessés et de laisser à la disposition des médecins congolais un certain nombre de matériels. La France a aussi, en liaison avec les ONG, approvisionné en médicaments trente-cinq centres de santé et débloqué une aide en faveur du Centre national de transfusion sanguine et du laboratoire de l'hôpital Sicé de Pointe-Noire. Au-delà des opérations d'urgence, la France, dans le cadre de son aide à la reconstruction de la République du Congo, a le souci de mener une action prioritaire en faveur des populations civiles et de contribuer à l'effort de solidarité que l'honorable parlementaire appelle fort justement de ses v ux. Deux missions du ministère délégué à la coopération et à la francophonie se sont rendues sur place en janvier et juin 1998 afin d'identifier, en étroite coopération avec les autorités congolaises, les besoins essentiels dans le secteur de la santé. Ces missions n'ont pu que constater l'ampleur des dégâts causés par la guerre civile, s'ajoutant d'ailleurs aux difficultés structurelles, notamment dans le domaine de la gestion hospitalière, qui affectaient avant guerre l'ensemble du secteur. Comme le relève l'honorable parlementaire, le CHU de Brazzaville est en plein marasme. L'ampleur des besoins y est telle que la réhabilitation de cet hôpital mobiliserait durablement de très importants crédits, au détriment d'autres besoins urgents. Les moyens traditionnels d'aide ne pouvant suffire, il reste à envisager de nouvelles formes de partenariat. A cet égard, le jumelage entre services hospitaliers français et congolais, sur le modèle de la coopération décentralisée entre le centre hospitalier du Havre et l'hôpital Sicé de Pointe-Noire, est une piste qui retient l'attention de tous. Au terme des travaux menés par le ministre délégué à la coopération et à la francophonie, trois domaines sont apparus comme relevant d'une priorité absolue : la lutte contre la tuberculose, la lutte contre le sida et la mise en place d'une politique nationale du médicament. Ces orientations ont été approuvées par les autorités congolaires. Un fonds d'aide et de coopération (FAC) dans le domaine de la santé, pour un montant total de 10 MFF, a ainsi été mis en place, selon la procédure d'urgence, le 8 juillet 1998. D'autres actions sont prévues, notamment dans le cadre du FAC " crédits déconcentrés ", approuvé, lui aussi, le 8 juillet, d'un montant de 4,5 MFF qui pourront notamment être affectés à la réhabilitation de dispensaires de quartier. Au total, la France, qui a le souci d'être un partenaire fidèle du Congo, s'est engagée, lors de la réunion des bailleurs de fonds du 16 juin 1998 à Washington, à venir en aide à la République du Congo pour un montant de 110 MFF dans son effort de reconstruction.

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