Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 30/07/1998

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur l'entretien du président du Louvre accordé au Figaro et rapporté dans ce quotidien du 30 décembre 1996 dans lequel cet éminent historien, élu à l'Académie française, dénonce une carence dans le système d'enseignement français : " L'absence de tout enseignement de l'histoire de l'art au lycée. " Il lui demande quels progrès ont été accomplis dans ce domaine depuis décembre 1996.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 17/09/1998

Réponse. - Loin de constituer une carence dans le système française, l'enseignement de l'histoire de l'art existe en lycée depuis 1993. D'abord expérimental, il a été progressivement intégré dans les procédures normales de fonctionnement des établissements scolaires. I. Genèse d'un enseignement : la question de l'introduction d'un enseignement de l'histoire de l'art dans le système éducatif a été posée depuis de nombreuses années, notamment par les universitaires regroupés au sein de l'association des professeurs d'archéologie et d'histoire de l'université (APAHAU), qui ont souhaité, selon une logique disciplinaire, une véritable reconnaissance de leur discipline et des débouchés pour leurs étudiants par la création d'un CAPES et d'une agrégation d'histoire de l'art. L'évolution du mode de vie, l'intérêt pour le patrimoine, le soutien affirmé de la création contemporaine par l'Etat et les diverses collectivités, le succès des grandes manifestations artistiques (expositions, festivals, etc.) ont contribué ces dernières années à rendre souhaitable une plus grande prise en compte des domaines artistiques dans la formation scolaire. Toutefois, les différents intervenants dans le débat, selon leur origine et leur plus ou moins bonne connaissance des contraintes propres à l'enseignement secondaire, ont formulé et formulent des avis qui ne se réjoignent pas tous sur le dispositif et les contenus à mettre en uvre : nature de la formation, intégration dans le cursus des élèves, articulation avec les disciplines existantes, etc. Les enjeux universitaires s'entrecroisent par ailleurs dans ce dossier. Une commission, réunie fin 1992 début 1993, à l'initiative du cabinet du ministre, et présidée par le recteur Philippe Joutard, auteur d'un rapport remarqué sur l'enseignement de l'histoire, a été chargée de rédiger un programme expérimental. Ont participé à cette commission deux professeurs d'université en histoire de l'art, dont le président de l'APAHAU, lequel, tout en apportant volontiers sa contribution à la conception du programme, a fait connaître dès le départ son désaccord sur l'orientation du projet ministériel - projet qui, dès son origine, a retenu l'appellation histoire des arts et s'est refusé à envisager la création d'un concours de recrutement spécifique. A la suite des travaux de cette commission, un enseignement d'histoire des arts a été créé en lycéé, s'ajoutant aux quatre domaines artistiques existants : arts plastiques, cinéma et audiovisuel, musique, théâtre et expression dramatique. L'appellation " histoire des arts " a été retenue de préférence à " histoire de l'art " a été retenue de préférence à " histoire de l'art " pour mieux exprimer la prise en compte des expressions artistiques dans toute leur diversité et faire explicitement référence à un projet pédagogique conjoint porté par des enseignants de lycée possédant des profils complémentaires. Elle ouvre la possibilité d'un partenariat souple avec des professionnels ou des responsables d'institutions culturelles (conservateurs de musée ou de dépôt d'archives, architectes, musicologues, directeur de cinémathèque, etc.). Du texte du programme expérimental publié au bulletin officiel (BOEN nº 41 du 2 décembre 1993), on peut extraire les passages significatifs suivants : " En prenant place officiellement parmi les matières enseignées au lycée, l'histoire des arts confère aux disciplines artistiques une importance et une cohérence jamais atteintes jusqu'ici. Elle apporte une dimension culturelle nouvelle, établit une véritable transversalité entre des domaines artistiques trop souvent cloisonnés, conduit à la constitution d'équipes de formateurs relevant de champs très divers et instaure une relation effective entre les disciplines de la sensibilité et les disciplines du concept. L'histoire des arts en lycée d'enseignement général est un enseignement de culture. Cet enseignement englobe toutes les formes d'expression artistique : art urbain ; art des jardins ; arts appliqués et métiers d'art ; arts du spectacle ; musique, etc. Ce nouvel enseignement est fondé sur le partenariat. Des personnels enseignants de disciplines diverses, continuant à enseigner celles-ci, s'associent à des partenaires extérieurs à l'éducation nationale, spécialistes des arts étudiés. Ainsi constitués en équipe pédagogique, les uns et les autres apportent leurs compétences professionnelles complémentaires pour la mise en uvre d'un projet élaboré dans le respect des programmes régissant cet enseignement ". II. Accompagnement de l'expérimentation : l'enseignement optionnel d'histoire des arts a été mis en place à la rentrée de septembre 1993 dans une quinzaine de lycées à partir de projets retenus par le cabinet du ministre sur propositions des recteurs, avec des moyens horaires supplémentaires destinés à accompagner la phase expérimentale. Les premières épreuves au baccalauréat, définies dans le BOEN du 28 juillet 1994, ont été subies par 80 candidats en juin 1995, la partie écrite faisant l'objet d'une correction au niveau national. Une évaluation réalisée conjointement au printemps 1996 par l'inspection générale de l'éducation nationale et par l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale a révélé les forces et faiblesses du dispositif. Les programmes ont fait l'objet d'ajustements durant l'année 1996. Davantage en cohérence avec les programmes d'histoire, ils donnent par ailleurs une place accrue à l'étude des phénomènes architecturaux. Ils rejoignent une des préoccupations majeurs du débat culturel en reliant connaissances du patrimoine et attention à la création vivante. Ils ont été publiés en janvier 1997 (BOEN nº 1 du 2 janvier 1997). Ce nouvel enseignement se développant en fonction des politiques académiques d'offre de formation, la décision d'ouverture des sections " histoire des arts " relève aujourd'hui de la seule décision des recteurs. Un chargé de mission d'inspection générale a été nommé en février 1997 sur ce secteur. Dans les académies, le suivi de cet enseignement est assuré par des inspecteurs pédagogiques régionaux, lesquels veillent par ailleurs au bon déroulement de la correction des épreuves du baccalauréat. III. Situation actuelle : * Rappel du cursus histoire des arts en lycée : 1. Constat nº 1 : montée en puissance de cet enseignement : une étude interne menée par l'inspection générale de l'éducation nationale sur l'année scolaire 1997-1998 fait apparaître une montée en puissance de cet enseignement : 95 lycées répartis dans tout le territoire (sauf en Corse) offrent cet enseignement à plus de 3 500 lycéens ; près de 400 professeurs se sont impliqués en 1997-1998 dans l'enseignement de l'histoire des arts (128 professeurs d'histoire, 98 de lettres, 75 d'arts plastiques, 52 d'éducation musicale, 35 de philosophie et quelques individualités, en langues vivantes notamment ; un peu plus de 700 lycéens ont passé les épreuves du baccalauréat à la session de juin 1998. Ils seront plus de 900 en juin 1999. 2. Constat nº 2 : motivation des enseignants : plusieurs stages nationaux (1) ont regroupé les enseignants engagés dans l'opération et permis d'appréhender l'ampleur des investissements intellectuels consentis, d'analyser les relations nouées avec des partenaires extérieurs ou les institutions culturelles, de faire apparaître le rôle du chef d'établissement, de réfléchir sur les difficultés rencontrées et les conditions d'un travail d'équipe efficace. Les universitaires et les professionnels de la culture sont toujours sollicités ès-qualités dans le cadre des stages nationaux de formation des enseignants du second degré, et seront plus nombreux encore à l'être dans les stages interacadémiques de formation continue qui devront accompagner la création des options de lycée et entretenir leur vitalité. Un nombre significatif de professeurs agrégés ou certifiés de lettres, d'arts plastiques, d'histoire, d'éducation musicale, engagés dans l'enseignement de l'histoire des arts font bénéficier l'option des relations nouées avec les acteurs culturels régionaux et de compétences acquises dans les autres options artistiques. IV. Perspectives : un site internet est en cours d'élaboration. Il facilitera l'échange d'informations, de réflexions et d'expériences entre les établissements concernés. Pour organsier cette mise en réseau, un stage national regroupera des représentants de toutes les académies au centre régional de documentation pédagogique de Montpellier en décembre 1998. Une expérience d'enseignement à distance pour l'option facultative est actuellement mise en uvre avec succès dans l'académie de Lille (établissement support : lycée de Fourmies). Elle est susceptible d'être reprise dans d'autres académies. Comme pour les autres enseignements artistiques, des outils pédagogiques liés aux questions du programme sont produits avec le Centre national de documentation pédagogique et mis à disposition des enseignants. (1) Montlignon (novembre 93), Toulouse (septembre 94), Marseille (printemps 95), Bordeaux (novembre 95), Tours (avril 96), Besançon (mars 97), Sant-Denis (mars 98).

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