Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 30/09/1999

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'avis du Conseil économique et social (CES) sur le rapport intitulé : " Prospectives pour un développement durable : quelle politique de coopération avec les pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ? " adopté par cette même assemblée au cours de sa séance du 9 juin 1999 et dans lequel ses auteurs estiment à la page I-22 qu'il convient d'évaluer dans les pays de l'UEMOA " l'impact des activités culturelles soutenues par la France, notamment le développement des "industries culturelles" (cinéma, musique, expositions...), en particulier auprès des jeunes - mais aussi sur le plan économique et commercial -, dans leur effets positifs pour l'image des Africains dans le monde. " Il souhaiterait connaître son opinion face à cette suggestion et savoir si le Gouvernement français envisage de mener une telle évaluation.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 30/12/1999

Réponse. - Le ministère des affaires étrangères intervient de façon significative en appui au développement des activités culturelles dans les pays de l'UEMOA. Cette intervention de l'Etat français est importante par les moyens tant institutionnels que financiers et humains mis en uvre : réseau des établissements culturels, projets de coopération visant au développement culturel, interventions des opérateurs du dialogue interculturel, appui à la société civile dans sa mission de diffusion des créations africaines. S'il n'existe pas d'évaluation globale de cette politique culturelle, le ministère de la coopération puis le ministère des affaires étrangères ont régulièrement entrepris des évaluations sectorielles ou géographiques depuis le début des années 80. S'agissant du cinéma, l'administration française intervient depuis les indépendances en Afrique de l'Ouest dans ce secteur. La quasi-totalité des films produits localement ont bénéficié d'une participation française, financière mais également technique, principalement dans les premières années. Sans ce soutien, la production cinématographique africaine, mode d'expression le plus contemporain des identités culturelles nationales, ne serait pas aujourd'hui aussi riche et reconnue. C'est ainsi que la France fut, dès les années 60 et avant que ce concept ne soit créé en 1995, le premier défenseur de " l'exception culturelle " africaine. Son soutien a permis l'émergence de cinéastes reconnus dans le monde entier comme Souleymane Cissé, Sembàne Ousmane, Idrissa Ouedraogo, Cheick Oumar Cissoko, Abderrahmane Sissako. Le ministère des affaires étrangères n'a jamais mené d'étude sur l'impact de cette politique d'appui aux productions cinématographiques en Afrique de l'Ouest et c'est manifestement une action à entreprendre. Cependant, la notoriété et la reconnaissance mondiale (mesurée au nombre de récompenses recueillies dans les festivals à travers le monde et non pas un calcul d'audience impossible en l'absence de billetterie officielle dans la plupart des pays concernés) contribuent à donner à ces réalisateurs africains une image très forte dans leur pays où ils apparaissent comme des modèles pour la jeunesse. En ce qui concerne les effets positifs de l'appui aux activités culturelles pour l'image de l'Afrique dans le monde, la montée en puissance des productions artistiques africaines sur les marchés internationaux constitue le meilleur argument en faveur de la pertinence de la politique menée depuis plus d'une vingtaine d'années par la coopération culturelle française, en particulier par ses acteurs de terrain. La récente rétrospective des uvres d'Ousmane Sow sur le pont des Arts à Paris est emblématique de la percée, au plus haut niveau, d'artistes africains. L'image positive que ce continent offre au monde est portée par ses artistes tout autant que par ses sportifs. Toutefois, il serait sans doute opportun de conduire une évaluation globale du secteur culturel, permettant ainsi de disposer d'éléments actualisés et complets sur les liens qui existent entre la culture et le développement.

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