Question de M. HOEFFEL Daniel (Bas-Rhin - UC) publiée le 19/01/2000

M. Daniel Hoeffel interroge M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur l'enseignement des langues anciennes. L'application d'un seuil de 15 élèves serait nécessaire pour pouvoir ouvrir une classe de latin ou de grec. Cette mesure s'est traduite par une diminution sensible du nombre d'élèves suivant cet enseignement, tout particulièrement dans l'académie de Strasbourg. Par ailleurs, les élèves admis en section scientifique sont contraints de choisir en terminale entre la seconde langue vivante et une langue ancienne. Et par surcroît aucun cumul n'est possible entre la scolarisation en section européenne et l'enseignement d'une langue ancienne. Les élèves de ces filières sont ainsi privés de la possibilité d'acquérir une culture classique. L'ensemble de ces mesures compromet l'engouement observé ces dernières années en faveur des langues anciennes, malgré une réelle demande de la part des élèves ainsi que du corps enseignant. Quelles sont les orientations qui sont envisagées en faveur de la diffusion des langues anciennes ? Quelles sont, par ailleurs, les mesures concrètes permettant de traduire dans les faits la déclaration commune franco-italienne faite à Sienne le 2 juillet 1998 en faveur du développement de la culture classique et ratifiée par les chefs de gouvernement des deux pays ?

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Réponse du ministère : Équipement publiée le 23/02/2000

Réponse apportée en séance publique le 22/02/2000

M. Daniel Hoeffel. Ma question concerne l'enseignement des langues anciennes.
Plusieurs causes expliquent les difficultés que connaît actuellement cet enseignement.
Tout d'abord, l'application d'un seuil de quinze élèves, qui serait nécessaire pour ouvrir une classe de latin ou de grec.
Cette mesure s'est traduite par une diminution sensible du nombre d'élèves suivant cet enseignement, tout
particulièrement dans l'académie de Strasbourg, madame la ministre.
Par ailleurs, les élèves admis en section scientifique sont contraints de choisir en terminale entre la seconde langue
vivante et une langue ancienne. De surcroît, aucun cumul n'est possible entre la scolarisation en section européenne et
l'enseignement d'une langue ancienne. Les élèves de ces filières sont ainsi privés de la possibilité d'acquérir une culture
classique.
Un troisième aspect porte sur le problème des notes obtenues par les élèves en latin et en grec, qui ne seront plus
retenues pour l'obtention du brevet des collèges. Cette mesure risque de décourager certains collégiens et, en
conséquence, le seuil des quinze élèves ne pourrait plus être atteint dans un grand nombre d'établissements scolaires
du fait de ces nouvelles défections. Or, actuellement, les collèges connaissent de bons effectifs de latinistes.
L'ensemble de ces mesures compromet l'engouement observé ces dernières années en faveur des langues anciennes,
malgré une réelle demande de la part des élèves ainsi que du corps enseignant.
Quelles sont les orientations qui sont envisagées en faveur de la diffusion des langues anciennes ?
Quelles sont, par ailleurs, les mesures concrètes permettant de traduire dans les faits la déclaration commune
franco-italienne faite à Sienne le 2 juillet 1998 par les deux ministres de l'éducation en faveur du développement de la
culture classique et ratifiée par les chefs de gouvernement des deux pays ?
Le ministre de l'éducation nationale a eu raison d'affirmer dans cette déclaration qu'il souhaite développer « la culture
classique comme fondement d'une renaissance de l'Europe » et « un patrimoine historique et linguistique aux racines
communes ». Encore faut-il à présent que la concrétisation de ces intentions soit étayée par une volonté incontestable
à tous les niveaux, mais aussi et surtout par les moyens adéquats.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Monsieur le sénateur, M. Claude
Allègre, qui est pris par d'autres obligations ce matin, m'a demandé de vous faire part de sa réponse à votre question
sur l'enseignement des langues anciennes, ce que je fais bien volontiers.
L'organisation actuelle des enseignements en collège prévoit l'introduction progressive de deux langues vivantes
obligatoires et des langues anciennes facultatives, afin d'enrichir le parcours de l'élève au cours des quatre années de
scolarité. Le choix de la première langue vivante intervient en sixième, le latin est offert en option en cinquième, la
seconde langue vivante est abordée en quatrième et l'étude du grec est proposée en troisième.
L'enseignement de la langue latine a été renforcé puisque, depuis la rentrée de 1996, il est dispensé à raison de deux
heures hebdomadaires en cinquième et de trois heures hebdomadaires en quatrième et en troisième. L'enseignement
du grec est dispensé, quant à lui, depuis la rentrée de 1998 à raison de trois heures hebdomadaires en classe de
troisième et peut être choisi par des élèves étudiant le latin.
Ces deux langues ne sont donc plus en concurrence au niveau de la classe de quatrième, comme c'était le cas
antérieurement.
En outre, il n'apparaît pas que l'enseignement du grec ait souffert de ces nouvelles dispositions, puisqu'il concerne 1,93
% des élèves à la rentrée de 1998, proportion légèrement supérieure à celle de 1,91 % des élèves suivant cet
enseignement en classe de troisième en 1997-1998.
Pour ce qui est du lycée, les textes réglementaires concernant l'organisation et les horaires des classes de seconde,
première et terminale dans l'optique de la réforme des lycées ont été fixés par les arrêtés du 18 mars 1999, parus au
Journal officiel du 30 mars 1999 et au Bulletin officiel de l'éducation nationale du 8 avril 1999. Ils prévoient une
application de la réforme dans ces trois classes à compter respectivement des rentrées de 1999, de 2000 et de 2001.
M. Allègre vous assure donc que les langues anciennes conservent toute leur place dans le nouveau dispositif. En
classe de seconde, le latin et le grec peuvent être choisis soit comme enseignements de détermination, soit comme
options facultatives. En série L - littéraire - les élèves souhaitant acquérir un profil « lettres classiques » ont la
possibilité de choisir, dès la classe de première, deux langues anciennes.
Par ailleurs, dans toutes les séries de la voie générale, le latin et le grec peuvent être suivis au titre d'options
facultatives.
Il convient enfin de préciser qu'il n'existe pas de seuil réglementaire d'ouverture d'option. Il appartient aux chefs
d'établissement et aux autorités académiques d'en décider la création, en fonction de la demande d'enseignement et
des moyens dont ils disposent.
Le ministre de l'éducation nationale vous précise enfin que, en ce qui concerne les élèves des sections européennes, il
n'existe pas d'obstacle réglementaire à l'étude simultanée d'une seconde langue vivante et d'une langue ancienne.
M. Daniel Hoeffel. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Hoeffel.
M. Daniel Hoeffel. Les intentions du ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sont
louables, je les approuve et j'y souscris. Puisse cependant la mise en oeuvre des moyens, notamment en personnels,
être à la mesure de cette ambition affichée et se traduire concrètement dans l'ensemble des académies par des
décisions effectives. En effet, je reste plus que jamais, convaincu que les langues anciennes et la culture classique
sont un des fondements essentiels d'une Europe de l'éducation et de la culture. (Très bien ! et applaudissements sur
les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)

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