Question de M. PIRAS Bernard (Drôme - SOC) publiée le 24/02/2000

M. Bernard Piras attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur les récentes études tendant à démontrer que l'évaluation de notre sécurité sanitaire, au moyen du modèle animal, viole le principe de précaution. Ainsi, l'expérimentation sur le modèle animal, en vue de l'évaluation de la sécurité sanitaire humaine, semble remise en cause par certains scientifiques, et ce pour de nombreuses raisons : les réactions biologiques d'un modèle animal diffèrent des réactions biologiques humaines, cette évaluation ne peut se faire à long terme... Il lui demande si le ministère envisage de prendre des dispositions visant à y substituer des méthodes scientifiques, pertinentes et fiables.

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Transmise au ministère : Recherche


Réponse du ministère : Recherche publiée le 18/05/2000

Réponse. - L'animal mammifère est un modèle complet qui réunit en un seul individu tous les grands systèmes physiologiques existant chez les autres mammifères et chez l'homme (systèmes digestif, respiratoire, génital, nerveux, immunitaire, endocrinien). Cependant, des différences existent entre espèces au niveau de certaines réactions biologiques, et cela a pu être à l'origine d'extrapolation erronée à l'homme de résultats expérimentaux obtenus chez l'animal. Actuellement, ces différences sont bien connues et, en règle générale, le scientifique choisit un " modèle animal " validé pour l'étude retenue, parce que des études précédentes ont prouvé que le système physiologique étudié réagit chez l'animal comme chez l'homme, ou bien parce que l'espèce animale utilisée est l'espèce de destination du produit (médecine vétérinaire). Lorsque le système étudié n'est pas validé, il existe un faisceau d'informations scientifiques suffisant pour justifier le recours à un " modèle animal " donné, mais les résultats doivent alors être interprétés avec plus de prudence (utilisation de deux espèces animales, essais complémentaires). En outre, les techniques de la transgenèse permettent d'obtenir dans certains cas des modèles mimant très finement des maladies humaines. Les méthodes in vitro, mises au point par des chercheurs des secteurs publics aussi bien que privés, utilisent des systèmes biologiques simplifiés, tels que des organes isolés, des tissus en survie, des cellules en culture ou des systèmes sub-cellulaires d'origine humaine ou animale. Ces méthodes connaissent un développement très important et sont déjà utilisées sur une large échelle, notamment dans le criblage et la mise au point de molécules. Cette démarche concourt à réduire le nombre d'animaux de laboratoire employés. Cependant, les limites des méthodes in vitro tiennent à la simplification des systèmes biologiques qui ne permet pas de simuler la complexité des réactions dans un organisme entier. Il convient de procéder à la validation des méthodes alternatives pour établir leur pertinence et leur fiabilité. La Commission européenne a consenti un effort important en créant le centre européen pour la validation des méthodes alternatives (ECVAM) à Ispra, en Italie, qui a la charge de la mise en uvre des processus de validation. A ce jour, seulement trois méthodes sont parvenues au stade de la validation scientifique : deux qui permettent d'évaluer le pouvoir corrosif d'un produit et une pour détecter le pouvoir photoxique. Aussi, dans l'état actuel de nos connaissances, utiliser le modèle animal lorsque cela s'avère nécessaire permet de s'assurer du respect du principe de précaution.

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