Question de Mme BORVO COHEN-SEAT Nicole (Paris - CRC) publiée le 29/03/2000

Mme Nicole Borvo attire l'attention de Mme le secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés sur les activités de la chirurgie pédiatrique du groupe hospitalier Cochin - Saint-Vincent-de-Paul - La Roche-Guyon. La fermeture des services de chirurgie pédiatrique demandée par un groupe de travail du comité médical d'établissement et de la direction de la politique médicale de l'Assistance publique - hôpitaux de Paris (AH-HP) compromettrait gravement la qualité et la sécurité des soins pour l'accueil des urgences, pour la prise en charge des enfants handicapés et pour l'aval chirurgical de la maternité. Elle lui demande de rouvrir le dialogue avec tous les acteurs. Elle aimerait également savoir quelles initiatives elle compte prendre pour maintenir l'activité de chirurgie pédiatrique et neurologique dans le projet médical du groupe hospitalier Cochin - Saint-Vincent-de-Paul.

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Réponse du ministère : Économie solidaire publiée le 26/04/2000

Réponse apportée en séance publique le 25/04/2000

M. le président. La parole est à Mme Borvo, auteur de la question n° 772, adressée à Mme le secrétaire d'Etat à la
santé et aux handicapés.
Mme Nicole Borvo. Monsieur le secrétaire d'Etat, avec toute l'estime et l'amitié que j'ai pour vous, j'aurais préféré que
ce soit l'une de vos collègues en charge de ce dossier qui me réponde.
Mais venons-en maintenant aux faits.
La fermeture des services de chirurgie pédiatrique définie dans les orientations du rapport Segmentation des activités et
intégration régionale, copiloté par l'agence régionale de l'hospitalisation d'Ile-de-France et l'Assistance publique -
hôpitaux de Paris, AP-HP, qui sert de base au plan stratégique 2001-2004 à l'AP-HP, compromettrait gravement la
qualité et la sécurité de soins pour l'accueil des urgences, la prise en charge des enfants handicapés et l'aval
chirurgical de la maternité, s'il se traduisait, comme cela est prévu, par la fermeture du groupe hospitalier Cochin -
Saint-Vincent-de-Paul.
La chirurgie est notamment indispensable dans trois domaines-clés pour la sécurité et la qualité de la prise en charge
des nouveau-nés et des enfants.
Il en est ainsi pour l'accueil des enfants amenés en urgence au site pédiatrique du service d'accueil des urgences de
cet hôpital. Or, avec 25 000 urgences pédiatriques, dont 10 000 urgences chirurgicales correspondant à un bassin de
population de plus d'un million d'habitants, ce service d'accueil répond à une vraie mission de proximité.
En outre, ce service est indispensable pour la prise en charge chirurgicale des nouveau-nés porteurs de malformations
congénitales - c'est un centre agréé de diagnostic prénatal - et des urgences chirurgicales des grands prématurés
soignés dans les trente-huit lits de réanimation néonatale médicale ou chirurgicale du groupe hospitalier.
Enfin, ce service est également essentiel pour maintenir le pôle de référence neuro-orthopédique permettant la prise en
charge coordonnée dans le temps des enfants porteurs d'un handicap neurologique ou neuromusculaire sévère, et ce en
liaison avec tous les services nécessaires.
Un comité de sauvegarde, qui compte à ce jour 4 700 membres, s'est créé et se mobilise pour le maintien et pour le
développement du site pédiatrique, indispensable non seulement aux enfants parisiens, mais aussi aux enfants de la
proche banlieue.
Aujourd'hui, d'où l'intérêt de ce comité de sauvegarde, les malades et les usagers entendent participer pleinement aux
choix de santé. On le doit, me semble-t-il, aux bouleversements consécutifs au sida. Cet élément démocratique est
tout à fait intéressant et doit être retenu pour que des décisions acceptables soient prises.
Peut-on souscrire à l'idée de rayer de la carte un hôpital de renom national et international, de nier le travail remarquable
d'une équipe qui donne toute satisfaction à des familles déjà bien éprouvées par le handicap de leur enfant ?
Il me semble au contraire nécessaire, et même essentiel, d'engager à nouveau le dialogue avec tous les acteurs,
notamment avec le comité de sauvegarde qui comprend des acteurs et des usagers. Pourquoi ne pas recevoir une
délégation au ministère plutôt que d'opposer à ce comité une fin de non-recevoir ? Pourriez-vous également indiquer ce
que le ministère a prévu pour maintenir l'activité de chirurgie pédiatrique et neurologique dans le projet médical du
groupe hospitalier Cochin - Saint-Vincent-de-Paul ? Dans l'immédiat, il faut, me semble-t-il, suspendre l'exécution de la
décision de fermeture.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Guy Hascoët, secrétaire d'Etat à l'économie solidaire. Madame la sénatrice, vous avez appelé l'attention de Mme la
secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés sur le devenir de l'activité de chirurgie pédiatrique au sein du nouveau
groupe hospitalier Cochin - Tarnier - Saint-Vincent-de-Paul - La Roche-Guyon, cette activité étant actuellement assurée
sur le site de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul.
Il faut rappeler que la création de ce groupement, intervenue en 1999, a donné lieu à un projet médical visant, d'une part,
à regrouper l'ensemble des activités d'obstétrique et de néonatologie des hôpitaux Saint-Vincent-de-Paul et Cochin sur
un site unique, d'autre part, conformément aux orientations du schéma régional d'organisation sanitaire, à redéployer
des installations sur les hôpitaux de la périphérie, Paris-Bicêtre et Louis-Mourier, où doivent être créées des maternités
de niveau III, c'est-à-dire comportant une unité de réanimation néonatale.
Dans le cadre de ces orientations, deux propositions concernant les activités de chirurgie pédiatrique de l'hôpital
Saint-Vincent-de-Paul ont été formulées, à savoir la cessation de l'activité de chirurgie viscérale et le transfert de
l'activité de chirurgie orthopédique sur le site de l'hôpitale Bicêtre. Ces propositions, formulées dans un rapport
préparatoire à la mise en place du plan stratégique de l'Assistance publique - hôpitaux de Paris, doivent bien entendu
faire l'objet de concertations approfondies, de manière à vérifier qu'elles conduisent effectivement à un meilleur service
pour la population, sur le plan tant de la sécurité sanitaire que de l'accessibilité aux soins. Aucune décision n'a encore
été prise.
D'ailleurs, le directeur général de l'Assistance publique - hôpitaux de Paris vient de décider de constituer deux groupes
de travail, l'un sur la prise en charge des urgences pédiatriques et la prise en charge des nouveau-nés au plan
chirurgical, l'autre sur la prise en charge médico-chirurgicale du handicap.
Il importe que ces travaux complémentaires permettent d'apprécier la faisabilité des propositions de manière à garantir
aux patients des conditions optimales de prise en charge.
Plus généralement, Martine Aubry et Dominique Gillot sont très attentives à ce que l'élaboration du plan stratégique de
l'AP-HP fasse l'objet d'une concertation approfondie en son sein.
Vous avez formé le voeu que les acteurs de terrain soient reçus et entendus par Mme la ministre, et je ne manquerai
pas de m'en faire l'écho auprès d'elle.
Mme Nicole Borvo. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Monsieur le secrétaire d'Etat, ainsi donc aucune décision n'est encore prise. Je vous remercie de
l'avoir précisé ; j'y vois un engagement du ministère de procéder à toute la concertation nécessaire et j'insiste de
nouveau auprès de vous pour que le comité de sauvegarde soit entendu.
Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour évoquer la gravité de la situation de l'AP-HP. Les difficultés que connaît
Saint-Vincent-de-Paul me semblent actuellement significatives à cet égard. Si, pour 2000, 3,8 milliards de francs sont
en principe prévus au plan national pour les hôpitaux - on le doit, il faut bien le dire, à des mobilisations exceptionnelles
- seulement 174 millions de francs sont attribués à l'AP-HP, ce qui correspond aux 156 millions de francs d'économies
qui avaient été, une fois de plus, demandés dans le projet de budget.
J'ajoute que les mobilisations actuelles, notamment celle des internes des hôpitaux de Paris, ne sont pas à considérer
à la légère. Elles correspondent à des besoins réels qui tiennent à la spécificité des hôpitaux parisiens. Il est donc
significatif de voir la population, les usagers et les malades se mobiliser comme c'est le cas pour l'hôpital
Saint-Vincent-de-Paul.

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