Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 29/06/2000

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de Mme le ministre de la culture et de la communication sur l'annonce faite par son prédécesseur lors du conseil des ministres du mercredi 23 juin 1999 (page 6 du compte rendu), que " dans les écoles d'art et les écoles d'architecture, des modules de formation seront progressivement intégrés dans les programmes pédagogiques, afin de préparer les futurs professionnels à la transmission de leur savoir aux publics scolaires. " Il la remercie de bien vouloir lui indiquer si depuis cette annonce des mesures en ce sens ont été prises ou vont l'être prochainement.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 28/09/2000

Réponse. - La sensibilisation des publics scolaires à la ville, à l'architecture, plus généralement au cadre de vie est une priorité du ministère. L'éducation et la sensibilisation du public scolaire permettent non seulement de rompre avec la vision traditionnelle, trop restrictive de la réalisation architecturale comme une construction technique ou un chef d' uvre spectaculaire. Elles permettent surtout, plus que la description de l'art de bâtir, de décrire la production de l'esprit, la création qui constitue l'architecture. D'autre part, les élèves capables de se réapproprier leur environnement bâti acquièrent aussi une attitude de citoyen actif. 1º Les écoles d'art. En 2000-2001, quatre écoles d'art se sont portées volontaires pour mettre en place une formation expérimentale destinée à des plasticiens intervenants : " le certificat de formation des plasticiens intervenants ". Cette expérience pilote, initiée par la délégation aux arts plastiques, sera accompagnée d'une évaluation afin de mettre en place un réseau de centres de formation de plasticiens intervenants (CFPI), sur le modèle des centres de formation des musiciens intervenants (CFMI). L'objectif des CFPI est d'apporter à des plasticiens, encore étudiants ou déjà engagés dans la vie professionnelle, une formation complémentaire à leur pratique artistique fondée sur l'acquisition de compétences didactiques appliquées à la création contemporaine, de permettre le développement de la sensibilité esthétique et de l'initiation plastique. Elle réunit des stagiaires aux profils divers, qu'ils soient élèves en écoles d'art, intervenants dans les écoles, collèges, lycées, ateliers publics et réseaux associatifs, agents titulaires de la fonction publique territoriale dans le cadre de la formation continue ou artistes souhaitant acquérir une pratique de la didactique de l'art contemporain. Chaque CFPI accueille entre 15 et 20 stagiaires pour un volume horaire global de 300 à 400 heures selon les écoles, répartis dans des modules. A l'école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, les inscriptions ont eu lieu du 3 avril au 2 mai 2000. Le planning de la formation prévoit une semaine de présentation de la formation et de définition des enjeux et des modalités du 3 au 7 juillet 2000, puis une formation à temps plein du 11 septembre au 15 décembre. La commission de validation se réunira les 18 et 19 décembre 2000. A l'école supérieure des beaux-arts de Marseille-Luminy, les inscriptions ont eu lieu du 2 juin au 6 juillet 2000 et la sélection s'est close le 20 juillet. Le planning de la formation prévoit quatre journées de regroupement en septembre, 12 lundis de séminaire d'octobre 2000 à la mi-janvier 2001, un stage de trois semaines-un mois entre le 15 janvier et le 15 mai, quatre jours de séminaire à la mi-juin, puis trois semaines de réalisation d'une publication collective en juillet 2001. A l'école supérieure d'art et de design d'Amiens, les inscriptions ont eu lieu en juin 2000 et le recrutement a eu lieu en juillet. La formation s'échelonne de la fin septembre 2000 à la fin mai 2001, à raison d'une semaine par mois de 40 heures. Un mémoire sera réalisé à la fin de la formation. A l'Ecole nationale des beaux-arts de Bourges, les dossiers d'inscription devaient être remis avant le 30 juin 2000 pour le recrutement en septembre. Après un colloque de trois jours en octobre autour de la formation " Arts et thérapie ", la formation s'échelonnera jusqu'en mai 2001, à raison d'une semaine par mois. 2º Les écoles d'architecture. L'intégration de modules de formation dans les programmes pédagogiques des écoles d'architecture afin de préparer les futurs professionnels à la transmission de leur savoir aux publics scolaires relève des seuls établissements et de leur commission de la pédagogie et de la recherche, indépendants du point de vue du contenu des enseignements. A ce jour, cette mission éducative est prioritairement remplie par les conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (CAUE). Les programmes pédagogiques des écoles d'architecture montrent cependant une évolution sensible dans ce domaine. On peut d'ores et déjà noter dans le cursus même des étudiants en architecture des modalités pédagogiques qui leur permettent très tôt de se confronter aux techniques de transmission d'un savoir à des publics : les corrections de plus en plus collégiales obligent l'élève architecte à expliquer son projet et ses composantes à d'autres élèves. Elles l'obligent à construire une problématique, à y apporter une réponse, à développer un argumentaire avec des objectifs ciblés en fonction du public devant lequel il s'exprime ; dans de nombreuses écoles d'architecture, le monitorat fait partie intégrante de la structure pédagogique de l'établissement. Les étudiants plus âgés " encadrent " les nouveaux arrivés auxquels ils transmettent leurs connaissances et leurs savoir-faire (écoles d'architecture de Paris La Seine, par exemple). D'autres écoles ont mis en place un système identique mais au sein d'une même année d'études ; enfin, dans le cadre des stages de troisième cycle, certaines écoles signent une convention avec le conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement. Pendant le stage, une partie importante du temps des élèves architectes est consacrée à la sensibilisation des jeunes en âge scolaire (école d'architecture de Versailles, de Lille, de Montpellier, par exemple). En parallèle et de façon complémentaire, la direction de l'architecture et du patrimoine (DAPA), qui souhaite, pour les raisons évoquées ci-dessus, faire de cette sensibilisation une priorité, a mis en place d'autres structures : les ateliers du patrimoine permettent aux jeunes de découvrir le patrimoine monumental au travers de visites, de cours et d'exercices pratiques. Encadrés par un animateur du patrimoine, ces ateliers permettent aux jeunes de comprendre le patrimoine monumental au travers des techniques constructives, de l'histoire de l'architecture, d l'histoire des villes ; la création des ateliers d'architecture a permis à la DAPA l'élargissement de son champ d'intervention, avec comme priorité l'initiation à l'architecture contemporaine. L'atelier d'architecture permet aux élèves d'appréhender l'objet architectural, de le situer dans son environnement urbain et son contexte historique afin, plus largement, de lui donner sens. Il aide les enfants à mieux connaître le ville et facilite l'apprentissage de la citoyenneté. Les professeurs d'arts plastiques et d'arts appliquées qui sont en charge de ces ateliers sont aidés par des intervenants culturels (architectes, urbanistes, paysagistes, etc.) pour former une équipe pédagogique originale. La DAPA s'appuie sur ses services déconcentrés pour constituer ces équipes pédagogiques (notamment les services départementaux de l'architecture et du patrimoine et les architectes urbanistes de l'Etat qui les constituent) mais aussi pour mener d'autres expériences (comme l'organisation de stages pour sensibiliser les instituteurs au patrimoine et à l'architecture). Enfin, dans l'esprit de la loi nº 88-20 du 6 janvier 1988 et du décret nº 88-709 relatif au concours apporté par certaines personnes aux enseignements et activités artistiques se déroulant dans les établissements scolaires, la réforme des programmes (introduction de l'architecture dans la section histoire des arts en terminale littéraire et dans les programmes d'arts plastiques en troisième) accompagne les projets spécifiques d'ateliers d'architecture.

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