Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 28/09/2000

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'introduction de l'anglais en première langue dans le canton de Zurich. Cette décision a été prise au dépend du français dans les classes primaires et sans concertation avec les autres cantons. Il souhaiterait donc connaître les risques d'extension d'une priorité donnée à la langue anglaise à l'intérieur du territoire suisse.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 04/01/2001

Réponse. - Le ministère des affaires étrangères a bien pris connaissance de la décision du canton de Zurich d'introduire l'anglais comme première langue vivante dans les classes primaires, suivant, en cela, l'exemple du canton d'Appenzell, Rhodes-Intérieures, qui l'a précédé de huit mois. L'importance de cette décision, défavorable au statut de la langue française au sein de la Confédération suisse, n'a pas échappé au ministère des affaires étrangères, au moment même où l'on constate l'abandon du principe de priorité donnée jusqu'alors à l'enseignement des langues nationales et où l'on assiste au développement d'une véritable fracture linguistique entre les cantons romands et alémaniques, qui profitent à la langue anglaise au détriment des autres langues. Il faut souligner que la responsabilité de la politique linguistique relève, en Suisse, de la compétence des 26 cantons et semi-cantons. En ce qui concerne plus particulièrement le domaine scolaire, cette politique est organisée autour de quatre conférences régionales sous le contrôle de la conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP). A ce stade, faute de consensus, le CDIP a reporté à juin 2001 la décision qui devait être prise sur le choix de la première langue vivante dans les écoles et que le canton de Zurich n'a pas attendue. Dans l'intervalle, il est prévu une consultation large incluant les enseignants, pour savoir, parmi les deux langues vivantes qui seront enseignées à l'école primaire, de la langue nationale ou de l'anglais, laquelle le sera en premier. Il est clair que la décision des cantons de Zurich et d'Appenzell risque d'entraîner dans son sillage d'autres cantons alémaniques. Elle suscite déjà en Suisse un vaste débat auquel la ministre de la culture, Mme Ruth Dreifuss, a pris part, déclarant dans le journal de Luzern du 3 novembre qu'elle préférait donner priorité aux langues nationales. Face à cette situation, le ministère des affaires étrangères ne peut que respecter une décision relevant de la compétence des cantons mais envisage d'ores et déjà des mesures visant à favoriser le maintien de l'offre de notre langue en Suisse alémanique par des actions innovantes, en particulier dans le cadre extrascolaire. Une réflexion interministérielle sur ce sujet est actuellement en cours.

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