Question de M. GIROD Paul (Aisne - RDSE) publiée le 18/10/2000

M. Paul Girod demande à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement - se référant aux nombreuses déclarations relatives à l'absolue nécessité de mettre en oeuvre un troisième aéroport, en Ile-de-France, avec ceux de Roissy et d'Orly arrivés à saturation - de lui préciser le parti qu'il a pris à cet égard puisqu'il avait annoncé le mercredi 26 juillet 2000 qu'une décision sur " l'opportunité de construire un troisième aéroport sera prise avant la fin de l'été ", soit avant le 22 septembre (Le Monde du 28 juillet 2000).

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Réponse du ministère : Équipement publiée le 15/11/2000

Réponse apportée en séance publique le 14/11/2000

M. Paul Girod. Monsieur le ministre, je vous ai déjà posé une question concernant la mise en
place du troisième aéroport de la région parisienne le 17 octobre dernier. La décision de
principe devait être arrêtée avant la fin de l'été 2000. Comme il n'y avait toujours rien, je m'étais
permis de vous interroger.
Depuis, beaucoup de choses ont changé. En raison de la déclaration de limitation à 55
millions de passagers pour l'aéroport de Roissy - ce qui va se produire relativement
prochainement - le Gouvernement a en effet pris la décision d'ouvrir un troisième aéroport.
De ce fait, bien entendu, les polémiques se sont engagées, d'abord sur le bien-fondé de cette
décision. Roissy aurait théoriquement pu accueillir de 70 millions à 80 millions de passagers.
Mais, comme on a complètement « lâché » sur les précautions qui auraient normalement dû
être prises, nombre de nos concitoyens récemment installés subissent des nuisances.
Par ailleurs, une série d'hypothèses de localisation portent sur la Picardie, plus spécialement
sur le sud de l'Aisne, ce qui ne manque pas d'affoler tout le monde dans le secteur.
L'implantation d'un deuxième « Roissy », avec toutes les nuisances que cela implique, n'est
pas de nature à encourager la population à envisager la création d'un nouvel aéroport, même
s'il permet de créer 30 000 emplois.
Monsieur le ministre, il ne faut pas laisser « retomber la mayonnaise », si je puis dire. Il
faudrait que nos concitoyens sachent très rapidement si ce nouvel aéroport sera ou non
implanté dans le sud de l'Aisne. Si tel est bien le cas, il nous faudra en effet faire valoir nos
objections ou nos observations sur le site et les méthodes retenus. Si ce n'est pas le cas en
revanche, il nous faudra calmer les inquiétudes parfois exagérées qui se manifestent ici ou là.
Ma question est très précisément la suivante : quand saura-t-on si vraiment le sud de l'Aisne a
été retenu et, dans l'affirmative, où vous avez l'intention d'y implanter l'aéroport ?
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Monsieur
le sénateur, depuis le moment où vous avez posé une première fois une question concernant
le troisième aéroport, le Gouvernement a défini les orientations générales des schémas de
services et, dans ce cadre, a été posé le problème des aéroports et, plus généralement, celui
de la place du transport aérien dans notre pays.
Je ferai une remarque à titre préliminaire. A l'échelle mondiale, on constate un développement
assez intense du trafic aérien. Même si l'on peut envisager une substitution au transport
aérien par le train à grande vitesse lorsqu'il s'agit de distances relativements courtes,
inférieures à 600 kilomètres - c'est d'ailleurs déjà le cas entre Paris et Lyon ou Paris et Lille -
pour le reste, il est certain que l'on va vers un développement du trafic aérien.
Toutes les études prospectives que nous avons faites tablent raisonnablement sur une
perspective de croissance de l'ordre de 8 % à 9 %, puis de l'ordre de 3 % à 3,5 %. Pour les
vingt prochaines années, nous devrons donc accueillir 100 millions de passagers
supplémentaires. Cela nous oblige à la fois à développer les aéroports existants, y compris en
province, et à envisager la création de nouveaux aéroports, d'où la proposition de
Notre-Dame-des-Landes entre Rennes et Nantes ainsi que celle d'une meilleure utilisation de
l'aéroport Saint-Exupéry à Lyon. En même temps, un besoin se fait sentir dans le grand
Bassin parisien ; notez que je ne dis pas en Ile-de-France.
Pourquoi ne nous dites-vous pas à quel endroit, me direz-vous ? Nous voulons étudier tous les
éléments. Si le site de Beauvilliers a déjà fait l'objet d'études particulières, on sait bien que
des contraintes existent. Toutefois, nous ne l'excluons pas.
Le Gouvernement estime que trois régions peuvent être concernées. La vôtre en fait
évidemment partie puisqu'il s'agit de la Picardie, de la Champagne-Ardenne et du Centre. Je
n'ai d'ailleurs pas bien compris si vous étiez favorable ou non à ce troisième aéroport...
(Sourires.)
Le choix du site d'implantation de la nouvelle plate-forme sera arrêté en prenant en compte les
critères suivants : l'intérêt en termes d'aménagement du territoire, les contraintes de la
navigation aérienne, les potentialités offertes pour la desserte terrestre, la pertinence du site
dans l'économie du transport aérien ainsi que le contexte physique et environnemental. Bien
évidemment, on ne peut pas construire un aéroport sans penser à la lutte contre les
nuisances.
La localisation définitive sera de toute manière arrêtée à l'issue d'un débat public, organisé
sous l'égide de la Commission nationale du débat public. Le choix du site aura donc lieu en
toute transparence et de la manière la plus démocratique qui soit.
Les régions concernées seront consultées afin de faire part de leurs observations et de leurs
amendements aux propositions du Gouvernement, au plus tard le 15 avril 2001.
Enfin, monsieur le sénateur, la localisation du site figurera dans les décrets portant schémas
définitifs, dont le contenu sera acté au cours d'un comité interministériel d'aménagement et de
développement du territoire qui se tiendra à l'horizon de l'été prochain, après avoir, bien
entendu, été soumis pour avis aux délégations parlementaires de l'aménagement du territoire
de l'Assemblée nationale et du Sénat.
Certes, nous devions nous prononcer « avant la fin de l'été », et, finalement, la décision de
principe n'a été prise qu'un mois après. Pardonnez-nous de ce retard d'un mois ! Nous
arrêterons les choses précisément l'été prochain.
M. Paul Girod. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Paul Girod.
M. Paul Girod. Je vous remercie pour votre réponse, monsieur le ministre.
Certains ont cru voir dans la mise entre parenthèses - vous n'avez pas dit « l'abandon » - de
Beauvilliers le résultat d'une élection locale qui a fait que la protestation populaire a envoyé à
l'Assemblée nationale un représentant très opposé à l'aéroport !
J'ai pris note que cela n'avait eu aucune espèce d'importance dans les réflexions du
Gouvernement, ce qui est intéressant pour la suite de ce qui va se passer dans l'Aisne,
surtout en avril 2001, puisqu'au mois de mars 2001 il y aura des élections.
Ce n'est pas pour cela que n'auriez pas éliminé Beauvilliers - en tout cas, pas encore éliminé -
je suis ravi de le savoir. Cela nous sera utile.
Pour le reste, le vrai problème, c'est de calmer les inquiétudes. Il faut que nos concitoyens
sachent ce qui va se passer. Le 15 avril, c'est très bien : ce n'est pas un mois de retard qui
mettra le feu dans la maison. Ce qui est important, c'est de savoir qu'en avril prochain on
saura où on va.

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