Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 12/10/2000

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur la journée " En ville, sans ma voiture ", qui s'est déroulée le 22 septembre 2000. Il lui demande quel a été le bilan de cette opération, quelles conclusions en ont été tirées et aimerait savoir si elle sera prochainement renouvelée car, ainsi que l'affirme la page 17 du Monde du 22 septembre, " cette opération coup de poing est, bien sûr intéressante, mais elle ne doit pas être une journée sans lendemain ".

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Réponse du ministère : Aménagement du territoire publiée le 14/12/2000

Réponse. - La ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a pris connaissance, avec intérêt, de la question concernant le bilan de l'opération " En ville, sans ma voiture ". La journée " En ville, sans ma voiture ", lancée par le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, se déroule depuis trois ans chaque 22 septembre. En 1998, 34 villes françaises ont participé à l'opération. Dès l'année suivante, en 1999, la journée a commencé à prendre une tournure européenne, l'Italie et la Suisse s'y associant fortement avec quelque 160 villes dont 66 en France. En 2000, 71 villes ont été partenaires en France, mais ce sont 14 pays de l'Union européenne qui ont décidé de participer dans le cadre du programme LIFE de la Commission européenne, soit plus de 700 villes ayant signé une charte européenne inspirée du modèle français et utilisant le visuel créé par la France. En fait, tous les pays de l'Union ont participé, les Pays-Bas (90 villes) ayant préféré organiser cette journée le dimandhe 24 septembre mais ayant d'ores et déjà annoncé leur adhésion pour le 22 septembre prochain en 2001. Et en réalité, l'opération a largement débordé des frontières de l'Union européenne, puisqu'en plus de la Suisse, la Slovénie, la Slovaquie, la Roumanie, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, Malte et Chypre ont également participé, la Lituanie ayant organisé la journée le 23 septembre. En dehors de l'Europe, l'Islande et Israël se sont ralliés à l'opération, plusieurs pays d'autres continents commençant à s'y intéresser en vue de 2001 (Brésil, Argentine, Japon, Corée, Canada). La Chine vient de faire savoir qu'elle venait d'organiser en octobre la première journée sans voiture. La Grande-Bretagne a d'ores et déjà annoncé sur son site Internet la journée de 2001. La journée " En ville, sans ma voiture ", qui se veut avant tout pédagogique, vise deux objectifs principaux : sensibiliser les citadins aux problèmes de circulation urbaine (encombrement, pollution, sécurité...) et leur donner l'occasion de se réapproprier la ville ; permettre aux municipalités de tester in situ de nouveaux modes de déplacements ou de livraisons (bus à gaz, transports alternatifs, véhicules utilitaires plus propres...). Cette initiative rejoint tout à fait les préoccupations des citoyens mais également les priorités de l'Union européenne en matière de mobilité, de transports urbains et de politique durable pour la ville. La qualité de la vie, plus particulièrement au sein des grandes cités, est en effet une préoccupation commune à une majorité de citoyens européens. Selon l'Eurobaromètre diffusé par la Commission européenne, 70 % des Européens se déclarent inquiets quant à la qualité de la vie et placent la pollution de l'air au premier rang de leurs préoccupations environnementales. Les sondages d'opinion qui ont été réalisés à l'occasion de cette journée montrent qu'elle bénéficie d'une très forte notoriété : plus de 90 % dans toute la France. Les réponses obtenues cette année par l'IFOP auprès de la population de six villes européennes (Lille, Barcelone, Hambourg, Helsinki, Turin, Copenhague) sont du même ordre, hormis pour les habitants de Copenhague (61 %) où cet événement s'inscrit dans une semaine de transports " verts " davantage médiatisée que la journée. La forte adhésion de la population se confirme puisque plus de 80 % des personnes interrogées à Lille, Barcelone, Helsinki, Turin et Copenhague trouvent que c'est une bonne idée. Seuls, les habitants de Hambourg sont un peu plus réservés (70 %) ce qui s'explique peut-être par le fait que cette ville bénéficie d'une certaine avance en ce qui concerne les transports urbains. Plus de 80 % des habitants des six villes étudiées sont favorables au renouvellement de ce type d'opération, plus de 70 % d'entre eux souhaitant même un renouvellement plus fréquent. En matière d'environnement, les citadins ont particulièrement apprécié la baisse du niveau de bruit et surtout le changement d'ambiance sonore. La baisse de pollution de l'air ne concerne souvent que les périmètres réservés et les axes où la réduction de circulation est importante. Par contre, cette journée a peu d'influence sur les niveaux de pollution de fond. Concernant les usages de l'espace public, les pratiques de la rue n'étaient pas sensiblement différentes de celles d'un jour ordinaire, mais partout régnait une ambiance générale plus détendue et plus conviviale. Par ailleurs, malgré sa durée limitée et le périmètre restreint qu'elle génère, la journée " En ville, sans ma voiture " apporte des informations intéressantes pour les plans de déplacements urbains (PDU), qui visent la mise en place d'une politique pérenne. Toutes les actions qui favorisent le débat public sur les enjeux des déplacements et d'environnement, permettant ainsi d'accroître la sensibilisation des citadins à ces questions, sont tout à fait nécessaires pour contribuer à créer une culture commune " grand public ". Une enquête réalisée le 22 septembre dernier par l'institut BVA auprès des utilisateurs de transports en commun dans quatre villes partenaires a notamment montré que près des trois quarts des personnes interrogées n'avaient jamais entendu parler de PDU ou étaient incapables de dire à quoi se rapportait le PDU. L'opération a également un rôle fédérateur important auprès des acteurs politiques et techniques des différentes collectivtés, en particulier entre les autorités organisatrices de transport urbain et les villes, cette dimension paraît très positive pour la mise en place des PDU. Le 22 septembre, une petite partie seulement des citadins teste d'autres moyens de déplacement que leur mode habituel, alors que c'est un des objectifs forts des PDU. La faiblesse du report modal du 22 septembre s'explique par le caractère limité de l'opération, par le poids des habitudes, mais aussi par la difficulté pour les collectivités, à mettre en place des alternatives à la voiture pour une journée. Mais, en même temps, l'opération renforce la nécessité de coupler des mesures de restriction pour la voiture au développement d'alternatives crédibles et efficaces, notamment en transport collectif. Par ailleurs, l'opération montre qu'un périmètre tout à fait sécurisé pour les cyclistes suscite un accroissement important de l'usage de la bicyclette, confirmant ainsi que la sécurisation des déplacements à vélo est une condition nécessaire au développement de ce mode de transport. Si des études antérieures avaient déjà mis en évidence de tels résultats, l'opération a le mérite de l'exprimer en vraie grandeur. L'impact sur la qualité de l'air de mesures radicales de restriction de la circulation sur un périmètre restreint est finalement assez limité, alors que les attentes sociales sont fortes sur ce sujet. Les PDU doivent donc définir des actions volontaristes dans la durée et à une échelle géographique plus vaste, afin d'agir sur la qualité de vie en ville au sens large. En effet, la lutte contre le bruit, le partage de l'espace public, la place et la sécurité de toutes les catégories d'usagers constituent également des enjeux importants, que l'opération " En ville, sans ma voiture " contribue à placer dans le débat des choix politiques. Les commerçants restent, comme en 1998 et 1999, la catégorie la plus partagée sur cette journée. Une enquête réalisée en 1999 montrait que la moitié d'entre eux seulement trouvaient que c'était une bonne idée. Il est à noter toutefois qu'ils sont de moins en moins hostiles chaque année dans les villes qui renouvellent l'opération, le meilleur exemple étant la ville de La Rochelle où ils participent même activement. Les ville qui ont su organiser une vraie concertation ont rencontré beaucoup moins de réactions négatives, une des clés consistant à associer les commerçants très en amont. Cette concertation avec les commerçants est particulièrement importante. Elle permet, en effet, d'expliquer les enjeux liés aux actions de limitation de la circulation automobile et au développement de l'accessibilité par d'autres modes de transport que la voiture qui visent notamment à rendre les centres-villes plus attractifs. Le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement a souhaité comme les autres années disposer d'une évaluation de la journée " En ville, sans ma voiture ". Bien que les résultats des différentes études, comptages analyses, notamment ceux réalisés par les ville partenaires, ne soient pas encore tous disponibles, le premier bilan général de la journée paraît très positif. Toutes ces données sont intégrées au fur et à mesure sur le site Internet www.22september.org. Cette opération ayant toujours été menée par le ministère dans la plus grande concertation avec les villes concernées, c'est avec ces dernières que le bilan sera examiné afin d'en tirer, ensemble, les enregistrements pour 2001.

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