Question de M. DEBARGE Marcel (Seine-Saint-Denis - SOC) publiée le 17/11/2000

Question posée en séance publique le 16/11/2000

M. Marcel Debarge. Je vais essayer à mon tour de poser une question de bon sens, puisque le
bon sens semble être au rendez-vous !
La question que je pose s'adresse à M. le ministre délégué à la ville. Elle concerne les jeunes, la
place des jeunes dans notre société, des jeunes des villes mais également des jeunes des
campagnes.
Pour notre pays, pour l'avenir de notre société, cette place revêt de plus en plus d'importance.
Bon nombre de ces jeunes, contrairement aux images qui paraissent, savent mener des actions de
solidarité pour peu qu'ils en aient la possibilité et qu'ils trouvent les moyens nécessaires. J'ai pu le
constater dans mon département, mais cela se vérifie ailleurs. Dans les départements difficiles, on
trouve des jeunes qui agissent dans le domaine associatif, culturel ou sportif.
Monsieur le ministre, un récent rapport de l'Institut national de la santé et de la recherche traite de
la question des souffrances et des violences à l'adolescence. Il est nécessaire que les souffrances
diverses concernant l'adolescence soient abordées au même titre que les violences, dont on ne
peut nier la gravité.
Certains veulent croire - je ne dis pas qu'il n'y ait quelques raisons à cela - que les adolescents
sont porteurs de violence. Mais ils sont également les victimes d'un certain nombre de violences,
et nous devons en tenir compte.
Il ne s'agit pas d'établir un équilibre entre ces deux conceptions. Il s'agit de s'approcher au plus
près de la réalité de la vie quotidienne et collective.
Monsieur le ministre, dans le droit-fil de l'action gouvernementale, compte tenu du rapport que je
viens d'évoquer, je voudrais savoir quels ajustements - c'est vous qui, je crois, avez employé le
terme - doivent être apportés à l'action que conduit le Gouvernement pour mieux appréhender la
place des adolescents dans notre société et quelle coordination supplémentaire peut être
envisagée avec les autres ministères concernés, mais également avec les associations et les
collectivités locales.
C'est grâce à un vaste effort collectif que nous parviendrons, non pas à régler ce problème, mais
tout au moins à tracer des perspectives qui permettent à notre société de progresser dans un sens
positif. (Applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste
républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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Réponse du ministère : Ville publiée le 17/11/2000

Réponse apportée en séance publique le 16/11/2000

M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. J'ai, en effet, commandé aux chercheurs de
l'INSERM le rapport dont vous avez parlé, monsieur le sénateur, au lendemain de l'apparition du
vocable « sauvageon », qui avait, à l'époque, fait couler beaucoup d'encre.
J'ai voulu savoir s'il n'y avait que les jeunes des banlieues qui posaient des problèmes, qui en
arrivaient au degré de violence retracé dans les pages des faits divers et, si tel était le cas,
pourquoi l'on arrivait à ce résultat.
Le rapport des chercheurs est clair. Nous sommes tous touchés, ruraux, urbains, dans tous les
milieux sociaux, par ces manifestations de violence.
Car, derrière la violence qui fait la une des journaux, il y a aussi une violence dont on parle moins
souvent, la violence des jeunes vis-à-vis d'eux-mêmes, qui se traduit par des accidents de la
circulation, de l'anorexie, et surtout, hélas ! par un nombre incroyable de suicides.
J'ai donc souhaité que l'on puisse réfléchir à un certain nombre de pistes, différentes des réponses
qui peuvent être apportées par la police ou par la justice. Il m'a paru important que la représentation
nationale se saisisse de la question de savoir comment éviter à notre jeunesse ce tryptique infernal
: avoir mal, faire mal, mettre à mal.
Les chercheurs ont pris le risque de nous présenter cent propositions pour nous démontrer qu'ils
n'entendaient pas simplement s'en tenir à la réflexion mais qu'ils voulaient aider les élus et la
représentation nationale à explorer de nouvelles pistes, à envisager des solutions.
Les uns et les autres, dans nos collectivités locales, nous en mettons déjà certaines en pratique.
Le Gouvernement s'efforce, de son côté, d'apporter sa pierre : mesures innovantes pour lutter
contre l'échec scolaire ; institution des parcours TRACE - trajet d'accès à l'emploi - pour permettre
à celles et ceux qui ont connu l'échec scolaire de pouvoir prétendre à nouveau à l'emploi ;
différentes mesures prises par le ministère de l'emploi et de la solidarité ou celui de la jeunesse et
des sports.
Les chercheurs nous conseillent, pour les années qui viennent, de renforcer nos actions dans deux
directions : en matière de veille éducative et en matière de suite éducative.
Il apparaît que bon nombre de ces jeunes qui provoquent de la violence sur eux-mêmes ou sur la
société, à un moment donné, sont en échec scolaire ou, parfois, « décrochent » du système
scolaire, même s'ils sont encore soumis à l'obligation scolaire. Les chercheurs nous conseillent
donc de mettre en place une veille éducative de manière que ces jeunes n'aient pas l'impression
que l'on se désintéresse de leur sort.
Par ailleurs, ces mêmes chercheurs insistent pour que, au-delà de la période d'obligation scolaire,
pour les jeunes qui ont subi l'échec, soit assurée une suite éducative, leur permettant de revenir
vers des voies normales de socialisation.
Sans doute faudrait-il aussi aider les élus à réinventer les maisons des jeunes qui existaient voilà
quelques années. En effet, on le voit bien, dans nos collectivités, il manque des lieux où les jeunes
puissent eux aussi s'exprimer. (Applaudissements sur les travées socialistes ainsi que sur celles
du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. Monsieur le ministre, je vous remercie d'avoir évoqué ainsi l'oeuvre d'André
Malraux au ministère de la culture.

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