Question de M. de MONTESQUIOU Aymeri (Gers - RDSE) publiée le 29/11/2001

M. Aymeri de Montesquiou attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur le rôle de la France dans le processus de paix en Afghanistan. La France, dont le lycée français de Kaboul a formé de nombreux cadres afghans, et en tout premier lieu Ahmed Shah Massoud, était très présente dans ce pays avant la guerre civile. Aujourd'hui la France est en retrait par rapport à la position qu'elle devrait avoir dans le processus de paix en Afghanistan, le choix de Berlin pour la tenue de la Conférence internationale en est un exemple. De plus, les Etats-Unis et le Japon ont coprésidé une réunion sur la reconstruction en Afghanistan, une nouvelle réunion étant prévue pour le mois de janvier 2002 au Japon. Il souhaiterait qu'il lui indique les initiatives que la France entend prendre et le rôle qu'elle entend jouer dans le processus de paix et la reconstruction de l'Afghanistan.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 24/01/2002

La France continue de suivre avec la plus grande attention le processus politique qui doit permettre un retour à la paix en Afghanistan. Elle a constamment apporté son soutien à l'action du secrétaire général des Nations unies et à celle des représentants personnels pour l'Afghanistan qu'il a désignés. Le ministre des affaires étrangères a eu l'occasion à plusieurs reprises de présenter au représentant spécial de M. Kofi Annan pour l'Afghanistan, M. Lakhdar Brahimi, les vues françaises sur le processus de paix. La France a été le premier pays à présenter, le 1er octobre, un plan d'action pour l'Afghanistan qui a intégré une approche politique et des volets relatifs à l'aide humanitaire ainsi qu'à la reconstruction de ce pays. Ce plan a reçu un accueil largement favorable non seulement de nos partenaires de l'Union européenne, mais aussi des différents gouvernements auxquels il a été communiqué. La France a maintenu sa représentation ouverte à Kaboul tout au long des dernières années. Le précédent chargé d'affaires, en résidence à Islamabad, a effectué dans la capitale afghane des séjours fréquents et prolongés, dont l'un des objectifs essentiels était d'obtenir du régime des Talibans des garanties pour la sécurité des organisations non gouvernementales françaises actives en Afghanistan. L'actuel représentant de la France, qui s'est installé à Kaboul le 22 novembre, a été l'un des premiers diplomates étrangers à revenir dans ce pays. Des contacts réguliers ont été maintenus avec les dirigeants des diverses factions afghanes, qui ont été reçus à maintes reprises au Quai d'Orsay, qu'il s'agisse des envoyés de l'ex-roi Zaher ou des responsables du Front uni. Ainsi, le Dr Abdullah, ministre des affaires étrangères de l'administration intérimaire entré en fonction le 22 décembre en application du récent accord de Bonn, a été plusieurs fois reçu par des hauts fonctionnaires au cours des dernières années, avant d'accompagner le commandant Massoud lors de ses entretiens à Paris le 4 février. Le ministre des affaires étrangères s'est entretenu le 5 décembre avec M. Qanouni, ministre de l'intérieur, le jour même de la signature de l'accord de Bonn. Le choix de Bonn pour accueillir la récente conférence interafghane, à laquelle assistait bien entendu une délégation d'observateurs français, a paru judicieux pour diverses raisons : la présence en Allemagne de la plus forte communauté afghane résidant dans les pays européens, le fait que l'Allemagne abritait l'un des mouvements exilés oeuvrant en faveur d'une solution pacifique en Afghanistan - le processus de Bonn -, et qu'elle exerçait cette année la présidence du groupe de soutien à l'Afghanistan, qui coordonne l'aide humanitaire apportée par la communauté internationale à la population afghane. Il convient également de rappeler que la France a renforcé considérablement cette année sa contribution à l'aide humanitaire destinée aux Afghans et dont le montant atteint 208 millions de francs, auquel s'ajoute sa quote-part aux programmes de l'Union européenne, soit 64 millions. Cette contribution est composée notamment d'une importante aide alimentaire, dont une première partie est en cours d'acheminement, et de subventions à des projets d'organisations non gouvernementales présentes en Afghanistan. Un contingent français, dont la mission est de participer à la sécurisation de l'aéroport de Mazar-e-Charif pour assurer l'acheminement de l'aide dans les régions du nord de l'Afghanistan, a été récemment déployé dans cette ville. L'intégralité de l'aide française (31 tonnes) arrivée en novembre en Ouzbékistan a été transférée par des barges à travers l'Amou Daria vers l'Afghanistan. Un avion transportant une aide d'urgence composée de 33 tonnes de médicaments et de matériel médical destinés aux hôpitaux de Kaboul (11,5 tonnes) et à sept organisations non gouvernementales françaises (21,5 tonnes) est arrivé à Kaboul fin décembre. Parallèlement, la France a fait une priorité de la nécessité d'améliorer le sort des populations civiles afghanes et marqué sa détermination à participer aux efforts de reconstruction. Lors de la conférence de Washington, le 20 novembre, la France a oeuvré en faveur de l'attribution à l'Union européenne de l'une des quatre coprésidences du comité de pilotage alors instauré pour la reconstruction de l'Afghanistan. Des réflexions destinées à recenser les domaines dans lesquels la France possède une expertise qui pourrait être mise au service de la reconstruction dans ce pays ont été engagées. Plusieurs domaines d'action ont d'ores et déjà été identifiés : développement agricole, éducation, santé, patrimoine, déminage et condition féminine. A l'initiative du ministre des affaires étrangères, une " journée Afghanistan " a été organisée le 4 décembre, qui a permis un débat fructueux entre participants des secteurs public et associatif. Une mission française s'est rendue à Kaboul pour évaluer la situation dans le domaine hospitalier. D'autres missions sont prévues dans les prochaines semaines pour procéder à des évaluations dans des secteurs prioritaires. Le ministre délégué à la coopération et à la francophonie s'est rendu à Kaboul le 13 décembre pour discuter avec les futurs responsables de l'administration intérimaire afghane des contributions que la France pourrait apporter à l'oeuvre de reconstruction dont ils auront la charge. Les axes proposés par la France en matière d'éducation et de santé ont été bien accueillis. Le ministre délégué chargé de la coopération et de la francophonie a pu visiter avec le ministre afghan de l'éducation les lycées franco-afghans de garçons (Esteqlal) et de filles (Malalai). Une mission d'experts devrait rapidement intervenir pour examiner la remise en état de ces deux établissements pour la rentrée scolaire de mars prochain. En matière de santé, les équipes déjà sur le terrain ont pu identifier les premières aides à apporter d'urgence à l'hôpital Aliabad. Des perspectives à moyen terme commencent à se dessiner. La France sera cela dit attentive à ce que sa coopération bilatérale se fasse en coordination avec les agences internationales.

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