Question de M. LORIDANT Paul (Essonne - CRC) publiée le 06/12/2001

L'église Saint-Roch demeure fameuse pour avoir été le théâtre des événements du 13 vendémiaire an IV. Or, la restauration, organisée par le ministère de la culture, a malencontreusement effacé toute trace de la canonnade ordonnée par le général Bonaparte pour balayer l'insurrection, supprimant du même coup les cicatrices visibles de cette importante page de notre histoire. En conséquence, M. Paul Loridant demande à Mme le ministre de la culture et de la communication de lui préciser les raisons de ce " sacrilège " et enfin de lui faire savoir s'il est possible d'y remédier.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 21/03/2002

La ministre de la culture et de la communication assure l'honorable parlementaire que les travaux de restauration de la façade principale de l'église Saint-Roch à Paris (1er), effectués sous la maîtrise d'ouvrage de la ville de Paris et la maîtrise d'oeuvre de l'architecte en chef des monuments historiques en charge de l'arrondissement, après autorisation délivrée par la direction régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France, ont respecté les traces laissées par l'histoire sur ce monument. Elle lui précise qu'il n'a été procédé, à l'occasion de ces derniers travaux, à aucun changement ni ragréage de pierre dans les parties basses de la façade. Dans son projet architectural et technique, l'architecte en chef des monuments historiques maître d'oeuvre avait pris soin de mentionner que l'objet des travaux n'était évidemment pas de traiter les traces de tir au canon commandées par le général Bonaparte. Les instructions techniques du projet relatives à la restauration des parements de la façade et de ses modénatures avaient explicitement prévu que " les épaufrures et légers bris des moulures et corniches seront conservés en l'état car ils constituent pour nous une marque de l'histoire digne d'être conservée et qui ne présente pas de danger pour la conservation du monument ". Il faut signaler que, selon toute vraisemblance historique, ce ne sont pas des boulets de canon, mais du plomb de mitraille qui fut utilisé pour réprimer les émeutiers de Vendémiaire et qui endommagea la façade de l'église Saint-Roch, notamment ses colonnes. A certains endroits, des traces d'impact de mitraille sont encore visibles ; à d'autres endroits, ces impacts, trop importants, avaient été comblés de longue date par des reprises dans les maçonneries (ou " bouchons ") et des réagréages, qui existaient avant les derniers travaux, comme l'attestent de nombreuses photographies. La seule intervention sur ces traces a consisté dans l'application d'un jus teinté destiné à mieux intégrer les bouchons et les réagréages qui avaient vieilli de façon différente de la pierre d'origine. L'émotion suscitée par cette restauration paraît donc davantage provenir d'une modification de la perception visuelle de traces préexistantes, que de la réalité des travaux effectués.

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