Question de Mme BEAUDEAU Marie-Claude (Val-d'Oise - CRC) publiée le 11/07/2002

Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de Mme la ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies sur la situation de la recherche publique en Ile-de-France. Elle lui fait remarquer que, malgré un contexte de croissance globale dans le pays, les personnels de la recherche publique francilienne ne représenteraient plus que 39,3 % des effectifs du pays en 1998, contre 40,2 % en 1995 et 50 % dans les années 1980. Elle lui demande de lui communiquer l'évolution en cours des années 1999-2000-2001 des effectifs de la recherche publique afin de voir si nous assistons à la poursuite de cet affaiblissement alors que Paris détient encore la première place technologique en nombre de brevets parmi les 13 plus grandes régions technologiques. Elle lui demande si elle n'estime plus nécessaire de revoir l'orientation du SDIRF (schéma directeur de l'Ile-de-France) prévoyant que l'économie francilienne devrait s'orienter vers une croissance plus limitée que celle du pays. Elle lui demande de lui faire connaître si cette révision n'est pas devenue urgente compte tenu de la détérioration des " indicateurs d'image " sur la France et l'Ile-de-France en comparaison avec d'autres régions européennes comme Londres et Munich. Elle lui demande de lui faire connaître les mesures qu'elle envisage pour donner de nouveaux moyens à la recherche publique en Ile-de-France, comme dans l'ensemble du pays alors que l'on assiste à l'exode des scientifiques de l'Union européenne vers d'autres parties du monde.

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Réponse du Ministre délégué à la recherche et aux nouvelles technologies publiée le 07/11/2002

 

La recherche publique française a été concernée, comme d'autres secteurs d'activités, par les différents trains de mesures de déconcentration, en particulier celles des établissements d'enseignement supérieur et de recherche prévues par la première loi de décentralisation de 1982, étendues en 1991 par les décisions de déconcentration du Gouvernement, qui visaient au rééquilibrage du territoire français. Après une trentaine d'années de lentes modifications des bassins d'emploi aussi bien industriels que scientifiques, au sein d'une politique d'aménagement des territoires, on peut constater que la position et l'image de l'Ile-de-France, restent, en 2002, très positives en Europe et dans le monde. L'Ile-de-France, pôle mondiale de recherche : avec une forte concentration de personnels de recherche, 5,7 % du potentiel de l'Union européenne, l'Ile-de-France est un acteur scientifique et technologique de tout premier rang. Cette situation favorable est soumise à la pression de pôles concurrents autant européens que mondiaux. Plusieurs études (IAURIF 1998 et 2000, GEMACA II) comparent la région avec d'autres grandes métropoles ou régions comme Londres, Tokyo, Munich, Rhin-Rhur, Randstad, etc. Tous les indicateurs récents montrent que l'Ile-de-France, tout en restant une grande région à l'échelle mondiale pour sa recherche et développement (R & D), subit un effritement de ses positions. Contrairement à toutes les autres grandes régions, l'Ile-de-France est restée pluridisciplinaire et ne s'est pas spécialisée dans une thématique particulière. Tous les grands secteurs de la recherche et de l'innovation sont présents dans cette région et occupent tous une position dominante : 80 % des secteurs sont en 1re, 2e ou 3e position par rapport au classement des grandes métropoles. La seconde région française, Rhône-Alpes, arrive en 8e ou 9e position dans ce classement européen, derrière d'autres régions comme par exemple Randstad Holland, Rhin-Rhur, Rhin-Main, Munich, Berlin, Madrid ou Milan. 127 500 personnes (en équivalent temps plein) travaillent en 1999 dans des laboratoires de recherche publics ou privés, ce qui représente 42,1 % du potentiel national. Cette proportion atteint même 49,1 % pour les effectifs nationaux de chercheurs du secteur privé (cf. tableau ci-dessous) et plus de 60 % dans le domaine des sciences humaines et sociales.

EFFECTIFS RÉGIONALISÉS DE LA RECHERCHE PUBLIQUE ET PRIVÉE EN 1999 (1)

France

Ile-de-France

Ile-de-France/
France
(en %)

Personnel de la recherche publique

 

 

 

Chercheurs et enseignants-chercheurs

64 645

23 795

3,8

Boursiers de thèses

14 729

5 536

37,6

Ingénieurs, techniciens et cadres administratifs (ITA)

51 608

21 379

41,4

Total

130 982

50 710

38,7

Personnel de la recherche privée

 

 

 

Chercheurs et ingénieurs

75 390

36 998

49,1

Techniciens et autres personnels

96 174

39 859

41,4

Total

171 564

76 857

44,8

Ensemble

 

 

 

Chercheurs, ingénieurs, boursiers

154 764

66 329

42,9

Effectifs d'accompagnement

147 782

61 238

41,4

Total

302 546

127 567

42,1

 

 

 

 

 

(1) Ces effectifs sont exprimés en équivalent temps plein. Il s'agit d'effectifs régionalisés pour la recherche publique (93% des effectifs nationaux sont régionalisés)

 

Source : MENRT, traitement ARD Paris Ile-de-France, 2002

 

Première ou seconde  région européenne en science et en technologie, l'Ile-de-France regroupe une partie importante de la recherche nationale dans presque tous les domaines scientifiques, à travers ses universités, les laboratoires des grands organismes nationaux (CNRS, INRA, INRIA, INSERM, CIA ...) et ceux des groupes industriels privés. L'Ile-de-France, c'est en effet 17 universités, de très nombreuses écoles d'ingénieurs parmi les plus prestigieuses (école polytechnique, écoles normales supérieures, école nationale supérieure des mines de Paris, école centrale des arts et manufactures), mais aussi des grandes écoles de commerce (HEC, ESSEC ...). En 1999, avec plus de 13,4 milliards d'euros, dont 25 % dans le secteur public, les dépenses de recherche et développement de l'Ile-de-France représentent plus de 3 % du PIB régional. Néanmoins, le secteur de la recherche et du développement est marqué par un vieillissement de ses équipes et de ses équipements. Se développer quantitativement et se réorganiser pour répondre aux nouveaux défis scientifiques du 21e siècle, tel est l'enjeu pour cette région. Elle doit également attirer de nouveaux investissements ou de nouvelles ressources pour entretenir et renforcer sa capacité d'innovation. Au moment où les grandes entreprises mettent en compétition les grandes régions scientifiques mondiales pour l'implantation de leurs centres de recherche, les atouts de l'Ile-de-France ont permis de séduire récemment des sociétés telles qu'ArrayComm, Motorola, Nortel Networks ou REALmagic. Les implantations récentes de SOLEIL etdu centre de recherche européen du groupe Danone sur le plateau de Saclay sont deux autres exemples du signe de l'excellence et de l'attractivité de la région capitale dans le domaine de la recherche et du développement. De nouveaux moyens pour la recherche en Ile-de-France : dans une économie qui repose de plus en plus sur le savoir, les ressources scientifiques et technologiques sont, à long terme, un gage de la compétitivité d'un territoire. Elles sont aussi un moteur de l'économie qui peut permettre de réduire la fracture sociale en produisant des biens et des services nouveaux. Aussi, l'État et la région, au travers du contrat de plan 2000-2006, montrent leur volonté de soutenir des projets structurants dans le cadre d'un aménagement harmonieux du territoire francilien. Cet aménagement doit notamment prendre appui sur les pôles d'excellence existants : Paris et le plateau de Saclay en particulier, venant compléter les sites et réseaux récents ou en émergence tels que le Génopole, la vallée de la Bièvre ou la maison des sciences humaines en Plaine-Saint-Denis. L'État et la région se sont associés pour fédérer les compétences disciplinaires réparties sur le territoire francilien autour de cinq thématiques identifiées comme prioritaires dans le développement de la recherche dans la région : les sciences du vivant, l'optique et les nanotechnologies, les sciences de l'univers et de l'environnement, les technologies de l'information et de la communication, les sciences humaines et sociales. C'est par une réorganisation de la recherche autour de pôles bien identifiés, comme l'ont fait depuis longtemps les autres régions françaises, que l'Ile-de-France attirera de nouvelles forces vives de la recherche-développement.

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