Question de M. SUEUR Jean-Pierre (Loiret - SOC) publiée le 23/01/2003

M. Jean-Pierre Sueur appelle l'attention de M. le secrétaire d'Etat aux anciens combattants sur les initiatives nécessaires pour maintenir vivante la mémoire des résistants qui ont été emprisonnés dans l'ancienne abbaye de Fontevraud pendant la Seconde Guerre mondiale, Cette abbaye, ayant fait office de prison de 1803 à 1963, a été un lieu de détention et de travaux forcés pour des résistants français de 1940 à 1943. M. Louis Breton, résistant à Fontevraud de janvier 1942 septembre 1943, décrit dans son ouvrage intitulé " Mes bagnes de la Loire au Danube " les conditions de vie extrêmement éprouvantes qui étaient imposées aux détenus. Il décrit aussi comment, " à plusieurs reprises, les Allemands étaient venus chercher des otages parmi nous, qui ont été fusillés dans les environs de la centrale ". Parmi les résistants internés à Fontevraud, 27 ont été livrés aux Allemands, quatorze sont morts suite à la faim, à l'épuisement et aux mauvais traitements, et dix ont été fusillés. Or, aujourd'hui, alors même que l'abbaye de Fontevraud est devenue un important lieu touristique, ce passé n'est pas rappelé. Les visiteurs ne peuvent pas accéder aux anciens dortoirs des prisonniers et il n'existe pas de plaque commémorative mentionnant les noms des résistants qui y ont été incarcérés. Il lui demande en conséquence quelles dispositions il compte prendre pour que la mémoire de la Résistance reste vivante à Fontevraud, notamment au sein du musée consacré à l'histoire de l'abbaye dont la création est prévue.

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Réponse du Secrétariat d'Etat aux anciens combattants publiée le 17/04/2003

Propriété de l'Etat, l'ancienne abbaye royale de Fontevraud, mise à la disposition de la région des Pays de la Loire par convention, abrite le centre culturel de l'ouest (CCO) qui est chargé, notamment, de l'animation et de l'organisation des visites. L'Etat assure un important programme de travaux de restauration et d'entretien auquel, depuis 1975, il a consacré plus de 3 500 000 euros sont notamment présentés, dans une vitrine, un émouvant texte de Mme Jackie Le Galleu-Tallouam, " Mon premier parloir ", dans lequel elle décrit sa visite rendue en février 1942 à son mari emprisonné pour faits de Résistance, l'état nominatif, établi le 13 juillet 1945, des Résistants fusillés par les Allemands - six en février 1942 et quatre en décembre 1942 - ainsi que la reproduction de graffitis relevés dans les cellules. Est également affiché, dans une cellule, un extrait du texte de Louis Breton, " Ces hommes qui ne reculaient pas devant la mort... ", tiré de " Mes bagnes de la Loire au Danube ", qui retrace la souffrance des Résistants emprisonnés à Fontevraud... S'y ajoutent d'indispensables opérations d'aménagement au titre desquelles il était notamment prévu de créer un espace d'exposition. A la suite d'importants désordres causés par les eaux pluviales et face à la nécessité de réaliser des travaux d'urgence et de sécurité représentant un coût important, l'aménagement de l'espace du musée a dû être différé. En conséquence, le lieu qui devrait permettre de présenter l'histoire carcérale de Fontevraud de 1804 à 1965, ne pourra pas être disponible avant plusieurs années. Cependant, une solution palliative a été mise en oeuvre. Ainsi, dans la " Cour des geôles ", à proximité de l'entrée, une exposition récemment mise en place informe les visiteurs du passé carcéral de l'abbaye en présentant des éléments de la vie quotidienne des prisonniers (effets vestimentaires, objets, ...) et honore la mémoire des martyrs de la Résistance emprisonnés et fusillés à Fontevraud.

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