Question de Mme GOURAULT Jacqueline (Loir-et-Cher - UC) publiée le 14/02/2003

Question posée en séance publique le 13/02/2003

Mme Jacqueline Gourault. Monsieur le Premier ministre, un proverbe chinois dit : « Le respect ne vaut pas la soumission. » Sans respect de ses partenaires et sans respect des règles qui organisent leurs relations, le partenariat n'est-il pas qu'un vain mot ?

Le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies se réunira demain pour entendre à nouveau Hans Blix et Mohammed El-Baradei. Cette réunion s'inscrit dans un processus de cessez-le-feu et de désarmement de l'Irak ouvert par la résolution 687 d'avril 1991 et réaffirmé par la résolution 1441, résolution proposée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne et votée à l'unanimité des membres du Conseil de sécurité le 8 novembre 2002.

Le désarmement de l'Irak n'est pas l'objectif d'un seul pays. C'est l'objectif de toute la communauté internationale. C'est ce qu'ont rappelé la France, la Russie et l'Allemagne dans leur déclaration commune du 10 février. C'est ce que démontrent encore les propositions que la France a transmises aux membres du Conseil de sécurité pour renforcer les inspections en Irak.

Pourtant, rassemblée autour d'un objectif commun, la communauté internationale affiche le spectacle de ses clivages : un Conseil de sécurité divisé, une OTAN fragilisée, une Europe impuissante et muette, contrainte aux communiqués contradictoires.

Le monde multipolaire que nous appelons de nos voeux doit reposer sur l'existence de plusieurs puissances qui s'écoutent et se respectent. Ce monde multipolaire ne peut exister sans une Europe forte, organisée, capable de faire entendre sa voix.

Nous souhaitons que la France et ceux qui soutiennent ses initiatives parviennent à convaincre leurs partenaires européens et américains pour que soit trouvée une issue à la crise irakienne, dans le respect des règles qui régissent la communauté internationale.

Monsieur le ministre, à la veille d'une réunion du Conseil de sécurité décisive et à quatre jours d'un Conseil européen convoqué par la présidence grecque, comment le Gouvernement entend-il poursuivre son effort de conviction auprès de nos partenaires et alliés pour que le règlement de la crise irakienne ne mette pas en péril les règles organisant la communauté internationale, la relation transatlantique et le continent européen ?

- page 827


Réponse du Ministère des affaires étrangères publiée le 14/02/2003

Réponse apportée en séance publique le 13/02/2003

M. Dominique de Villepin, ministre des affaires étrangères. Madame le sénateur, merci : « Respect », voilà un joli mot !

M. René-Pierre Signé. 49-3 !

M. Dominique de Villepin, ministre. Combien est-il nécessaire de méditer sur l'importance de cette notion dans les relations internationales aujourd'hui ! Vous ne trouverez pas, vous aurez beau chercher, au cours de ces dernières semaines,...

M. René-Pierre Signé. 49-3 !

M. Dominique de Villepin, ministre. ... une seule critique déplacée, une seule critique personnelle de la part de la France à l'égard de ses alliés. Notre diplomatie, comme notre politique, repose - M. le Premier ministre vient de le rappeler - sur des principes : le droit et la morale. Elle repose sur un objectif : le désarmement de l'Irak.

M. René-Pierre Signé. Et la Côte d'Ivoire !

M. Dominique de Villepin, ministre. Elle repose sur une méthode : le choix de la sécurité collective, le choix des Nations unies comme instance de règlement. La force ne peut être qu'un dernier recours.

Derrière tout cela, il y a effectivement une certaine vision du monde, d'un monde organisé en grands pôles de stabilité, d'un monde où la puissance et la force ne sont pas les seuls éléments déterminants et où le Conseil de sécurité des Nations unies joue le rôle de conscience organisée.

Bien évidemment, cela entraîne des exigences : celle d'unité, unité de la communauté internationale que nous avons défendue en soutenant la résolution 1441, celle de légitimité et - il faut le rappeler plus que jamais - celle d'efficacité. Or, pour être efficace, il faut être unis.

Dans ce contexte, la France défend toujours les mêmes principes.

Nous le faisons devant le Conseil de sécurité. Nous le faisons également au sein de l'OTAN, où nous ne pouvons accepter de cautionner la préparation d'une attaque préventive contre l'Irak alors même que nous défendons, au Conseil de sécurité, le choix de l'inspection, de la coopération active et positive. Nous le faisons et nous continuerons de le faire en Europe. (M. René-Pierre Signé s'exclame.)

Vous savez tous, mesdames, messieurs les sénateurs, que les chefs d'Etat et de Gouvernement se réuniront lundi. Ils auront alors rendez-vous avec l'histoire et avec les peuples de l'Europe, qui savent dans leur chair que la guerre est toujours la pire des solutions.

- page 827

Page mise à jour le