Question de M. HOEFFEL Daniel (Bas-Rhin - UMP) publiée le 03/04/2003

M. Daniel Hoeffel appelle l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur le problème de la transposition en droit français de la directive européenne n° 2001-29 du 22 mai 2001, relative à " l'harmonisation de certains aspects du droit d'auteur et des droits voisins dans la société de l'information " et des conséquences d'affaiblissement que cela risquerait d'engendrer pour l'enseignement supérieur et la recherche. La directive offre la possibilité d'exempter l'enseignement supérieur et la recherche du paiement des droits et de toute compensation financière. En effet, les universités s'acquittent déjà de la redevance pour les photocopies, qui a atteint un montant important, elles vont être soumises au paiement du droit de prêt ; ajouter le droit d'auteur et les droits voisins pour les documents numériques aurait un triple effet. Les charges financières des universités seraient alourdies et les établissements ne pourraient que se tourner vers leur ministère de tutelle pour un abondement proportionnel de leurs dotations. L'accès des chercheurs, enseignants-chercheurs et étudiants aux documents numériques, ferait l'objet de sévères limitations. Ne pouvant accéder principalement qu'à des sources gratuites, les intéressés utiliseraient les documents anglo-saxons, les recherches des enseignants et chercheurs seraient considérablement appauvries. La diffusion de la science et de la culture française se réduirait et cela d'autant plus paradoxalement que ce sont les enseignants-chercheurs et les chercheurs qui sont les auteurs que l'on prétend protéger. Il lui demande si des mesures sont envisagées pour remédier à cette situation et aider les établissements universitaires.

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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 27/11/2003

L'introduction dans la loi de transposition de la directive n° 2001/29 du 22 mai 2001 d'une exception pédagogique de caractère général, notamment au profit des établissements d'enseignement supérieur, serait incompatible avec cette directive elle-même et les traités internationaux, notamment l'accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), qui interdisent toute exception de nature à porter atteinte à l'exploitation normale des oeuvres ou à causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes des ayants droit. Une telle initiative serait en effet, sur le plan économique, de nature à spolier les droits de propriété des créateurs, des artistes et des industries culturelles et, par voie de conséquence, à compromettre la poursuite de leur travail, et la pérennité même de certaines entreprises culturelles, notamment dans le secteur de l'édition. La prise en compte des besoins identifiés et réels des établissements d'enseignement supérieur ne peut résulter que d'un dialogue entre les représentants des universités et les ayants droit. Ces derniers ont, dans les années récentes, démontré leur disponibilité à conclure des accords avec le ministère chargé de l'éducation et de la recherche et ont consenti à cette occasion des efforts de modération concernant les rémunérations. Néanmoins, conscient des préoccupations des établissements d'enseignement, le ministère de la culture et de la communication a proposé au ministère de la jeunesse, de l'éducation et de la recherche de mettre en place des groupes de travail conjoints associant les représentants des ayants droit. Ces groupes de travail, qui viennent de commencer à se réunir, doivent permettre de dégager la voie adéquate pour parvenir, avant la fin de cette année, à un juste équilibre entre le respect de la propriété littéraire et artistique et l'intérêt bien compris de l'enseignement supérieur.

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