Question de M. FOURNIER Bernard (Loire - UMP) publiée le 22/05/2003

M. Bernard Fournier serait reconnaissant que M. le ministre des affaires étrangères lui communique la position de notre pays sur l'affaire dite " jeunes de Manisa " qui se déroule en Turquie. Les informations qui nous sont transmises par les organisations non gouvernementales sont tout à fait inquiétantes. La justice turque semble faire durer en longueur l'exécution de la peine des policiers tortionnaires de seize lycéens. Il s'agit là d'une attitude incompréhensible de la part d'un pays ayant ratifié la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales et qui, de plus, reste candidat à l'intégration dans l'Union européenne. Aussi il le remercie de l'informer sur les moyens diplomatiques que la France pourrait diligenter pour manifester son inquiétude auprès du gouvernement turc.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères publiée le 03/07/2003

Le procès dit des " jeunes de Manissa ", du nom de la ville du sud-ouest de la Turquie dans laquelle dix policiers avaient torturé seize jeunes manifestants en 1995, a trouvé tout récemment son aboutissement. Le 4 avril dernier, ces policiers ont été condamnés à des peines de prisons de soixante à cent-trente mois. Au terme d'une longue procédure, la Cour de cassation a prononcé les peines les plus lourdes jamais infligées en Turquie pour des faits de torture impliquant des forces de l'ordre. Les policiers étaient cependant absents lors de l'audience, et la peine a dû être prononcée par contumace. Depuis, un policier s'est rendu à la justice de son pays. Ce verdict montre que les choses évoluent peu à peu en Turquie. Les autorités françaises resteront cependant particulièrement vigilantes quant au respect effectif des critères politiques de Copenhague. En effet, selon ces critères, arrêtés en 1993 au Conseil européen de Copenhague, l'adhésion requiert d'un pays candidat des institutions stables garantissant la démocratie, la primauté du droit, les droits de l'homme, le respect et la protection des minorités. Lors du Conseil européen des 12 et 13 décembre derniers, l'Union européenne a salué les mesures importantes prises par la Turquie pour satisfaire à ces critères, qui concernent de nombreuses priorités définies dans le " Partenariat pour l'adhésion " adopté sous présidence française de l'Union, en décembre 2000, et actualisé en avril 2003. En réponse aux demandes précises de l'Union et de la France, un sixième " paquet législatif " doit d'ailleurs être très prochainement adopté par l'Assemblée nationale turque. Consciente du chemin restant à accomplir concernant l'application des textes législatifs sur le terrain, la France encourage le gouvernement turc à prendre de nouvelles initiatives concrètes. Les issues positives telles que celle du procès des " jeunes de Manissa " doivent être saluées. Elles indiquent un changement des mentalités qui doit encore être confirmé.

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