Question de M. BAILLY Gérard (Jura - UMP) publiée le 30/10/2003

M. Gérard Bailly appelle l'attention de M. le secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat, aux professions libérales et à la consommation sur la vive inquiétude des artisans et commerçants indépendants concernant l'ouverture de la publicité télévisée à la grande distribution. En effet, la publicité télévisée était jusqu'à maintenant interdite en France à quatre secteurs d'activité : la presse, l'édition, le cinéma et la distribution. Or la France a fait récemment l'objet d'une mise en demeure de la Commission européenne qui remet en cause ces interdictions. Et le récent décret n° 2003-960 du 7 octobre 2003 prévoit d'ouvrir graduellement la publicité télévisée aux enseignes de la grande distribution, sur les chaînes du câble et du satellite dès le 1er janvier 2004 puis, progressivement, sur les autres supports. Cette situation est très inquiétante car l'ouverture de la publicité télévisée à la grande distribution va déstabiliser gravement le secteur de l'artisanat alimentaire qui n'a pas les moyens financiers de rivaliser dans ce domaine. Le sponsoring permet déjà à la grande distribution d'accéder d'une manière indirecte à la télévision et a un impact important auprès des consommateurs. C'est pourquoi il souligne le rôle essentiel des commerces et entreprises de proximité dans l'aménagement du territoire. Alors que le gouvernement a fait des efforts considérables pour revitaliser le commerce rural et renforcer l'attraction des commerces en centre-ville, il paraît difficilement compréhensible de réduire à néant ces actions en ouvrant la publicité télévisée à la grande distribution. Il lui demande donc quelles sont les actions qu'il envisage de mener afin de sauvegarder l'avenir du petit commerce et de l'artisanat qui sont de vrais services de proximité, indispensables pour éviter la désertification rurale.

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Réponse du Secrétariat d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat, aux professions libérales et à la consommation publiée le 27/11/2003

Le décret du 27 mars 1992, pris pour l'application des articles 27 et 33 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, a fait l'objet de critiques de la Commission. En effet, la restriction à la libre prestation de services paraît disproportionnée compte tenu des objectifs poursuivis. La Commission européenne a ouvert, en mai 2002, une procédure pré-contentieuse envers la France, au sujet de l'interdiction de publicité télévisée portant sur quatre secteurs d'activité : la presse, l'édition, le cinéma et la distribution. Le ministère de la culture a été chargé de procéder à des consultations non seulement des secteurs directement visés par les recettes publicitaires (secteurs de la presse et de la radio essentiellement), mais aussi des secteurs professionnels en cause. La position du secrétariat d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat, aux professions libérales et à la consommation dans ce dossier a été, tout en cherchant à répondre aux exigences de la Commission européenne, de limiter au maximum l'ouverture de la publicité pour la distribution. La solution finalement retenue est l'ouverture à la publicité au 1er janvier 2004 pour les chaînes locales et les chaînes thématiques du câble et du satellite, fin 2004 pour la télévision numérique terrestre dès son lancement, et au 1er janvier 2007 pour les chaînes analogiques hertziennes. Toutefois, les campagnes de publicité à caractère promotionnel seront interdites sauf pour la distribution hors du territoire national. Cette solution paraît être le minimum indispensable au renoncement par la Commission de ses poursuites contentieuses contre la France. Par ailleurs, plusieurs pistes ont été évoquées avec les professionnels du secteur de l'alimentation en détail pour renforcer l'attractivité des centres-villes, notamment pour les commerces de bouche. Une réflexion doit être menée en premier lieu sur les moyens juridiques et financiers qui pourraient être mis à disposition des collectivités locales pour faciliter la reprise de murs et de fonds de commerce ; une politique active d'apprentissage en faveur des très petites entreprises serait également de nature à renforcer la visibilité sur les métiers exercés en centre-ville. Enfin, il convient dès à présent de bâtir des instruments de communication efficaces en faveur des formes de distribution traditionnelle, notamment en renforçant la reconnaissance des qualifications et du savoir-faire de ce secteur d'activité fondamental pour notre économie. Toutes ces pistes devront faire l'objet d'expertises plus approfondies, en concertation avec l'ensemble des partenaires concernés.

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