Question de M. FRANCHIS Serge (Yonne - UMP) publiée le 05/12/2003

Question posée en séance publique le 04/12/2003

M. Serge Franchis. Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé.

La seizième journée mondiale de lutte contre le sida a offert l'occasion d'actualiser notre connaissance de l'état de progression de cette pandémie.

Je rappellerai quelques chiffres : 40 millions de séropositifs dans le monde, dont les trois quarts en Afrique et 7,5 millions en Asie ; 11 millions d'enfants africains orphelins, 20 millions en 2010 ; un décès toutes les dix secondes ; 14 000 infections quotidiennes ; une espérance de vie inférieure à trente ans dans tel ou tel Etat. Or 50 000 Africains seulement auraient accès aux soins.

Le plan d'envergure annoncé par l'Organisation mondiale de la santé, qui vise à mettre sous traitement trois millions de malades d'ici à 2005, bien qu'il soit insuffisant, est un signe d'espoir et de progrès que l'implication de bailleurs de fonds, l'arrivée des médicaments génériques et la baisse du prix des traitements rendent crédible.

Jusqu'ici, la volonté politique de la communauté internationale a fait défaut. Le directeur de l'OMS rappelle que « la prévention et le traitement du sida constituent peut-être la tâche la plus difficile à laquelle le monde ait jamais été confronté ».

En France, après six années consécutives de baisse, le nombre de nouveaux cas de sida ne diminue plus. Quant aux cas d'infection par le VIH diagnostiqués, ils s'établissent à 3 000 entre le mois de mars et le 15 novembre dernier.

Dès lors, ma question est la suivante : devant cette situation extrêmement préoccupante - selon les termes mêmes d'une déclaration récente du Président de la République - qui mobilise d'importants moyens de nos services de santé, n'envisagez-vous pas, monsieur le ministre, dans le cadre de votre politique de prévention, de lancer une campagne de communication qui s'inscrive désormais de manière quasi permanente dans l'univers quotidien de la population, en particulier des jeunes, qui, connaissant désormais l'efficacité des trithérapies, a pu être conduite à négliger l'usage du préservatif ?

En outre, pensez-vous pouvoir renforcer le dépistage et la prise en charge des personnes contaminées originaires d'Afrique subsaharienne, qui sont souvent en situation de précarité dans notre pays ?

Pouvez-vous, enfin, indiquer à la Haute Assemblée quelle est la part d'engagement de la France dans la mobilisation internationale ainsi qu'en matière de recherche publique ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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Réponse du Secrétariat d'Etat aux personnes handicapées publiée le 05/12/2003

Réponse apportée en séance publique le 04/12/2003

Mme Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées. Monsieur le sénateur, je vous prie tout d'abord d'excuser l'absence de Jean-François Mattei qui comme vous le savez, accompagne le Président de la République en Tunisie. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)

M. Jean-Pierre Sueur. Pour défendre les droits de l'homme ? (Protestations sur les travées de l'UMP.)

M. Henri de Raincourt. Et Mitterrand, qu'a-t-il fait ?

M. Patrick Devedjian, ministre délégué aux libertés locales. Vous n'êtes jamais allés en Tunisie, vous, avec le gouvernement précédent ? (Vives protestations sur les travées du groupe socialiste.)

M. le président. Mes chers collègues, je vous en prie ! Seule Mme le secrétaire d'Etat a la parole.

Ne vous laissez pas interrompre, madame.

Mme Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat. Monsieur Franchis, je partage votre analyse : la situation est très préoccupante. La lutte contre le sida doit impérativement rester une priorité forte de la politique de santé publique.

Cette année, malgré un contexte économique difficile, Jean-François Mattei a tenu à ce que le budget de santé publique consacré à la lutte contre le VIH soit reconduit en totalité, à hauteur de 64 millions d'euros. Il en sera de même pour l'année 2004.

M. Michel Dreyfus-Schmidt. Il aurait fallu l'augmenter !

Mme Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat. Le succès de notre politique réside - ce point est très important - dans notre capacité à accentuer nos efforts en direction des publics les plus exposés tout en maintenant la vigilance du grand public, en particulier des jeunes.

L'année dernière, la campagne télévisée portait sur l'incitation au dépistage et s'adressait directement aux personnes les plus exposées. Elle a permis de voir augmenter le recours au dépistage ; de même, les appels des migrants d'Afrique subsaharienne à Sida Info Service sont en progression de 73 %. Cette campagne a été rediffusée en juillet 2003.

Par ailleurs, le 27 novembre dernier, le ministre de la santé a présenté la nouvelle campagne, qui porte sur la promotion du préservatif et vise à inscrire celui-ci dans l'univers quotidien. Cette campagne est en cours de diffusion depuis le 28 novembre et se poursuivra jusqu'au 18 décembre : en moyenne, 90 % de la population verra ces spots plus de dix fois.

Elle sera accompagnée de différentes actions visant à promouvoir l'accessibilité des préservatifs masculins et féminins.

En outre, toujours à la demande du ministre de la santé, plusieurs hôpitaux ont mis en place des consultations de prévention s'adressant aux personnes séropositives et à leurs partenaires.

Enfin, le partenariat instauré entre les ministères de la santé, de l'éducation nationale et de l'agriculture vient d'être renforcé par le contrat-cadre de partenariat en santé publique, qui prévoit des actions dans le domaine de l'éducation à la sexualité, de la prévention des infections sexuellement transmissibles, du sida et des grossesses non désirées.

M. René-Pierre Signé. Rideau !

Mme Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat. Pour terminer, monsieur le sénateur, je préciserai que, sur le plan international, la solidarité de notre pays s'est manifestée depuis plusieurs années par un engagement fort de la France en faveur de l'accès aux traitements des pays en voie de développement. Le ministre de la santé a également soutenu le programme ESTHER - Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau contre le sida -, dont Bernard Kouchner vient d'accepter la présidence. Enfin, le Président de la République lui-même a annoncé récemment le triplement de notre contribution annuelle au Fonds mondial contre la tuberculose, le paludisme et le sida.

Vous le voyez, il n'est pas question de relâcher notre effort et de laisser s'essouffler la lutte contre le sida, ni sur le plan national ni sur le plan international. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste ainsi que sur certaines travées de RDSE.)

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