Question de M. MADRELLE Philippe (Gironde - SOC) publiée le 04/02/2004

M. Philippe Madrelle appelle l'attention de M. le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées sur le projet de création d'un service public " petites urgences " sur la rive droite de Bordeaux. Il souligne l'importante croissance d'accidents domestiques qui se produisent en fin de soirée ; les victimes sont alors contraintes d'aller à Bordeaux sans compter les embouteillages, ce qui signifie au moins une heure de trajet jusqu'au centre hospitalier régional (CHR). Il lui rappelle qu'à partir de 19 h 30, il est impossible de pouvoir faire effectuer une radio qui permettrait de rassurer la victime mais également diminuer la douleur. Ces accidents domestiques entraînent des traumatismes ; c'est ainsi qu'à la suite de radio, la pose d'attelle, de points de suture ou de soins adéquats permettent de diminuer les conséquences de la blessure. De tels gestes de petite et première urgence devraient pouvoir être réalisés dans un établissement hospitalier de la rive droite. Le quotidien Sud Ouest relatait récemment le même type de problème survenu au sein d'une famille de Créon, commune située à une vingtaine de kilomètres de Bordeaux. Entre le premier appel et l'arrivée aux urgences de l'hôpital Saint-André de Bordeaux, plus de deux heures se sont écoulées... Compte tenu de l'importance de l'évolution démographique de la rive droite de la Garonne, des difficultés et de l'intensité du trafic, il lui demande de bien vouloir lui préciser dans quels délais le projet de création d'un service public d'accueil des petites urgences de 20 heures à 8 heures va être réalisé afin de répondre à un besoin vital de ces populations.

- page 1160


Réponse du Secrétariat d'Etat aux transports et à la mer publiée le 25/02/2004

Réponse apportée en séance publique le 24/02/2004

M. Philippe Madrelle. Monsieur le secrétaire d'Etat, l'agence régionale de l'hospitalisation d'Aquitaine a reconnu l'utilité d'un site d'accueil des urgences sur la rive droite de la Garonne inscrit dans le schéma régional d'organisation sanitaire prévu pour la période 1999-2004.

Les habitants de la rive droite de l'agglomération bordelaise sont en effet contraints, lorsque, après dix-neuf heures ou le week-end, ils sont victimes d'accidents, notamment domestiques, d'aller se faire soigner au centre hospitalier de Bordeaux. Cela équivaut à un véritable parcours du combattant en raison des aléas en matière de transport, eu égard à l'intensité du trafic, en d'autres termes de l'« enfer » qui règne souvent sur la rocade bordelaise et le pont d'Aquitaine.

Vous le savez, il faut booster la réalisation de ce grand contournement. Je sais, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous en êtes convaincu et je vous remercie d'ailleurs pour les déclarations très nettes que vous avez prononcées à ce sujet.

En 2000, a été délivrée à la clinique des Quatre Pavillons à Lormont une autorisation de faire fonctionner une unité de proximité d'accueil, de traitement et d'orientation des urgences. Selon le quotidien Sud-Ouest en date du 13 février dernier, on apprend que, dans dix-huit mois, les habitants de Lormont, Cenon, Saint-Loubès, Créon ou Ambès n'auront plus besoin de traverser la Garonne pour se rendre aux urgences. La polyclinique Bordeaux-rive droite accueillera, en effet, les patients dans un futur bâtiment qui se situera sur le terrain de l'actuelle polyclinique des Quatre Pavillons à Lormont.

On apprend également que ce projet de regroupement des deux cliniques de Cenon et de Lormont a reçu un apport financier de l'Etat de près de 6 millions d'euros, dans le cadre du plan Hôpital 2007.

Il s'agit donc d'une réponse privée apportée au problème posé. C'est déjà une bonne chose, mais on peut regretter que la réponse ne soit pas une solution publique, puisque l'on répond, ici encore, par une privatisation.

Monsieur le secrétaire d'Etat, je me permets de vous rappeler que, voilà une vingtaine d'années, j'avais obtenu, avec le maire de l'époque, l'implantation à Lormont d'une unité gériatrique du centre hospitalier universitaire de Bordeaux qui devait marquer le commencement de la réalisation d'un hôpital public de secteur sur cette rive droite de la Garonne, regroupant et concentrant plus de 150 000 habitants sur quelques kilomètres carrés.

Vingt ans plus tard, qu'en est-il de la continuation de la construction de cet hôpital public de secteur à Lormont ? Alors que ce projet est nécessaire, seul le premier maillon existe.

En tout état de cause, monsieur le secrétaire d'Etat, je vous demande de m'apporter aujourd'hui des précisions sur les délais et la faisabilité du projet privé retenu. Compte tenu de la forte progression démographique des communes de la rive droite de la Garonne de l'agglomération bordelaise, vous comprendrez que la réalisation de ce site d'accueil des urgences est très attendu et que l'on souhaite savoir quand il sera opérationnel.

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.

M. Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux transports et à la mer. Monsieur Madrelle, je vous prie d'abord d'excuser l'absence de Jean-François Mattei qui m'a demandé de le suppléer.

Je comprends parfaitement l'importance de votre question, car le nord de la Gironde et le sud de la Charente-Maritime représentent en fait un même territoire. Nous partageons donc les difficultés que vous rencontrez en tant que président du conseil général de la Gironde.

Vous souhaitez, monsieur le sénateur, la création d'un service public d'accueil des petites urgences sur la rive droite de Bordeaux. La nécessité d'instaurer un tel site a été reconnue depuis longtemps, notamment par les responsables de l'agence régionale de l'hospitalisation d'Aquitaine.

Ce projet a donc été inscrit dans le schéma régional d'organisation sanitaire pour la période 1999-2004, et une autorisation de création d'une unité de proximité d'accueil, de traitement et d'orientation des urgences, que les technocrates ont baptisée du joli nom d'UPATOU, a été délivrée en 2000 à la clinique des Quatre Pavillons à Lormont.

Cet établissement ayant récemment changé de gestionnaire, la création de l'UPATOU a été retardée. Cependant, les informations qui sont en possession de M. le ministre de la santé indiquent que les actuels propriétaires sont déterminés à mettre en oeuvre cette autorisation une fois que certains travaux indispensables auront été réalisés.

Ces travaux font partie de l'opération de regroupement des cliniques de Cenon et de Lormont que l'agence régionale de l'hospitalisation a décidé de soutenir en lui réservant une aide financière de 5,7 millions d'euros dans le cadre du plan Hôpital 2007.

Monsieur le sénateur, je prends devant vous l'engagement de reparler dès aujourd'hui avec mon collègue Jean-François Mattei de cette question, d'en assurer auprès de lui le suivi, et de vous en tenir personnellement informé.

M. le président. La parole est à M. Philippe Madrelle.

M. Philippe Madrelle. Je vous remercie, monsieur le secrétaire d'Etat, de votre réponse. Je reconnais qu'un pas a été fait, mais il ne faut pas occulter pour autant la nécessité d'établir un hôpital public sur la rive droite de la Garonne. Je le répète, sur quelques kilomètres carrés, on compte plus de 150 000 habitants, et seul le premier maillon du projet a été réalisé.

- page 1549

Page mise à jour le