Question de Mme ANDRÉ Michèle (Puy-de-Dôme - SOC) publiée le 29/04/2004

Mme Michèle André interroge M. le ministre délégué aux personnes âgées sur les difficultés de recrutement que peuvent connaître les maisons d'accueil pour personnes âgées dépendantes. Confrontée à de fortes difficultés de recrutement, une MAPAD du Puy-de-Dôme, faute de candidats cumulant la réussite à l'examen d'aide-soignant et la réussite au concours de la fonction publique territoriale, a dû augmenter le temps de travail de l'un de ses agents sociaux, ce qui est une reconnaissance de fait de son statut d'auxiliaire de soins. Cet agent avait obtenu l'examen d'aide-soignant suite à une formation payée par l'établissement, mais pas encore le concours de la fonction publique territoriale. La maison d'accueil avait besoin de cet agent pour le transformer en auxiliaire de soins. Elle n'a pu le faire de la façon juridique la plus claire, mais est obligée, par une délibération de son conseil d'administration, d'admettre l'augmentation du temps de travail et l'ajout du régime indemnitaire compensant le salaire dont elle bénéficierait au grade d'auxiliaire de soins territoriale. Reconnaissant les compétences de personnel soignant avant celles de membre de la fonction publique territoriale, le conseil d'administration craint d'être là en difficulté administrative. Elle lui demande donc si une telle situation ne peut être explicitement admise par l'administration. C'est une question cruciale qui concerne la désaffection du personnel qualifié intervenant en maison de retraite. Les conditions de vie des personnes âgées en établissement en dépendent. Elles méritent toute votre attention.

- page 2662


Réponse du Ministre délégué aux personnes âgées publiée le 19/05/2004

Réponse apportée en séance publique le 18/05/2004

Mme Michèle André. Confrontée à de fortes difficultés de recrutement, une MAPAD, maison d'accueil pour personnes âgées dépendantes, du Puy-de-Dôme, située, je le précise, en milieu rural, faute de candidat cumulant la réussite à l'examen d'aide-soignant et la réussite au concours de la fonction territoriale, a dû augmenter le temps de travail de l'un de ses agents sociaux, ce qui représente une reconnaissance de fait de son statut d'auxiliaire de soins.

Cet agent avait obtenu l'examen d'aide-soignant suite à une formation payée par l'établissement, mais n'avait pas encore réussi le concours de la fonction publique territoriale. La maison d'accueil avait besoin de cet agent pour le transformer en auxiliaire de soins. Or, n'ayant pu le faire de la façon juridique la plus claire, elle a été obligée, par une délibération de son conseil d'administration, d'admettre l'augmentation du temps de travail et l'ajout du régime indemnitaire compensant le salaire dont il bénéficierait au grade d'auxiliaire de soins territorial.

Reconnaissant les compétences de personnel soignant avant celles de membre de la fonction publique territoriale, le conseil d'administration craint de n'être en difficulté du point de vue administratif.

Monsieur le ministre, une telle situation ne peut-elle être explicitement admise par l'administration ? C'est une question cruciale qui concerne la désaffection du personnel qualifié intervenant en maison de retraite. Or, les conditions de vie des personnes âgées en établissement en dépendent. Elles méritent - et je sais que vous y êtes très attaché - toute votre attention.

J'ajouterai que, depuis plusieurs jours, nous évoquons dans cette enceinte les questions spécifiques au milieu rural où le manque de personnel qualifié en établissement est encore plus dramatique qu'ailleurs. Il est urgent d'apporter à ces questions des réponses efficaces, réalistes et, d'avance, je vous remercie, monsieur le ministre.

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Hubert Falco, ministre délégué aux personnes âgées. Vous venez, madame la sénatrice, de dresser un bilan objectif de la situation que connaissent les établissements accueillant des personnes âgées dépendantes, notamment en milieu rural et qui, fort justement, méritent que nous y apportions des solutions.

Ces établissements sont aujourd'hui confrontés à des difficultés de recrutement de personnels qualifiés.

La question que vous me posez concernant une maison d'accueil des personnes âgées dépendantes dans le Puy-de-Dôme illustre effectivement l'une des difficultés - je dis bien l'une des difficultés, car il y en a bien d'autres - rencontrées par les professionnels de ce secteur.

Les 300 000 personnels qui accueillent 600 000 personnes âgées dépendantes dans 10 000 établissements en France, qu'ils soient publics, privés, associatifs, voire locaux à travers les foyers logements, effectuent un travail remarquable et l'on n'a de cesse de louer leur sens du professionnalisme et leurs qualités de coeur, car s'occuper des personnes âgées n'est pas particulièrement valorisant. C'est un sujet tabou dont on reparlera la semaine prochaine lors du débat sur le texte relatif à la caisse nationale de solidarité.

En effet, on aime bien vieillir dans ce pays, mais on n'aime pas parler du vieillissement ! A cet égard, l'électrochoc d'août 2003 est venu rappeler à tous, responsables gouvernementaux, responsables de collectivités, à la société en général, qu'une véritable révolution sociale avait lieu dans notre pays qui s'appelait le vieillissement. Or ce n'est pas en faisant le dos rond que l'on réglera le problème. C'est au contraire en adaptant les politiques concernant la dépendance à la démographie de notre pays, en tenant un langage de vérité vis-à-vis des personnes âgées dépendantes, que l'on arrivera ensemble à trouver des solutions.

Pour faciliter les recrutements, un certain nombre de mesures ont été engagées.

Tout d'abord, une campagne nationale de valorisation des métiers pour les personnes âgées va être menée. Un appel d'offres est préparé en ce sens et le marché sera signé dès les prochaines semaines.

Ensuite, un accroissement de la capacité des écoles d'aides-soignants, tant dans les écoles rattachées aux établissements hospitaliers qu'au sein des formations de l'éducation nationale, est à l'étude.

S'agissant des moyens - c'est un sujet dont j'ai eu l'occasion de parler avec les professionnels - même si des solutions pourront être apportées grâce à la caisse nationale de solidarité, il reste que bon nombre d'établissements ne pourront pas recruter.

J'ai personnellement visité de nombreuses maisons de retraite, la dernière à Argenteuil où le directeur m'a dit qu'il avait été dans l'obligation de recruter du personnel étranger, car, même après avoir signé une convention tripartite lui permettant d'améliorer les taux d'encadrement de ses personnels, il ne trouvait pas d'aides-soignants, d'infirmières ou d'infirmiers pour assurer le suivi des personnes âgées.

C'est la raison pour laquelle nous avons mis en place la valorisation des acquis de l'expérience. Celle-ci doit permettre, dès l'automne prochain, aux personnels qui le souhaitent d'accéder au diplôme d'aide-soignant, et à des professionnels de pouvoir en toute légitimité, de par leur expérience et leurs capacités personnelles - qui parfois sont bien plus importantes que le reste- solliciter l'obtention de ce diplôme. Quant au diplôme concernant les aides médico-psychologiques, les AMP, il est à l'étude pour 2005.

Enfin, nous allons développer des actions spécifiques dans le cadre de la formation continue avec les congés de formation professionnelle, les études promotionnelles, l'adaptation des dispositifs de formation continue - alternance, formation assistée à distance, etc.

S'agissant des questions statutaires sur lesquelles vous m'avez fort justement interrogé, madame André, il convient en premier lieu de souligner que la décision prise par la MAPAD du Puy-de-Dôme consistant à affecter un agent titulaire de la qualification professionnelle d'aide-soignant était primordiale.

Le code de la fonction publique, notamment les dispositions relatives aux agents de la fonction publique territoriale, doit permettre d'établir des passerelles entre les différents grades de qualification. La décision du conseil d'administration doit, à mon sens, être accompagnée d'une saisie officielle du ministère en charge de la fonction publique territoriale pour qu'un tel grade trouve place dans les emplois et les grilles de rémunération de cette fonction publique.

Enfin, il convient de souligner que la réglementation relative aux groupements de coopération sanitaire et médicosociale doit, à l'avenir, favoriser ces passerelles et permettre les affectations de personnels dans de meilleures conditions. Cette mesure devra également faciliter l'attractivité de ce secteur et permettre - des moyens sans mesure avec ceux qui ont été mis en place jusqu'à présent seront affectés à cet effet - de recruter des personnels qualifiés ô combien indispensables pour accompagner la prise en charge de la dépendance dans notre pays.

M. le président. La parole est à Mme Michèle André.

Mme Michèle André. Je vous remercie, monsieur le ministre, pour la précision de votre réponse.

En fait, la réussite à l'examen d'aide-soignant doit être prise en compte en priorité. La personne dont j'ai évoqué la situation possède un diplôme qui a été financé par son établissement, ce qui représente un effort particulier de ce dernier.

Sans doute devrai-je reposer cette question difficile au ministre de la fonction publique. Vous-même, monsieur le ministre, animé par vos convictions, m'accompagnerez-vous peut-être dans ma démarche.

En effet, c'est la double réussite imposée à ces personnes qui provoque la difficulté. Je voudrais plaider en faveur de ces femmes - les aides-soignants sont souvent des femmes -, qui sont mal rémunérées et qui ont des horaires parfois très difficiles. Nous connaissons tous des établissements qui leur demandent de venir pour deux heures et de travailler le week-end, ce qui est nécessaire dans ces structures qui sont ouvertes en continu.

Je compte donc sur vous, monsieur le ministre, pour aborder cette question avec votre collègue le ministre de la fonction publique, que j'interrogerai également. Je souhaite qu'une passerelle soit établie le plus tôt possible, car nous y avons tous intérêt.

M. Hubert Falco, ministre délégué. Tout à fait !

- page 3315

Page mise à jour le