Question de Mme PRINTZ Gisèle (Moselle - SOC) publiée le 13/05/2004

Mme Gisèle Printz appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les craintes des enseignants en lettres classiques d'une disparition prochaine de l'enseignement du latin et du grec de la quasi-totalité des lycées et des collèges de France. En effet, compte tenu des contraintes de la loi de finances qui a fait subir au budget de l'Education nationale une baisse drastique, les moyens d'enseignement devront être répartis en fonction de critères purement gestionnaires, et les options comme le latin et le grec seront regroupées dans quelques lycées, privilégiant les élèves des centres ville aux dépens de ceux des périphéries et des campagnes. Ainsi, de nombreux élèves seront privés d'un enseignement qui favorise la rigueur, l'exigence et l'effort, et qui permet de mieux appréhender la langue française par l'étude de la syntaxe, et la maîtrise du vocabulaire. Ils seront aussi privés de langues de culture qui permettent d'appréhender au mieux l'identité européenne et qui favorisent l'intégration des jeunes d'origine étrangère tel que l'a montré le rapport de la mission ministérielle sur l'enseignement des langues et cultures de l'Antiquité. C'est pourquoi, elle lui demande de ne pas mener une politique purement gestionnaire et comptable de l'Education nationale au mépris du devoir national d'instruction publique, et de veiller au rétablissement des enseignements supprimés en latin et en grec, pour que chaque élève puisse y avoir accès.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 03/06/2004

Le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche est convaincu de l'importance des langues anciennes dans la formation intellectuelle des collégiens et des lycéens. Celles-ci sont offertes dès la classe de cinquième pour le latin et celle de troisième pour le grec ancien. Au lycée, elles constituent une des spécialités de la série littéraire du baccalauréat général et sont proposées en options facultatives dans toutes les séries générales. L'offre de formation des langues anciennes au sein de chaque académie ne peut être laissée au hasard : elle repose sur un pilotage rectoral tenant compte des impératifs pédagogiques, des choix exprimés par les élèves et des moyens dont chaque académie dispose. La maîtrise de la dépense publique et le strict respect des dotations budgétaires qu'elle implique imposent la recherche de la meilleure utilisation possible de ces moyens. C'est pourquoi les recteurs d'académie, dans le cadre plus général de l'ajustement de la carte des enseignements optionnels offerts dans chaque bassin de formation, veillent à favoriser un développement structuré et maîtrisé des langues anciennes. Les fermetures n'ont aucun caractère systématique : elles ne concernent que des groupes à très faible effectif. Les élèves qui souhaitent poursuivre au lycée une option de langues anciennes doivent en outre avoir la possibilité de s'inscrire dans un établissement qui la propose. On constate cependant que, face à une palette d'options plus large qu'au collège, le choix des élèves se porte moins souvent à leur entrée au lycée vers les langues anciennes que vers d'autres enseignements : ainsi, on compte 150 000 latinistes et hellénistes en classe de troisième de collège, 34 000 en classe de seconde générale et technologique et 18 000 en classe terminale. Une série de mesures ont été prises ces dernières années afin de rendre plus attractif l'enseignement des langues anciennes au lycée : de nouveaux programmes sont entrés en vigueur depuis la rentrée 2001 ; une plaquette sur les langues anciennes au lycée a été diffusée en direction des collégiens de troisième ; les recteurs ont été invités à mettre en place une réflexion sur la continuité entre le collège et le lycée et sur l'amélioration des conditions d'enseignement dans les lycées. S'il est trop tôt pour en dresser un bilan complet, ces mesures ne semblent toutefois pas avoir permis de modifier de manière significative les choix des élèves à leur entrée au lycée.

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