Question de M. LAFFITTE Pierre (Alpes-Maritimes - RDSE) publiée le 30/12/2004

M. Pierre Laffitte attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur l'intérêt de développer les classes uniques et les écoles multigrades au niveau élémentaire. Historiquement, l'école primaire publique française est une école à classe unique (en 1877, sur 51 250 écoles publiques, 44 323 étaient à classe unique et 11500 avaient deux classes). Les écoles à classe unique ne sont plus que 19 000 en 1960 et leur nombre ne cesse de diminuer : 11 449 en 1980, 8 032 en 1989 et 5 616 en 1999. Aujourd'hui, les classes uniques ne sont présentes qu'en milieu rural, dans de très petites communes. Ces classes uniques sont très souvent mal perçues, notamment par certains parents auxquels les avantages ne sont que rarement expliqués. Les classes uniques sont pourtant les lieux privilégiés d'une transformation profonde des approches pédagogiques. Le fait d'être scolarisé dans une classe unique est loin d'être un handicap. Plusieurs études ont mis en exergue les bienfaits des classes uniques et des écoles multigrades. Les enfants progressent légèrement mieux, sans doute parce que ce mode de groupement d'élèves et les pratiques pédagogiques favorisent davantage la participation des grands vis-à-vis des plus jeunes, donc le travail autonome. Les risques de redoublement en classes de 6e seraient presque deux fois moins élevés que pour des élèves ayant effectué leur scolarité dans des classes à un seul niveau. En outre, le modèle de la classe multigrade constitue une structure d'éducation qui présente un grand intérêt pour la socialisation des enfants et l'acquisition du civisme. Les enseignants parfois s'excusent vis-à-vis des parents de ce qui peut paraître lié à un manque de moyens. Il faudrait mieux, au contraire, les informer de façon à pouvoir développer des expérimentations. Certes, le travail pédagogique est un peu plus complexe et mériterait des primes de rendement. En conséquence, il souhaiterait savoir s'il pense favoriser la promotion des classes uniques et des écoles multigrades, y compris dans les zones urbaines, à l'occasion du projet de loi d'orientation sur l'avenir de l'école.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 14/04/2005

L'organisation de la structure pédagogique des écoles relève du directeur d'école après avis du conseil des maîtres. Le projet d'école peut prévoir l'organisation de classes multiniveaux pour répondre à des objectifs pédagogiques tels que la continuité des apprentissages au sein du cycle, le tutorat entre élèves, le développement de l'autonomie, etc. Dans les cas où ce type d'organisation est décidé, le nombre de niveaux reste le plus souvent limité aux trois niveaux d'un même cycle. En tout état de cause, il appartient à l'équipe pédagogique, autour du directeur de l'école, d'effectuer ces choix. Le projet de loi d'orientation pour l'avenir de l'école réaffirme le principe de liberté pédagogique des enseignants, ce qui ne peut que les conforter dans leur pouvoir de décision. Ce projet de loi ne traite pas, par ailleurs, de cet aspect de l'organisation de l'école. Des études ont montré l'intérêt des classes multiniveaux, en particulier dans le domaine de l'autonomie des élèves et de la réussite dans les apprentissages fondamentaux. Il peut être utile de faire connaître ces données afin de convaincre les parents, si nécessaire, de l'efficacité pédagogique de ces classes. Il n'est cependant pas envisagé de généraliser le modèle des classes uniques. Ces classes sont la conséquence d'un faible effectif.

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