Question de M. MIRAUX Jean-Luc (Eure - UMP) publiée le 08/04/2005

Question posée en séance publique le 07/04/2005

M. Jean-Luc Miraux. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Un mouvement lycéen a annoncé une journée de « blocage général » des lycées pour aujourd'hui.

Le SNES-FSU, principal syndicat des enseignants des lycées et collèges, a appelé tous les personnels à rejoindre l'action des lycéens, partout où les conditions le permettaient, y compris en décidant la grève. Une fédération de parents d'élèves soutient également ce mouvement.

Qui croient-ils donc tromper, ceux qui prétendent ainsi demander le retrait de la loi votée par le Parlement et donc par les représentants du peuple démocratiquement élus ?

Mme Hélène Luc. Vous n'avez même pas participé aux débats sur ce texte !

M. Jean-Luc Miraux. Que proposent-ils comme alternative ? Aucune. (Protestations sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.) Ils évoquent le « non » au référendum et dénoncent une prétendue école inégalitaire qui préparerait à devenir de la main-d'oeuvre facile.

C'est en fait tout le contraire que nous voulons.

Nous tenons fermement à notre école de la République, qui doit être modernisée. Or, malgré l'enthousiasme et la passion de toute la communauté éducative, des enseignants, des parents d'élèves, des élèves eux-mêmes, cette éducation présente pour le moins quelques faiblesses.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Ecoutez au moins ce que disent les lycéens !

M. Jean-Luc Miraux. Ainsi, 150 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme ni qualification ; 80 000 enfants entrent en sixième sans savoir ni lire, ni écrire, ni compter.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Expliquez cela dans vos départements !

M. Jacques Mahéas. Mais quel est le rapport ?

M. Jean-Luc Miraux. La réponse est dans la loi que nous avons votée,...

M. Roland Muzeau. Quelle est la question ?

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est au Gouvernement de répondre !

M. Jean-Luc Miraux. ... à savoir 2 milliards d'euros ; la création de 150 000 postes d'enseignant en cinq ans ; l'accent mis sur la nécessité de savoir lire, écrire, compter, parler une langue étrangère ; un soutien individualisé de trois heures par semaine pour les élèves qui commencent à avoir des difficultés ; le triplement des bourses au mérite pour les élèves défavorisés. (Brouhaha sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)

M. Roland Muzeau. Cela fait trois minutes et quinze secondes qu'il a la parole ! Où est la question ?

M. Jacques Mahéas. C'est la question et la réponse !

M. le président. Veuillez poser votre question, mon cher collègue !

M. Robert Hue. Le ministre va devoir la poser lui-même !

M. Jean-Pierre Sueur. Oui, puisque notre collègue fait déjà les réponses !

M. Jean-Luc Miraux. Occultant le vrai contenu de la réforme, cette minorité de protestataires vient perturber la vie lycéenne au moment le plus crucial, celui de la préparation du baccalauréat.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est la réponse de M. Fillon que vous êtes en train de lire !

M. Jean-Luc Miraux. Quelles mesures, quelles initiatives comptez-vous prendre, monsieur le ministre, afin de rassurer les élèves, leurs familles, les enseignants ainsi que les chefs d'établissements confrontés à ces manifestations ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Ah oui ! Les rassurer ! Parce qu'ils sont inquiets, vous les rassurez à coups de bâton !

Mme Hélène Luc. Retirez votre texte, monsieur le ministre !

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Claude Domeizel. Pour une minute, puisque la réponse était dans la question !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Vous allez poser la question, monsieur le ministre : nous avons déjà eu la réponse !

M. Raymond Courrière. Tout a été dit !

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 08/04/2005

Réponse apportée en séance publique le 07/04/2005

M. François Fillon, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur, je suis attentif à l'expression des lycéens qui, depuis plusieurs semaines, manifestent des inquiétudes au sujet de ce qu'ils considèrent comme la montée d'une inégalité dans notre système éducatif.

Mme Hélène Luc. C'est pour cela que vous leur avez envoyé les CRS !

M. François Fillon, ministre. C'est d'ailleurs dans cet esprit que j'ai accepté de surseoir à la réforme du baccalauréat, pourtant nécessaire, pourtant souhaitée par un grand nombre d'organisations.

C'est également dans cet esprit que la loi d'orientation que le Parlement a votée met en place des instruments puissants de lutte contre les inégalités, en particulier un dispositif massif de soutien aux élèves en difficulté à l'école primaire et au collège.

M. Jacques Mahéas. En supprimant des classes!

M. François Fillon, ministre. C'est toujours dans cet esprit que le Conseil national de la vie lycéenne est réuni en ce moment même. J'aurai demain l'occasion de dialoguer avec ses élus sur leurs revendications.

M. Roland Muzeau. Ils sont en garde à vue !

M. François Fillon, ministre. Monsieur le sénateur, je puis vous assurer que je n'accepterai pas qu'une infime minorité de lycéens bloque le fonctionnement de notre système éducatif, et ce à quelques semaines du baccalauréat. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. N'acceptez pas que la police tape sur les lycéens, monsieur le ministre !

M. François Fillon, ministre. Le ministre de l'intérieur et moi-même avons donné des instructions extrêmement précises aux recteurs et aux préfets afin que tous les moyens soient utilisés pour mettre un terme à ces blocages.

Je le dis clairement : chaque fois qu'il y aura blocage, il y aura intervention, avec les moyens nécessaires, pour y mettre fin. (Très bien ! et applaudissements sur quelques travées de l'UMP.)

M. Robert Hue. Tous les moyens, c'est clair !

M. François Fillon, ministre. Quant à la violence évoquée tout à l'heure par M. Muzeau, elle est du côté de ceux qui bloquent les établissements, qui les empêchent de fonctionner.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est faux ! La police doit assurer la sécurité des élèves !

M. François Fillon, ministre. Elle est du côté des individus cagoulés qui, ce matin, ont brisé avec des masses les vitres et les portes du rectorat de Paris, qu'il a fallu évacuer cet après-midi. (Exclamations indignées et applaudissements sur quelques travées de l'UMP.)

M. Adrien Gouteyron. C'est honteux !

M. François Fillon, ministre. La plupart des organisations syndicales et des organisations de parents d'élèves, quelles que soient leurs convictions, ont d'ailleurs très courageusement appelé à la fin de ces mouvements, au respect de la loi et au respect des principes de la République.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Elles ont demandé que la sécurité des lycéens soit assurée !

M. François Fillon, ministre. Il reste quelques organisations - notamment, on l'a entendu tout à l'heure, du côté du parti communiste - qui entretiennent cette colère, qui participent au mouvement. (Vive indignation sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Oh ! C'est scandaleux !

M. Robert Hue. Vous avez un siècle de retard !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Monsieur le ministre, nous ne pouvons pas accepter vos propos !

M. François Fillon, ministre. En agissant ainsi, mesdames, messieurs les sénateurs du groupe communiste, vous ne rendez service ni à la jeunesse, que vous prétendez défendre, ni à la démocratie, ni à la République, dont vous bafouez les principes. (Applaudissements vifs et prolongés sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF. - Protestations vigoureuses sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est scandaleux ! Ce sont des accusations sans fondement ! Donnez des preuves !

Mme Hélène Luc. C'est honteux !

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