Question de M. MOULY Georges (Corrèze - RDSE) publiée le 18/11/2005

Question posée en séance publique le 17/11/2005

M. Georges Mouly. Nous pouvons aujourd'hui mesurer l'enjeu considérable que représente l'insertion sociale et professionnelle des jeunes. C'est bien un défi que notre société doit relever.

La piste de l'apprentissage fait partie des réponses avancées par M. le Premier ministre. Les jeunes âgés de quatorze ans qui souhaitent s'engager dans cette voie pourront désormais le faire.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est ça ! Que les enfants des classes populaires se mettent au travail !

M. Georges Mouly. Le Gouvernement a déjà donné, dans le cadre du plan de cohésion sociale, une forte impulsion au développement de l'apprentissage puisqu'il s'agit d'atteindre le chiffre de 500 000 apprentis en 2009.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Il n'y a pas d'emplois !

M. Georges Mouly. Naturellement, nous ne pouvons que nous réjouir - c'est mon cas, en tout cas ! - des mesures ainsi prises.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Dès huit ans, au travail !

M. Georges Mouly. Pour autant, l'ouverture de l'apprentissage aux jeunes de quatorze ans soulève, à mon sens, un certain nombre de questions.

Tout d'abord, ces jeunes doivent avoir l'assurance qu'ils pourront acquérir également par cette voie le socle de connaissances fondamentales que notre système éducatif se doit de leur offrir.

Ensuite, des garanties doivent être apportées sur les conditions d'emploi de ces jeunes mineurs en milieu professionnel, dans le respect, d'ailleurs, de nos engagements internationaux.

L'apprentissage relève de la compétence des régions. Comment ces dernières seront-elles associées à la mise en oeuvre d'une telle mesure ?

Par ailleurs, les entreprises, qui sont également au coeur de ce dispositif de formation en alternance, sont-elles en mesure de s'investir dans l'accueil de si jeunes apprentis ?

Selon quelles modalités le Gouvernement entend-il mettre en oeuvre la mesure annoncée par M. le Premier ministre ?

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Réponse du Ministère délégué à l'emploi, au travail et à l'insertion professionnelle des jeunes publiée le 18/11/2005

Réponse apportée en séance publique le 17/11/2005

M. Gérard Larcher, ministre délégué à l'emploi, au travail et à l'insertion professionnelle des jeunes. Monsieur Mouly, quelle est la situation des jeunes face à l'emploi ? Y a-t-il égalité à cet égard ?

M. Roland Muzeau. Il va sans doute nous parler de la polygamie !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. Le taux de chômage des jeunes est deux fois supérieur au taux de chômage moyen national.

Mme Eliane Assassi. C'est une découverte !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. Le taux de chômage dans les quartiers sensibles est quatre à cinq fois plus important que le taux de chômage moyen national.

Le taux de réponse aux candidatures des jeunes, diplômés ou non diplômés, est quatre à cinq fois moins important pour les minorités qu'on qualifie pudiquement de « visibles ».

M. Roland Muzeau. Les Arabes et les noirs !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. Face à ce constat, le plan de cohésion sociale, avec le plan d'urgence pour l'emploi et la création de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations, entend apporter des réponses.

Mais M. le Premier ministre nous a demandé d'aller plus loin ; d'où les mesures que nous présenterons dans quelques semaines.

Il faut également répondre à un problème que personne ne veut voir, à savoir la déscolarisation, le rejet de l'école de dizaines de milliers de jeunes, notamment après quatorze ans.

Mme Hélène Luc. Il faut en rechercher les raisons, monsieur le ministre !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. Nous devons aujourd'hui inventer une nouvelle forme d'apprentissage, l'« apprentissage junior ».

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Faire travailler les enfants !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. Le dialogue avec les partenaires sociaux, les régions et les entreprises doit naturellement éclairer une telle innovation.

Il est en effet nécessaire que celle-ci réponde à un certain nombre de conditions. Le lien avec l'éducation nationale, notamment, doit être conservé et des passerelles devront permettre aux jeunes, s'ils le désirent et s'ils en ont la capacité, de revenir vers la filière générale.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Des mots !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. En même temps, un socle de connaissances fondamentales et d'apprentissages pratiques doit être acquis non seulement au sein de l'éducation nationale et du centre de formation d'apprentis, mais aussi dans l'entreprise.

Dans ce domaine, un certain nombre de garanties sont nécessaires, qu'il s'agisse du droit à la formation, du droit du travail ou du droit à la santé. Nous le devons à ces jeunes et à leurs familles.

M. René-Pierre Signé. Baratin !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. Sous l'autorité du Premier ministre, avec Gilles de Robien et en liaison avec Renaud Dutreil (Exclamations ironiques sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste), ....

M. Didier Boulaud. Ce sera complet !

M. Jacques Mahéas. Et Chirac ?

M. René-Pierre Signé. Il ne manque plus que Raffarin !

M. Gérard Larcher, ministre délégué. ... nous travaillons pour donner, demain, une nouvelle chance à ces jeunes et sortir de ces statistiques infernales qui font apparaître que, au cours des quinze dernières années, le taux de chômage a doublé dans les quartiers sensibles. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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