Question de M. LAGAUCHE Serge (Val-de-Marne - SOC) publiée le 21/09/2006

M. Serge Lagauche attire l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice sur les difficultés rencontrées par les avocats pour assurer leur mission d'aide juridictionnelle.
Sur le département du Val-de-Marne, la situation est particulièrement préoccupante. Alors que 72 à 75 % de la population du Val-de-Marne est désormais éligible à l'aide juridictionnelle, plus de 10 000 missions sont assurées chaque année par 312 des avocats du Barreau, dont près de 200 pour lesquels l'activité au profit du secteur assisté représente la part la plus importante de leur engagement professionnel.
Or, cette situation locale est le reflet d'un malaise qui touche l'ensemble de la profession. Alors que la revalorisation annuelle des plafonds d'admission à l'aide juridictionnelle s'effectue automatiquement et a progressé de 2001 à 2005 de 10.78 %, le montant de la rémunération au moyen de l'unité de valeur de référence n'a progressé que de 2 %, soit une croissance annuelle moyenne en six ans de 0.33 %. Cette situation est d'autant plus préoccupante que les propositions actuelles de la Chancellerie, notamment celle d'augmenter l'unité de valeur de 6 % en 2007, sont très insuffisantes au regard des 15 % annoncés en 2003.
Dans ces conditions, et alors même que la profession est aujourd'hui parvenue à une exaspération telle qu'elle envisage un désengagement dans la gestion du service public de l'aide juridictionnelle, il lui demande de quelle manière il compte répondre aux inquiétudes exprimées par les avocats, les barreaux et les Ordres face aux difficultés qu'ils rencontrent pour assurer l'aide juridictionnelle qui, bien que mission de service public, ne repose désormais plus que sur la bonne volonté de toute une profession.

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Réponse du Ministère de la justice publiée le 22/02/2007

Le garde des sceaux, ministre de la justice, remercie l'honorable parlementaire de l'intérêt qu'il porte au dispositif de l'aide juridictionnelle. Il lui rappelle que l'amélioration de la rétribution des avocats prêtant leur concours au titre de l'aide juridictionnelle a constitué une des priorités de la législature. En effet, à la suite du protocole d'accord signé avec la profession d'avocat le 18 décembre 2000, plusieurs réformes ont conduit à rééquilibrer le barème de rétribution des avocats et à augmenter le montant de l'unité de valeur de référence. Déjà, le décret n° 2001-52 du 17 janvier 2001 avait permis de revaloriser la rétribution pour 17 procédures ainsi que le montant de la rétribution de l'avocat intervenant au cours de la garde à vue. Le coefficient de rétribution pour une procédure de divorce pour faute ou pour une procédure prud'homale était ainsi majoré de 50 %, passant de 24 à 36 UV. L'effort budgétaire de cette réforme avait représenté un coût de 56 MEUR en année pleine. Conformément aux objectifs et aux principes définis par la loi d'orientation et de programmation pour la justice du 9 septembre 2002, et à la suite des travaux engagés avec les instances représentatives de la profession d'avocat, deux mesures sont venues améliorer les conditions de rémunération des avocats. D'une part, le décret n° 2003-853 du 5 septembre 2003 a rééquilibré le barème de rétribution des avocats, dans une proportion plus importante que celle prévue lors des négociations, en réévaluant la rétribution pour 15 procédures. Ainsi, le coefficient de rétribution pour l'assistance d'une partie civile devant la cour d'assises est passée de 24 à 35 unités de valeur, celui dû pour l'assistance d'un accusé devant la cour d'assises passant de 40 à 50 unités de valeur. L'effort budgétaire de cette réforme a représenté un coût en année pleine de 11,3 MEUR. D'autre part, la loi de finances pour 2004 a revalorisé de 2 % le montant de l'unité de valeur de référence à compter du ler janvier 2004 pour un coût en année pleine de 4,5 MEUR. Soucieux d'améliorer la rétribution des avocats au titre de l'aide juridictionnelle, il lui indique avoir inscrit en loi de finances pour 2007 une mesure tendant à revaloriser de 6 % l'unité de valeur de référence. Au regard du budget alloué à la mission Justice en 2007, en progression de 5 % par rapport à 2006, il est apparu qu'une marge de manoeuvre autorisait un transfert de crédits en faveur du programme « accès au droit et à la justice ». Aussi, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 2007 devant le Sénat, le Gouvernement a accueilli favorablement l'amendement parlementaire visant à revaloriser de 2 % supplémentaires l'unité de valeur de référence pour un coût de 5,7 MEUR. Ainsi, à compter du 1er janvier 2007, le montant de l'unité de valeur de référence devrait être porté à 22,50 euros hors taxe, soit une hausse de 1,66 euros, mesure qui représente un coût en année pleine de 22 MEUR. Cette hausse sera amplifiée, en matière d'aide juridictionnelle totale, par l'effet de la majoration prévue à l'article 27 de la loi du 10 juillet 1991, dite modulation, qui portera le montant moyen de l'unité de valeur à 24,32 euroshors taxesss. Depuis la conclusion du protocole d'accord du 18 décembre 2000, outre le rééquilibrage du barème de rétribution, le montant de l'unité de valeur de référence aura donc connu une revalorisation de plus de 10 %. Pour autant, ces avancées n'épuisent pas la nécessité de poursuivre la modernisation du dispositif d'aide juridictionnelle. Aussi, il lui précise qu'il a décidé la tenue le 30 janvier prochain d'assises de l'aide juridictionnelle et de l'accès au droit. Ces assises seront l'occasion d'échanger avec l'ensemble des acteurs concernés sur l'avenir de l'aide juridique, qu'il s'agisse des niveaux de rétribution de la profession d'avocat, des conditions d'admission à l'aide juridictionnelle, de la reconnaissance d'une défense de qualité, ou encore de l'assurance de protection juridique. À cet égard, le garde des sceaux précise qu'un projet de réforme de l'assurance de protection juridique a été examiné au Sénat le 23 janvier 2007. Cette réforme permettra de développer cette assurance, notamment pour les classes moyennes qui sont exclues de toute aide mais ne peuvent, pour autant, accéder facilement à la justice.

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