Question de M. MADEC Roger (Paris - SOC) publiée le 28/09/2006

M. Roger Madec attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur l'interdiction faite aux agriculteurs et jardiniers de promouvoir, de commercialiser et de distribuer des produits naturels traditionnels.

L'article 70 de la loi d'orientation agricole n°2006-11 du 5 janvier 2006 qui organise cette interdiction va en effet porter atteinte à l'utilisation de techniques traditionnelles de protection des végétaux dont l'efficacité n'est plus à démontrer.

Ces méthodes naturelles et écologiques sont largement utilisées par les jardiniers, bien souvent amateurs, ainsi que par les agriculteurs. Elles sont en outre cohérentes avec l'objectif du ministère de l'agriculture et de la pêche de limiter l'introduction de pesticides dans l'environnement.

Il est certes toujours possible de produire ces produits phytosanitaires naturels à des fins personnelles, mais l'interdiction de la vente, de la distribution et de la promotion de ces méthodes traditionnelles remet en cause leur utilisation par le plus grand nombre et privera un certain nombre de personnes, qu'il s'agisse ou non de professionnels, des bénéfices phytosanitaires et écologiques de ces produits naturels.

Il considère que le ministère de l'agriculture et de la pêche devrait au contraire s'attacher à favoriser le développement des modes de production agricole compatibles avec la protection des ressources naturelles.

Aussi, il lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'il compte prendre pour autoriser la mise sur le marché de ces produits phytosanitaires traditionnels.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la pêche publiée le 30/11/2006

Les produits antiparasitaires à usage agricole font l'objet d'un usage strictement réglementé depuis 1943. Cette réglementation a fait l'objet d'une harmonisation communautaire par la voie de la directive 91/414/CEE du 15 juillet 1991. Suivant cette réglementation, les produits phytopharmaceutiques, quelle que soit leur nature, doivent faire l'objet d'une évaluation des risques et de leur efficacité, et d'une autorisation préalablement à leur mise sur le marché. L'objectif de ce dispositif est d'assurer un haut niveau de sécurité aux citoyens de l'Union européenne, aux applicateurs de ces produits et à l'environnement. Il vise aussi à garantir la loyauté des transactions entre le metteur en marché et l'utilisateur des produits considérés, notamment en procédant à une évaluation de leur efficacité. La loi d'orientation agricole du 5 janvier 2006 n'a pas introduit de réforme sur les objectifs généraux de la législation en vigueur, elle améliore seulement la séparation entre évaluation et gestion des risques relatifs à ces produits à travers son article 70. Comme il ne peut être garanti a priori et par principe que des produits obtenus à partir de plantes sont sûrs pour ce seul motif, aucune dérogation sur l'obligation d'homologation préalable à la mise sur le marché n'a été prévue dans la législation communautaire. De nombreux exemples illustrent le fait que des plantes peuvent présenter des risques du fait des molécules qu'elles peuvent contenir. L'interdiction en matière de recommandation vise à préserver les intérêts des utilisateurs de produits phytopharmaceutiques qui, du fait de cette recommandation, s'exposeraient à des sanctions pénales en utilisant des produits phytopharmaceutiques non autorisés. Cette nouvelle disposition qui complète celle relative à la publicité commerciale sur des produits de même nature n'est pas restreinte à une catégorie de produit. Elle s'applique à tout produit phytopharmaceutique faisant l'objet d'une mise sur le marché. La mise sur le marché suppose une transaction (onéreuse ou gratuite) entre deux parties. Les préparations effectuées par un particulier pour une utilisation personnelle, telles que le purin d'ortie, ne rentrent donc pas dans le cadre d'une mise sur le marché. En conséquence, il n'est pas plus interdit de recommander aux particuliers des procédés naturels que d'en donner la recette. Par ailleurs, l'élaboration par l'utilisateur final à la ferme ou au jardin de ces préparations ne nécessite pas d'autorisation préalable. Le Gouvernement est conscient de la nécessité de trouver des solutions permettant de faciliter l'homologation des produits traditionnels de protection des plantes. Un groupe de travail traite cette question et, dans le cadre du projet de règlement visant à redéfinir les procédures de mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, la Commission européenne propose des mesures de simplification pour l'évaluation des produits à faible risque. Ces mesures, comme l'ensemble du projet de règlement, sont actuellement examinées au Conseil et au Parlement européens.

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