Question de M. COLLOMBAT Pierre-Yves (Var - SOC) publiée le 06/10/2006

Question posée en séance publique le 05/10/2006

M. Pierre-Yves Collombat. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur. Il n'est pas physiquement présent, mais peu importe, là où est la télévision, M. Sarkozy est aussi ! (Exclamations sur les travées de l'UMP.) C'est la vérité, chers collègues !

M. Henri de Raincourt. Mme Royal aussi !

M. Pierre-Yves Collombat. Quand j'ai vu la photo de M. Sarkozy au côté de George Bush, j'ai pensé : « Pourvu qu'il ne revienne pas des USA avec le manuel américain de traitement des crises en usage en Irak ! » Ce qui s'est passé la semaine dernière à Corbeil et, plus encore, hier, aux Mureaux, montre que c'est le cas...

Je m'adresse donc en cet instant à M. le ministre d'État.

Là où il faudrait retisser un tissu social qui se délite, vous le déchirez un peu plus, braquant la population et la rendant solidaire de ceux qu'il faudrait isoler.

Là où il faudrait enquêter dans la discrétion, vous dressez des murs de caméras et vous laissez filer ceux qu'il faudrait neutraliser. À se demander s'ils ne vous sont pas utiles ! (Murmures sur les travées du groupe socialiste.)

Là où il faudrait l'action patiente d'une police de proximité, vous multipliez les opérations « coup-de-poing », aux effets dévastateurs.

Là où il faudrait agir main dans la main avec les élus locaux, vous les méprisez.

« Suis-je un maire qui compte pour du beurre ? », constate le maire des Mureaux. « Je n'ai été prévenu qu'à sept heures quarante-cinq de l'intervention de la police, alors que l'ensemble des médias étaient présents dès cinq heures trente ».

M. Guy Fischer. C'est scandaleux !

M. Pierre-Yves Collombat. Il n'y a pas quinze jours, monsieur le ministre d'État, vous affirmiez ici même que, grâce à vous, le maire était enfin placé au coeur de la prévention de la délinquance. Quelle dérision ! Allez faire de la prévention quand votre commune est transformée en plateau pour série policière ou pour le « Sécurithon » !

M. Didier Boulaud. Un mensonge de plus !

M. Pierre-Yves Collombat. Monsieur le ministre de l'intérieur, vous nous conduisez à la catastrophe : 15 000 voitures brûlées en 2000, 45 588 en 2005 et déjà 21 000 au premier semestre 2006.

M. Didier Boulaud. Record battu !

Mme Christiane Hummel. Et combien avant ?

M. Pierre-Yves Collombat. Voilà la mesure de l'échec !

Ma question est donc simple : monsieur le ministre d'État, comptez-vous changer votre politique d'engagement des forces de l'ordre et redéployer une police de proximité dotée de moyens à la hauteur des enjeux ? Pour être clair, comptez-vous enfin faire passer vos obligations de ministre de la République avant vos intérêts de candidat à la présidence de cette même République ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

M. le président. Veuillez conclure, monsieur Collombat !

M. Pierre-Yves Collombat. Vous m'obligeriez, et avec moi tous mes collègues, en ne vous contentant pas, comme M. Breton, de me rappeler ce que vos prédécesseurs n'ont pas fait ou ce que les autres devraient faire et, surtout, en me répondant ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

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Réponse du Ministère délégué à l'aménagement du territoire publiée le 06/10/2006

Réponse apportée en séance publique le 05/10/2006

M. Christian Estrosi, ministre délégué à l'aménagement du territoire. Monsieur le sénateur, je ne peux que vous inviter à plus de respect pour le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire (Vives exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.), ainsi qu'à plus de modestie !

En effet, si ce que vous nous réclamez est un retour à la politique de proximité que vous avez conduite en matière d'insécurité entre 1997 et 2002, ...

M. Didier Boulaud. De quel droit vous permettez-vous de dire cela ?

M. Christian Estrosi, ministre délégué. ... politique que certains, dans vos propres rangs, et non des moindres, ont qualifiée de politique de naïveté, je vous rappelle qu'elle a eu pour conséquence une montée de la délinquance entre 1997 et 2002 de 14,5 %.

M. Christian Demuynck. Très bien !

M. David Assouline. Parlez plutôt de ce que vous faites !

M. Didier Boulaud. Parlez pour vous !

M. Christian Estrosi, ministre délégué. Depuis 2002, sous l'impulsion de deux ministres de l'intérieur, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, cette délinquance a en revanche baissé de 8,8 %. Voilà la réalité des chiffres ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Didier Boulaud. Mensonges ! Ce sont des mensonges !

M. Jacques Mahéas. Les chiffres sont truqués, tout le monde le sait !

M. Didier Boulaud. Les gens ne vous croient plus !

M. Christian Estrosi, ministre délégué. Vous m'interpellez sur des actions qui ne devraient souffrir aucune polémique, puisqu'elles sont consécutives à des actes d'agressions inqualifiables qui ont eu lieu à l'égard de policiers, tant aux Tarterêts qu'aux Mureaux.

Je veux vous dire, monsieur le sénateur, que vous devriez à cette occasion témoigner plus de respect (Vives protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC)...

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Attention, monsieur le ministre délégué !

M. Didier Boulaud. Mais qu'est-ce que c'est que ce ton ?

M. Christian Estrosi, ministre délégué....et manifester votre soutien à des femmes et à des hommes engagés au service de la sécurité des personnes et des biens, qui ont fait un choix de métier et un choix d'engagement pour protéger celles et ceux qui, aujourd'hui, sont victimes.

M. Didier Boulaud. Répondez donc à la question !

M. Christian Estrosi, ministre délégué. Je vous rappelle que nous avions passé le cap des quatre millions de victimes en 2001.

M. Didier Boulaud. Ce n'est pas vrai !

M. Christian Estrosi, ministre délégué. Depuis 2002, nous avons évité à notre pays, par notre politique, un million de victimes. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Scandaleux !

M. Didier Boulaud. Que de mensonges !

M. Christian Estrosi, ministre délégué. Alors, oui, monsieur le sénateur, les Français sauront faire la différence, au moment où nous devons veiller à un meilleur fonctionnement de l'action pénale et de la chaîne pénale, ...

M. Didier Boulaud. Allez dans les commissariats, vous verrez !

M. Christian Estrosi, ministre délégué. ... entre ce policier des Tarterêts, martyr au visage tuméfié, et ces multirécidivistes qui rentrent en faisant le « V » de la victoire dans leur cité ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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