Question de Mme SCHILLINGER Patricia (Haut-Rhin - SOC) publiée le 02/08/2007

Mme Patricia Schillinger attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche concernant la présence de la chrysomèle du maïs dans le département du Haut-Rhin. La chrysomèle des racines du maïs est originaire d'Amérique centrale et a progressivement envahi l'Amérique du Nord, où elle est devenue la principale ennemie du maïs. L'insecte a été repéré pour la première fois en Europe en 1992, près de l'aéroport international de Belgrade, puis s'est répandu dans les pays voisins, jusqu'en France près des aéroports parisiens de Roissy et Orly. Pour la première fois en 2003 des chrysomèles ont été aperçues dans le sud du Haut-Rhin, et sont réapparus en 2007. L'une des causes de leur présence en Alsace est due à la proximité de l'EuroAirport. En effet, les transports aériens, via les aéroports, sont vecteurs de propagation. Opposés aux traitements insecticides ainsi qu'à la monoculture du maïs, les associations de protection de la nature demandent depuis longtemps des mesures agricoles de prévention autour des aéroports. Par conséquent, elle lui demande s'il envisage de prendre des mesures de prévention, par exemple réaliser des études avant de mettre en place la culture du maïs autour des aéroports.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la pêche publiée le 20/09/2007

Le processus d'invasion d'un organisme nuisible se décompose en trois étapes : l'introduction sensu stricto sur le territoire considéré, l'établissement de populations viables (c'est-à-dire la formation de foyers) et enfin la propagation de l'organisme nuisible à partir des foyers existants (qu'ils aient ou non été repérés). À chacune de ces étapes, le risque peut être évalué indépendamment. Le risque d'introduction de la chrysomèle des racines du maïs sur le territoire français métropolitain peut être appréhendé à l'aide des connaissances acquises en Amérique du Nord et sur les foyers apparus en Europe depuis 1992. Plusieurs voies d'introduction sont à explorer : la dissémination naturelle de l'insecte depuis des foyers présents, par exemple, en Italie du Nord ou en Suisse, l'introduction d'adultes profitant de liaisons aériennes ou terrestres (avions, camions ou trains) et l'introduction de larves présentes dans de la terre « contaminée ». Il semble donc important de repérer les foyers présents dans les pays voisins, ainsi que les lieux possibles d'introduction directe aéroports, aérodromes, héliports, autoroutes, etc. Différents niveaux de risque doivent être considérés en fonction de l'importance de ces infrastructures. Le risque d'établissement ou d'installation dépend de la biologie de l'insecte. Cet insecte pond presque exclusivement dans des cultures de maïs et la larve ne peut se développer qu'à proximité de racines de maïs. Le risque d'établissement de populations est ainsi maximal dans les zones de monoculture de maïs, important dans les parcelles emblavées en maïs deux années consécutives et minimal dans les autres cas. Les éléments précédents ont conduit la Commission européenne à modifier la décision 2003/766/CE relative à des mesures d'urgence visant à prévenir la propagation dans la Communauté européenne de Diabrotica virgifera Le Conte par la décision 2006/564/CE. Cette dernière intègre le risque « aéroport » et prévoit notamment que « dans les champs de maïs situés dans une zone d'au moins 2 500 mètres autour des pistes et de toutes les autres aires de déplacement des avions des aéroports où, selon les données disponibles, le risque d'introduction de l'organisme est élevé, les mesures suivantes sont adoptées : il est mis en place un assolement ne permettant la culture du maïs qu'une fois sur une période de deux années consécutives ou la présence de l'organisme est contrôlée de manière intensive à l'aide de pièges à phéromones sexuelles appropriés et, si l'organisme est détecté, des mesures sont prises conformément aux articles 3 et 4 ». En 2007, la décision communautaire a été mise en oeuvre sur le territoire français métropolitain grâce à un renforcement de la surveillance autour des aéroports présentant un risque significatif, soit les aéroports civils ayant une activité de transit international importante (500 sites) et militaires (98 sites) qui sont situés dans des zones de prévalence de la monoculture de maïs. Une analyse de risque réalisée par les services du ministère de l'agriculture et de la pêche a permis d'établir des priorités. Parallèlement, une concertation avec les différents acteurs impliqués est actuellement en cours sur les conditions de la mise en place d'un assolement ne permettant la culture du maïs qu'une fois sur une période de deux années consécutives dans une zone d'au moins 2 500 mètres autour des aéroports où le risque est le plus important. Il convient cependant de noter que la présence de maïs autour de ces aéroports est un facteur favorable dans le cadre de la lutte contre Diabrotica virgifera virgifera. En effet à la sortie de l'avion, la chrysomèle part dans une direction aléatoire et s'arrête dès le premier champ de maïs. Si elle ne trouvait pas de quoi se nourrir dans les environs immédiats, elle parcourrait une plus grande distance pour subvenir à ses besoins. Cela aurait pour conséquence une plus grande dissémination sur le territoire.

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