Question de Mme DEMONTÈS Christiane (Rhône - SOC) publiée le 06/03/2008

Mme Christiane Demontès attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et européennes sur le conflit qui embrase actuellement le nord du Niger. En effet, il oppose les forces armées gouvernementales aux tenants du Mouvement des Nigériens pour la Justice ( MNJ). Ces affrontements ont occasionné plusieurs dizaines de morts. Des ONG telles qu'Amnesty International ou Human Right Watch ont dénoncé un "nombre croissant d'exécutions extrajudiciaires de civils par l'armée" et demandé aux autorités et aux rebelles de respecter les civils. Ces derniers ne peuvent plus se déplacer librement. Certains sont obligés de migrer pour fuir les exactions, ce qui occasionne la fragilisation économique des familles et des territoires qui les accueillent. Malheureusement, ce conflit semble se radicaliser. Ainsi, le 25 février dernier, le Président nigérien a prorogé la période de "mise en garde" qui permet d'accroître les pouvoirs de l'armée pendant trois mois.
Face à ce drame, et compte tenu des liens avec la France et de son rôle dans la signature des accords de 1995, elle lui demande quelles mesures il entend prendre rapidement sur l'échiquier international, mais également dans le cadre des relations bilatérales que notre pays entretient avec le Niger, pour que des négociations puissent rapidement se tenir et qu'une solution pacifique à ce conflit soit enfin trouvée.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 07/08/2008

Le gouvernement nigérien est confronté depuis février 2007 à un mouvement de rébellion, le Mouvement nigérien pour la justice (MNJ) qui a pris les armes dans le Nord du pays, revendiquant, notamment, une meilleure répartition des richesses. Pour y faire face, le président Tandja a fait le choix, jusqu'à présent, d'un traitement sécuritaire du problème, considérant le MNJ comme une bande armée. Pour autant, le MNJ a réussi à étendre la zone de conflit au-delà de l'Aïr (attaque des 16 et 17 mars à Bani-Bangou, près de la frontière du Mali). La scission d'une partie des cadres du Mouvement des Nigériens pour la justice a abouti fin mai à la création d'un nouveau mouvement, le Front des forces du redressement (FFR). À ce jour, la situation demeure très tendue, comme en témoigne la récente victoire des forces armées nigériennes, le 27 juin, à Tarzazait, au nord du massif de l'Aïr. La France a condamné les atteintes qui ont pu être portées aux droits de l'homme par les deux parties. Nous avons également régulièrement dénoncé l'usage des mines anti-véhicules. Nous nous attachons à souligner auprès de nos partenaires nigériens la nécessité d'une réconciliation en marquant que la violence n'est pas un moyen de règlement des conflits dans un pays où les règles de la démocratie sont respectées. Nous encourageons la recherche d'une solution politique au conflit. La France, premier partenaire bilatéral du Niger, poursuit par ailleurs son action en faveur du développement de ce pays. Nous avons ainsi signé en 2006 un document cadre de partenariat, doté d'un montant de 234,2 millions d'euros sur la période 2006-2010, qui permet de concentrer notre effort de coopération sur les secteurs de l'éducation, de la santé, ainsi que de l'eau et de l'assainissement. Nous intervenons par ailleurs dans les domaines du renforcement des capacités de l'État et de la décentralisation, de l'enseignement supérieur et de la recherche, et de la promotion de la diversité culturelle dans le cadre de la francophonie. S'agissant de la décentralisation, nous menons depuis 2003 un Projet d'appui au démarrage de la décentralisation au Niger (PADDEN) doté d'une enveloppe pluriannuelle de 1 525 000 euros. Par ailleurs, compte tenu de la situation alimentaire actuelle, 3 millions d'euros d'aide alimentaire ont d'ores et déjà été alloués au Niger en 2008.

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