Question de M. CARRÈRE Jean-Louis (Landes - SOC) publiée le 12/06/2009

Question posée en séance publique le 11/06/2009

La parole est à M. Jean-Louis Carrère. (Exclamations amusées sur les travées de l'UMP.)

M. Jean-Louis Carrère. Ma question concerne la situation en Afghanistan.

M. Éric Doligé. La question ! (Sourires sur les travées de l'UMP.)

M. Jean-Louis Carrère. Mon cher collègue, si vous voulez la parole, je vous la laisse !

M. le président. Veuillez poursuivre, monsieur Carrère ! C'est moi qui préside !

M. Jean-Louis Carrère. J'ai été interrompu, monsieur le président !

La guerre en Afghanistan et, devrais-je ajouter, au Pakistan est en train de changer de nature. Les Américains doublent leurs effectifs et remplacent leurs chefs militaires. Ils changent également les chefs militaires de l'OTAN, et ce unilatéralement, sans concertation avec leurs alliés.

Cela m'amène à m'interroger sur les arguments qui ont été avancés pour justifier le retour de notre pays au sein du commandement militaire intégré de l'OTAN. À l'époque, vous étiez nombreux, dans la majorité, à chercher à nous rassurer en affirmant que nous codirigerions l'OTAN. Belle codirection : on a changé le chef militaire de l'OTAN en Afghanistan sans tenir compte de notre avis.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Normal !

M. Jean-Louis Carrère. Mais il y a plus grave. Malgré toutes les déclarations apaisantes, y compris celles du Président de la République, nous constatons avec préoccupation que le nombre de nos soldats engagés en Afghanistan augmente.

Ainsi, 150 gendarmes ont été envoyés sur place pour former la gendarmerie afghane. Mais peut-être estimez-vous, chers collègues de la majorité, que les gendarmes ne sont plus sous statut militaire et qu'ils ne doivent donc plus être comptabilisés en tant que soldats ? (Protestations sur les travées de l'UMP.)

M. Alain Gournac. Personne n'a dit cela !

M. Jean-Louis Carrère. J'avais effectivement cru comprendre le contraire ! (M. Alain Gournac rit.)

Par ailleurs, on envoie également du matériel supplémentaire en Afghanistan, notamment des hélicoptères Tigre et Cougar, ainsi que des drones. La mise en œuvre et la maintenance de tous ces équipements requièrent d'ailleurs un personnel nombreux.

Ce constat m'amène à poser les quelques questions suivantes au Gouvernement.

Nonobstant tous les engagements pris de ne pas accroître notre contingent, quel est le nombre réel de militaires français présents dans cette zone et dans l'océan Indien ? Quel sera ce nombre à l'été ? A-t-il augmenté ou non ? Dans l'affirmative, n'aurait-il pas été séant et nécessaire d'en informer la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, voire le Parlement dans son ensemble ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG. – M. Jean-Pierre Chevènement applaudit également.)


Réponse du M. le secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants publiée le 12/06/2009

Réponse apportée en séance publique le 11/06/2009

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants. Monsieur le sénateur, je vous précise d'abord que nous sommes parfaitement associés aux décisions du commandement militaire intégré de l'OTAN.

M. Didier Boulaud. Ce n'est pas vrai !

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. Nous allons d'ailleurs très prochainement exercer des commandements importants, ce qui est bien la marque de cet état d'esprit. (Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

M. Didier Boulaud. Ce n'est pas vrai ! Le général Mac Kiernan a été relevé de son commandement et nous n'avons pas été consultés !

M. le président. Monsieur Boulaud, seul M. le secrétaire d'État a la parole !

M. Didier Boulaud. Alors qu'il arrête de dire n'importe quoi !

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. En ce qui concerne l'Afghanistan, la mission d'assurer la sécurité dans la région de Kaboul est désormais confiée à l'armée afghane. Cette « afghanisation », à laquelle la France a été largement associée et dont certains membres de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat ont pu constater la réalité sur le terrain, nous permet à présent de nous redéployer dans un autre secteur, en l'occurrence la région Est, homogène, où seront regroupées nos unités de combat terrestres, placées d'ailleurs sous commandement local français.

M. Jean-Louis Carrère. Je ne vous ai pas interrogé sur nos unités ! Je vous ai demandé combien il y avait de militaires français sur place !

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. Dans ce secteur, nous pourrons également, et c'est notre priorité, articuler notre action militaire et notre action civile.

M. Jean-Louis Carrère. Combien y a-t-il de militaires français en Afghanistan ?

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. En effet, même si vous n'avez pas abordé ce point, il importe d'évoquer le développement économique de l'Afghanistan et les efforts réalisés en matière de gouvernance.

M. Jean-Louis Carrère. Combien de militaires français ?

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. Je vais vous répondre,…

M. Jean-Louis Carrère. Précisément !

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. … mais il s'agit là de questions de fond,…

M. Jean-Louis Carrère. Non ! Vous êtes perdu ! Vous êtes dans le maquis !

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. … qui intéressent nos concitoyens. La sécurisation militaire de l'Afghanistan est une condition de son développement. Nous œuvrons en faveur de celui-ci. D'ailleurs, notre budget consacré au développement va plus que doubler d'une année sur l'autre.

En ce qui concerne les 150 gendarmes que vous avez évoqués, ils ont été envoyés en Afghanistan afin d'y former les forces de sécurité afghanes, qui pour l'heure ne suffisent pas à la tâche. D'autres pays européens contribuent à cet effort de formation.

M. Jean-Louis Carrère. Combien de militaires ? Quels effectifs ?

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. C'est un point extrêmement important en vue d'un retour durable à la paix, à la sécurité et au développement dans cette région.

M. René-Pierre Signé. Et quel est le nombre de combattants ?

M. Didier Boulaud. Combien ?

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. Vous avez également fait référence à l'envoi de matériels. Il s'agit en fait d'une substitution : nous expédions effectivement des hélicoptères, mais ils remplaceront d'autres équipements dont l'utilité opérationnelle est devenue moindre.

M. René-Pierre Signé. Il ne répond pas à la question !

M. Jean-Louis Carrère. C'est long !

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. L'adaptation de notre dispositif militaire s'effectuera à effectifs constants.

M. Didier Boulaud. Ce n'est pas vrai !

M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. C'est la vérité, monsieur le sénateur, quoi que vous puissiez dire ! Cette adaptation s'inscrit dans la continuité de ce qui avait été annoncé au Parlement le 22 septembre dernier. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. René-Pierre Signé. Cela ne convainc personne !

M. Alain Gournac. C'est la vérité !

M. Didier Boulaud. On ne nous dit pas la vérité ! Le Parlement est bafoué !

- page 5996

Page mise à jour le