Question de M. POINTEREAU Rémy (Cher - UMP) publiée le 26/06/2009

Question posée en séance publique le 25/06/2009

La parole est à M. Rémy Pointereau. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Rémy Pointereau. Ma question s'adresse à M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes.

M. René-Pierre Signé. Ministre étranger aux affaires !

M. Rémy Pointereau. Le 12 juin dernier, le peuple iranien s'est rendu aux urnes pour élire le nouveau Président de la République. L'annonce de la victoire du président sortant et actuel maire de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad, a provoqué de très fortes réactions et de très nombreuses manifestations.

La réponse des autorités, par la répression, a soulevé l'indignation au sein de la communauté internationale.

M. Didier Boulaud. Et la Birmanie ?

M. Rémy Pointereau. Depuis le 13 juin, les manifestants subissent arrestations sommaires, violences physiques, et comptent les civils sacrifiés.

Nous nous élevons contre de telles violences et ce déni de démocratie, mais la gravité des événements et leurs conséquences sur la scène internationale nous invitent nécessairement à la prudence.

Aussi tragiques que puissent être ces événements, qui marqueront irrémédiablement l'histoire de ce pays, nous devons nous garder de toute stigmatisation qui, in fine, conduirait à l'isolement diplomatique du régime. Nous devons également éviter de donner à ce régime des arguments qui le renforceraient dans son appréhension anti-occidentale, d'autant que sa volonté de puissance nucléaire menace la paix internationale.

Cependant, nous ne pouvons pas assister à cette négation des droits de l'homme sans réagir.

M. René-Pierre Signé. Question téléphonée !

M. Rémy Pointereau. Comment pouvons-nous imaginer que des observateurs internationaux puissent vérifier la régularité des élections et des résultats des scrutins, alors même que certains des diplomates étrangers doivent quitter le pays ?

Monsieur le ministre, entre ingérence et inaction, quelle position la France peut-elle adopter afin de témoigner son soutien au peuple iranien ?

Enfin, quelle sera la marge de manœuvre diplomatique de la France auprès des autres pays présents lors de la prochaine réunion du G8 ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)


Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 26/06/2009

Réponse apportée en séance publique le 25/06/2009

M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes. Monsieur le sénateur, entre ingérence et inaction, la marge est étroite. Que voulez-vous que nous fassions ?

M. Didier Boulaud. De la realpolitik !

M. René-Pierre Signé. On entre dans la subtilité !

M. Bernard Kouchner, ministre. Que n'avons-nous pas fait ?

Au départ, nous avons été les plus fermes. Nous avons été rejoints, depuis, par toutes les diplomaties, qui ont condamné cette répression avec la plus grande fermeté.

M. Didier Boulaud. Le monde a bien changé !

M. Bernard Kouchner, ministre. Il est évident que, pour le moment, nous n'envisageons en aucun cas de rompre les relations diplomatiques, à moins que des provocations à l'égard de nos diplomates ne nous y contraignent, ou que nous n'y soyons amenés pour manifester notre solidarité.

Nous surveillons la situation presque heure par heure. Deux diplomates anglais viennent d'être expulsés. Nous ne saurions rester sans réagir. Les vingt-sept pays de l'Union européenne condamneront unanimement ce type de comportement, et manifesteront leur solidarité active au peuple iranien.

M. Didier Boulaud. C'est vous qui parliez de faire la guerre il y a deux ans !

M. Bernard Kouchner, ministre. Entre ingérence et inaction, il est très difficile de trouver une ligne médiane ! À moins, monsieur Boulaud, qu'au lieu de vous contenter de dire « et la Birmanie ? », vous n'ayez des solutions à nous proposer ! S'agissant de la Birmanie, nous avons été au moins aussi fermes que pour l'Iran !

M. Didier Boulaud. Il y a deux ans, c'est vous qui parliez de faire la guerre !

M. Bernard Kouchner, ministre. Nous avons été les plus fermes des diplomaties du monde ! (M. René-Pierre Signé et M. Didier Boulaud s'exclament.) Je n'accepte pas qu'on le conteste. Reportez-vous aux faits ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Entre l'inaction – qui n'est pas un mot péjoratif dans ma bouche – et l'ingérence, parfois nécessaire, nous nous tenons sur la crête.

M. Didier Boulaud. Pour être sur la crête, vous y êtes !

M. Bernard Kouchner, ministre. Nous sommes très attentifs et nous ne nous laisserons pas faire.

N'oublions pas que la menace ne pèse pas seulement sur les droits de l'homme : il y a aussi le problème du nucléaire militaire ; les Iraniens refusent de répondre aux questions de l'Agence internationale.

Nous devons donc être mesurés, mais très vigilants. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Didier Boulaud. Relisez votre discours d'il y a deux ans !

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