Question de M. FOURCADE Jean-Pierre (Hauts-de-Seine - UMP) publiée le 17/07/2009

Question posée en séance publique le 16/07/2009

Ma question s'adresse à Mme le ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi.

Madame le ministre, au moment où vous recevez à Paris le secrétaire américain au Trésor, nous apprenons la remontée des cours de bourse de certaines banques américaines et la publication de résultats supérieurs aux attentes.

D'un côté, nous ne pouvons que nous réjouir de l'amélioration de la situation du secteur financier aux États-Unis et en Europe. Le Président de la République et le Gouvernement ont agi avec rapidité et efficacité, au plan tant national et européen que mondial, afin de sauver certains établissements financiers, rassurer les épargnants et, surtout, soutenir le financement de l'activité des entreprises.

De l'autre côté, nous sommes en droit de nous interroger sur les bénéfices et les bonus importants annoncés cette semaine par certaines grandes banques d'investissement américaines, ...

M. Alain Gournac. Eh oui !

M. Jean-Pierre Fourcade. ... celles-là mêmes qui sont largement responsables de la crise financière dont l'économie mondiale n'a pas fini de payer la facture économique et sociale.

M. Daniel Raoul. En effet !

M. Jean-Pierre Fourcade. La France a su imposer des conditions et des règles claires en matière de soutien de l'État et de rémunération des dirigeants. Elle plaide par ailleurs, au niveau européen comme devant le G20, en faveur d'un renforcement de la régulation du secteur financier.

Comment faire en sorte que les règles et les pratiques du secteur financier soient mieux harmonisées entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et la zone euro ? Comment renforcer la régulation et améliorer la gouvernance, au plan européen comme au plan mondial ?

Vos conversations avec nos alliés américains vous permettent-elles de penser, madame le ministre, que le bon sens va enfin triompher des mauvaises habitudes ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)


Réponse du Ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi publiée le 17/07/2009

Réponse apportée en séance publique le 16/07/2009

Voir le compte rendu de la séance.

Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi. Comme vous l'avez dit, monsieur le sénateur, M. le Premier ministre a reçu ce matin M. Timothy Geithner, secrétaire au Trésor des États-Unis, qui a ensuite participé à une réunion technique dans mes bureaux.

La tentation est très grande, pour les acteurs du secteur bancaire, de revenir à leurs vieilles habitudes, et vous avez raison de vous en émouvoir. Nous devons bien entendu lutter contre ces tentations.

Lors de la réunion du G20 à Washington, le 15 novembre dernier, des principes avaient été établis. Puis, le 2 avril, lors de la réunion du G20 à Londres, des décisions ont été prises, en particulier à la suite d'une initiative franco-allemande dont j'ai été le témoin privilégié.

Je peux vous assurer que nous avons réussi à convaincre les partenaires du G20 de l'utilité de toutes les mesures contracycliques, c'est-à-dire destinées à éviter l'accélération de la crise. Or on sait que les modes de rémunération, qui, conçus pour le court terme, sur la base de bonus garantis, ne prévoient aucun retour en cas de mauvaise performance, sont manifestement de nature à accélérer les phénomènes de crise.

Nous devons être très vigilants car la tentation naturelle est d'agir comme avant. Il nous faut donc nous en tenir aux principes arrêtés, aux décisions prises, et veiller à leur mise en œuvre.

Lors de la prochaine réunion du G20 à Pittsburgh, les 24 et 25 septembre, nous ferons un état des lieux des mesures qui auront été réellement engagées. Comme je l'ai évoqué ce matin avec Timothy Geithner, nous devons faire cause commune sur cette question.

J'ai été particulièrement satisfaite de constater que la Commission européenne avait proposé de modifier certaines directives relatives au capital des banques, notamment la directive dite « Capital Requirements Directive », afin de sanctionner les politiques de rémunération de nature à accélérer la crise dont nous avons été les témoins au cours des dernières semaines. La Commission a ainsi recommandé la mise en place de mécanismes de rémunération qui répondent de façon précise à nos exigences de mesure et de prise en compte de la performance, y compris jusqu'au remboursement des bonus, le cas échéant.

Croyez bien que nous serons extrêmement vigilants, monsieur le sénateur, sur la mise en œuvre de ces dispositifs. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste. - Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)

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