Question de M. ASSOULINE David (Paris - SOC) publiée le 17/07/2009

Question posée en séance publique le 16/07/2009

Ma question s'adresse à Frédéric Mitterrand, au tout nouveau ministre comme à l'homme de culture, à l'homme de toutes les cultures. J'attends avec plaisir une réponse sincère et non conventionnelle. (Exclamations sur les travées de l'UMP.)

Monsieur le ministre, vous qui n'aviez pas hésité, au mois d'octobre 2001, en votre qualité de président de la commission d'avance sur recettes du cinéma français, à apporter votre soutien à une grève au Centre national de la cinématographie, le CNC, comprenez-vous aujourd'hui les raisons qui ont poussé les salariés de RFI à cesser le travail pendant deux mois pour protester contre une restructuration d'une rare brutalité ? (Exclamations ironiques sur les travées de l'UMP.)

Après soixante jours d'interruptions régulières de l'antenne, le personnel de RFI n'a toujours pas été entendu et six programmes en langue étrangère – notamment en allemand et en polonais –, ainsi que 206 postes, soit 20 % de l'effectif de la radio, doivent toujours disparaître.

Mais, au-delà de RFI, serez-vous sensible, en tant qu'ancien directeur des programmes de ce formidable outil de promotion de la francophonie qu'est TV5 Monde, au sort que réserve la majorité à une autre voix essentielle de la France dans le monde, l'AFP, promise à la privatisation ?

Par ailleurs, vous qui dénonciez en 1990, dans un geste fort, en direct, devant huit millions de téléspectateurs, la paupérisation du service public, laisserez-vous résorber les 50 millions d'euros de déficit qu'aura accumulés France Télévisions en 2010 par la suppression de 500 emplois sur les 900 départs à la retraite prévus d'ici à 2012 ?

Vous qui avez quitté TF1 avec fracas en 1988, en affirmant, avec des mots d'une rare violence – mais l'époque a changé ! – « ils n'aiment ni les noirs, ni les Arabes, ni les pédés, ni les gens de gauche. Autant dire que je n'avais pas beaucoup d'avenir », aujourd'hui, en votre qualité de ministre, vous engagez-vous à agir pour que le service public reste au moins un lieu où la diversité et l'indépendance soient garanties et pas celui où l'on aime d'abord et toujours le président Sarkozy ? (Protestations sur les travées de l'UMP.)

M. Dominique Braye. Provocation !

M. David Assouline. Allez-vous fermer les yeux devant la véritable catastrophe démocratique…

M. Dominique Braye. La question !

M. David Assouline. … que constitue la mise sous tutelle politique de notre télévision, illustrée par la scandaleuse et complaisante valorisation du Président de la République sur les antennes audiovisuelles les 13 et 14 juillet,…

M. Alain Gournac. Donneur de leçons !

M. David Assouline. … alors que l'opposition n'avait pas le droit à la parole ?

M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.

M. David Assouline. Agirez-vous pour garantir la pérennité des actuelles éditions locales de France 3, auxquelles les Français sont très attachés, comme l'indépendance des rédactions nationales des antennes de France Télévisions ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)


Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 17/07/2009

Réponse apportée en séance publique le 16/07/2009

Voir le compte rendu de la séance.

M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication. Monsieur Assouline, votre question, à épisodes, comporte un certain nombre de citations datant de ma « carrière » antérieure. Aujourd'hui, ce n'est pas tout à fait la même personne qui est devant vous ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.- Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)

M. Dominique Braye. Qui plus est des citations sorties de leur contexte !

M. Frédéric Mitterrand, ministre. De surcroît, ces citations sont effectivement en partie sorties de leur contexte.

Cependant, je suis très sensible à votre volonté de reconstituer un destin dans son intégralité. Vous savez à quel point de telles préoccupations me sont chères. (Sourires.)

Pour ce qui concerne RFI, la réforme en cours vise non pas à éteindre une chaîne à laquelle tous les Français se doivent d'être attachés, comme vous avez l'air de le soupçonner, mais, au contraire, à la redéployer. Certaines zones couvertes par RFI méritent ce redéploiement, notamment celles dans lesquelles sont en usage des langues vernaculaires comme l'haoussa ou le swahili, encore insuffisamment pratiquées. En revanche, RFI, par le biais de ses émissions en langue arabe, collabore désormais de manière beaucoup plus intensive avec France 24 et TV5 Monde.

Cette réforme entraîne évidemment une réduction des effectifs – vous avez évoqué la suppression de 206 emplois – qui se déroulera conformément à un plan que nous avons voulu le plus juste possible, comme nous le faisons toujours. Par ailleurs, 34 nouveaux emplois vont être dégagés de manière à faciliter l'adaptation de RFI au numérique.

En vérité, la chaîne RFI a été abandonnée pendant longtemps. Comme toujours en pareil cas, ce sont les salariés qui payent la facture.

M. Alain Gournac. Eh oui !

M. Dominique Braye. Les socialistes !

M. Frédéric Mitterrand, ministre. Pour ce qui concerne maintenant le service public, pour y avoir travaillé pendant très longtemps, j'en connais toutes les qualités et toute l'importance. Croyez bien que mon appui au service public est constant.

M. le président. Monsieur le ministre, il ne vous reste plus que quelques secondes pour conclure !

M. Frédéric Mitterrand, ministre. D'ailleurs, une réponse vous a été donnée hier soir, avec la diffusion en prime time, grâce à la suppression de la publicité, de l'opéra La Traviata, regardé par 1,2 million de téléspectateurs. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

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