Question de M. de MONTESQUIOU Aymeri (Gers - RDSE) publiée le 18/12/2009

Question posée en séance publique le 17/12/2009

M. Aymeri de Montesquiou. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche.

Monsieur le ministre, la baisse estimée du revenu des agriculteurs en 2009 atteint 34 %, succédant à celle de 20 % qui a été constatée en 2008. On comprend leur révolte ! Quel salarié, quelle entreprise peut survivre à une telle baisse ? Leur revenu annuel moyen est de 14 500 euros, ce qui indique une réalité bien pire pour beaucoup d'exploitations. On assiste à un retour en arrière de près de quarante ans !

Certes, vous n'êtes pas sourd à leur détresse.

Ainsi, vous avez mobilisé 1,6 milliard d'euros pour le plan d'urgence. Mais que représente cette somme pour chaque exploitation ? Bien peu !

La création du ministère « de l'espace rural et de l'aménagement du territoire » montre aussi l'importance accordée au monde agricole ; mais, sans paysans, ce ministère ne servira à rien !

Vous avez également su inverser le vent qui soufflait en Europe contre la politique agricole commune, la PAC ; désormais, vingt-deux États la soutiennent. La période de 2010 à 2012 sera vitale pour notre agriculture.

Enfin, le système assurantiel universel proposé sera aussi un moyen de péréquation et de solidarité. Rendez-le effectif !

Bien sûr, il faut agir sur le long terme, et vous défendrez prochainement un projet de loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche. Dans ce cadre, des mesures fortes devront être mises en place, notamment pour un meilleur partage de la valeur ajoutée au sein des filières.

Mais, aujourd'hui, l'urgence est grande ! Depuis le mois de septembre, le groupe RDSE vous a régulièrement interpellé sur la situation dramatique des agriculteurs.

Monsieur le ministre, un sentiment d'injustice est profondément et durement ressenti par les agriculteurs. Il engendre la révolte. En cette période de fin d'année, habituellement propice aux vœux, quel triste Noël pour eux et leurs familles !

Un message d'espoir ne suffira pas : quelles mesures immédiates pouvez-vous annoncer aux agriculteurs de France ? (Applaudissements sur certaines travées du RDSE et sur les travées du groupe socialiste, ainsi que sur quelques travées du groupe UMP et de l'Union centriste.)


Réponse du Ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche publiée le 18/12/2009

Réponse apportée en séance publique le 17/12/2009

M. Bruno Le Maire, ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le sénateur, je partage entièrement votre appréciation. Les agriculteurs français sont dans une détresse profonde en raison de l'effondrement de leur revenu en 2009 : pour l'ensemble des filières, la chute est en moyenne de 30 % ; elle atteint 52 % pour la filière des fruits et légumes et 54 % pour celle du lait.

La réponse la plus immédiate, la plus importante pour les agriculteurs, consiste à soutenir leur trésorerie et à faire en sorte d'atténuer l'effet de cette baisse des revenus en agissant sur les intérêts d'emprunt et sur la prise en charge des cotisations à la Mutualité sociale agricole.

C'est ce que nous avons fait avec le plan de 1,6 milliard d'euros annoncé par le Président de la République ; c'est aussi ce que je fais en vérifiant tous les jours avec le médiateur, Nicolas Forissier, que chaque agriculteur trouve une solution à ses difficultés.

En outre, chaque fois que nous pouvons modifier ou améliorer certains points prévus dans le plan, nous le faisons. Je prendrai l'exemple du dispositif « agriculteurs en difficulté », qui, ainsi que l'ont voulu le Président de la République et le Premier ministre, est doté de 100 millions d'euros. Pour tenir compte des informations qui nous sont remontées du terrain, nous en avons assoupli les critères d'accès afin que plus d'agriculteurs puissent en bénéficier. Par ailleurs, nous allons mettre en place le report des annuités en fin de tableau d'amortissement des prêts, qui n'était pas prévu dans le dispositif initial mais que de nombreux agriculteurs réclament : cette disposition répond à une véritable urgence pour beaucoup d'entre eux.

Comme vous l'avez indiqué, monsieur le sénateur, au-delà de ces mesures, il faut des réponses structurelles, en particulier une meilleure répartition de la valeur ajoutée et des revenus plus élevés et plus stables pour les producteurs. Ces éléments seront pris en compte dans le projet de loi de modernisation : l'observatoire des prix et des marges sera renforcé afin de permettre une meilleure rémunération des producteurs ; des contrats écrits seront prévus entre industriels et producteurs, de sorte que ces derniers puissent prévoir leurs revenus des quatre ou cinq années suivantes ; d'autres dispositions permettront de stabiliser ces revenus.

Enfin, et vous l'avez également mentionné, la clef de tout, c'est la stabilisation des prix et la régulation du marché à l'échelle européenne. Nous avons renversé la tendance en lançant la semaine dernière l'appel de Paris, qui vise à défendre une PAC forte assurant la régulation des marchés et garantissant un revenu stable et décent pour les producteurs. Nous poursuivrons cette démarche l'année prochaine en prenant de nouvelles initiatives pour défendre cette PAC.

Tous les paysans de France veulent des prix, non des primes. C'est bien dans ce sens que nous allons continuer à progresser ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP. – M. de Montesquiou applaudit également.)

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